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JOURNAL DE PHYSIQUE.

DE PHYSIQUE, DE CITIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE

EATND ETS ART S: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; Par M. H.-M. DUCROTAY ne BLAINVILLE,

Docteur en Médecine de la Faculté de Paris, Professeur de Zoologie, d’Ana- tomie et de Physiologie comparées, à la Faculté des Sciences et à l'Ecole normale ; ex-Suppléant de M. Cuvier au Jardin du Roi etau Collége de France, Membre et Secrétaire de la Société Philomathique, Membre de la Société Vernérienne d'Edimbourg et de la Société d'Histoire naturelle de Dublin, etc.

JUILLET 4x 1818.

TOME LXXXVIL

À PARIS,

$CHEZ M“ COURCIER, IMPRIMEUR-LIBRAIPRE, rue du Jaydinet, quartier St.-André-des-Arcs.

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VIOL RNAE

D EBTEET SOU: Er DE CHIMIE ET D'HISTOIRE NATURELLE,

JUILLET an 1818.

SUITE DES OBSERVATIONS Sur la Famille naturelle des plantes appelées Composces;

Par ROBERT BROWN. TRADUITES DE L'ANGLOIS, ET ANNOTÉES

PAR HENRI CASSINI. Calea.

C: genre fut établi par Linné dans la édition de son Ge- nera Plantarum, il a donné le caractère naturel ; mais c’est dans la 12° édition du Systema Naturæ, section de la Poly- gamie égale, que l’on trouve, pour la première fois, le caractère essentiel suivant, conservé jusqu'aujourd'hui : Beceptaculum pa- leaceum, pappus pilosus, calix imbricatus.

Les espèces primitivement rapporlées au Calea, dans la se- conde édition du Species Plantarum, sont les C. Jamaicensis, op- positifolia et amellus, décrites sur les échantillons de l’herbier de la Jamaïque de Brown, que Linné avoit recu peu d'années auparavant, et qu'il avoit réuni à son propre herbier.

Linné avoit originairement rapporté ces trois plantes au San- tolina (Amcænit. acad., vol. V, pag. 404), ce qui me surprend moins que la réunion qu'il en a formée depuis pour faire son

“6 JOURNAL DE PUYSIQUE, DE CHIMIE

genre Calea ; en effet, selon lui, deux de ces plantes sont sans aigrelte, ce qui est une erreur à l'égard de l’une des deux, et du reste, elles s'accordent avec le caractère générique du San- tolina; la lroisième, que Brown avoit rapportée avec doute au même genre , est pourvue d'une aigrette, mais elle ressemble aux autres par ses feuilles opposées.

Cependant toutes ces plantes diffèrent tellement par le port de l'espèce originaire du genre Santolina, que Linné fut pro- bablement déterminé par cette considération , à les retirer de ce genre; et quoique le caractère tiré de l’aigrette ne convienne qu'au Calea Jamaicensis, il ÿ réunit les deux autres espèces, peut-être en considération du port. Remarquez que pas une de ces trois espèces primitives de Calea, ne s'accorde entièrement avec le caractère générique établi par Linné , et que réellement elles constituent trois genres tès-distincts, fondés sur des bases que Linné lui-même auroit admises, je crois. !

La première espèce (Calea Jamaicensis) est la seule qui semble S’accorder avec le caractère générique, parce qu'elle a une ai- grelte qui, vue légèrement et à l'œil nu, peut paroître simple- ment capillaire, mais qui soigneusement examinée, offre une structure très-différente , et presque particulière à ce genre. Je ne connois qu'un échantillon authentique de cette espèce, recu de Brown par Ehret, et qui se trouve maintenant dans l’herbier de sir Joseph Banks, Cet échantillon, quoiqu'incomplet, appar- üent évidemment à la même espèce que la Conyza fruticosa ciste odore, floribus pallidè purpureis, summitatibus ramulorum inst- dentibus de Sloane (ist. Jam., tome I, pag. 257, tab. 151, fig. 5), dont j'ai examiné les échantillons originaires irès-parfaits dans son herbier, conservé dans le Muséum britannique; et je me

. Suis assuré que son aigrette est de la même structure que celle du Calea cordifolia de Swartz, qui a été bien décrite par ce botaniste, tandis qu'il a décrit comme différente celle du C: Janaicensis (Flor. Ind. occid., vol. HT, pag. 1528). Ces deux plantes sont les seules espèces de ce genre qui soient publiées; on doit leur conserver le nom de Calea, et on peut leur assi- gner le caracière générique suivant. } PRET

Carr (Caleæ species, Linné.)Involuere imbriqué. Réceplacle paléacé. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. An- thères mutiques à la base. Stigmates aigus. Aïgrette paléacée, composée de rayons uninervés, marqués de stries pennées. Arbrisseaux de l'Amérique équinoxiale , pubescens, scabres. Feuilles opposées, indivises. Capitules en corymbe, ou termi-

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7

naux, axillaires. Involucre ovoide, à folioles nerveuses, obtuses. Réceptacle convexe, à paillettes distinctes analogues aux folioles de l’involucre. Corolles jaunes -rougeätres, selon Swartz, glabres, à lanières munies de deux nervures. Achène sub-cylindracé, ou obscurément anguleux, glabre ou pubescent, muni à la base d’une callosité un peu oblique. Aigretle persis- tante, blanche, brillante, à rayons disposés sur un seul rang, subulés, indivis, denticulés supérieurement.

Dans l’herbier de sir Joseph Banks, se trouvent deux plantes très-voisines des Culea, et qui n’en diffèrent que parce qu'elles ont un rayon de fleurettes femelles ligulées. Si l'on croit cette différence suflisante pour constituer un genre distinct, celui-ci peut-être nommé Caleacte. La première de ces plantes (C. ur- ticifolia), à feuilles presque ovales, aiguës, crénelées, trouvée par Houston près Véra-Crux, est le Solidago urticæfolia de Millér, qui paroît l'avoir cultivée. La seconde (C. pinnatifida), à feuilles profondément lobées ou pinnatifides, a été dernière- ment envoyce du Brésil par M. Sellow.

Tsocarpha,

La Calea oppositifolin, qui est la secônde espèce linnéenne de Calea, n’a que tres-peu d'ahinité avec la première. Elle pour- roit êtré rapportée au Samtolina, si l'on s’arrétoit au caractère technique de ce genre; mais elle en diffère tellement par d’autres points desa struclure, ainsi que par le port, qu’il ne peut y avoir de doute sur la nécessité de l’en séparer. C’est ce qu'on peut faire en la nommant /socarphe, et en la caractérisant comme il suit.

IsocanpnA. Réceptacle conique, muni de paillettes distinctes, semblables, dont les extérieures forment l’involucre. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. Anihères mutiques à la base. Stigmates surmontés d'un appendice allongé, hispidule , aigu. Achène prismatique, sans aigrette, Herbes de RE équinoxiale. Feuilles opposées, ou alternes, Imdivises. Capilules ovales, terminaux, ternés ou solitaires, Paiïllettes lancéolées. Corolles blanches. Anthères tronquées à la base.

J'ai tracé ainsi le caractère générique de l’/socarpha, afin d'y comprendre le Spilanthus atriplicifolius de Linné , qui, pourtant, diffère très-notablement du Calea oppositifolia par ses feuilles alternes et ses capitules solitaires, aussi bien que par la contex- ture et la forme de ses paillettes.

Je n’ai pu trouver, dans aucun des échantillons du Calea op- positifolia que j'ai examinés, l’aigrette décrite par Swartz (Obs.

& JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIÆ

Bot., pag. 302), et composée, selon lui, de trois ou quatre arêtes lres-pelites. Salmea.

La troisième espèce linnéenne de Calea, le Calea amellus ; est probablement la même plante que le Bidens scandens, décrit par Linné dans l’AÆortus chiffortianus, mais qu'il aura oublié, n'ayant pas l'échantillon dans sa collection. L’échantillon original de l'herbier de Clifford, appartenant aujourd’hui à sir Joseph Banks, est évidemment de la même espèce, et provient peut- être du même individu, qu'un autre échantillon de la collection de Miller, que M. Dryander a comparé avec le Calea amellus de l'herbier de Linné, et qu’il a trouvé semblable. Ainsi, le vrai synonyme du Calea amellus estle Bidens suffruticosus vi- zuneus, foliis oblongo-ovalis oppositis, floribus comosis de Brown (Jam., 517); tandis que Linné a cité l’Amellus ramosus, foliis remolis terminalibus, fulcris longis divaricatis du mème auteur, et en a même dérivé son nom spécifique. Cette dernière plante, au lieu d’être synonyme du Bidens scandens, doit être rapportée au Bidens nivea , ce que j'établis par les argumens suivans : 1°. la figure de l’£upatoriophalacrum scrophulariæ aquaticæ foliis oppositis de Burmann (T'hesaur. Zeylanic, tab. 42, pag. 95), cilée par Brown pour sa plante, représente bien le Bidens Ti vea, quoiqu’elle appartienne au Lavenia erecta, et diffère beau- coup e Bidens scandens ; 2. la description de Brown s'accorde très-bien sur la plupart des points avec le Bidens nivea, et nul- Jement avec le Bidèens scandens ; 3°. le Bidens nivea se trouvoit sans doute dans l’herbier de Brown, pairdne cette plante est comprise dans la Flora Jamaicensis publiée dans le volume des Amænilates academicæ, et dont cet herbier a fourni les prin- Cipaux matériaux. Cependant j'observe que, dans cette Flore, on a lrès-faussement rapporté à celte espèce, la première San- toline de Brown, qui, d’après sa description, sembleroit en effet pouvoir appartenir au Bidens nipea, mais qui est probablement le Verbesina gigantea. |

M. Decandolle a dernièrement établi le nouveau genre Sal- mea, Composé des Bidens scandens et hirsuta, et d’une troisième espèce que je n'ai point examinée. Cet excellent botaniste a très- justement retiré ces plantes du Bidens, et les a bien distinguées de ce genre, ainsi que du Melananthera. Cependant je m’étonne qu'il n'ait pas cru plus nécessaire de comparer le Salmea avec le SR. dont, suivant sa descripüon, il ne différeroit que

par

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 9

par l’involucre imbriqué. Mais, comme dans le Spilanthus, les folioles de l'involucre ne sont pas lout-a-fait égales, et sont dis- posées au moins sur. deux rangs, j'ai introduit, quelques distinc- tions additionnelles dans le caractère du nouveau genre.

Sarmra. (Decandolle, Cat. Hort. Monspel., pag. 140.) Tavo- lucre imbriqué. Réceptacie conique, pourvu de- paillettes per- sistantes. Fleurons tubuleux, uniformes , hermaphrodites,, quin- quéfides. Arthères sagittées. Achène comprimé verlicalement, mur de deux arêtes. persistantes ; laplères ou, ailées,,— Arbris- seaux de l'Amérique équinoxiale, le plus souvent décombens. Feuilles opposées , indivises. Inflorescence terminale, subpani- culée, ou corymbée. Corolles blanches. Paillettes du réceptacle persistant après la chute des péricarpes. a

‘J'ai examiné, dans Fherbier de sir Joseph Banks, des échan- üllons de trois espèces de ce genre; qui diffèrent entre elles par. plusieurs caractères très-remarquables. 7

1°. Salmea scandens. (Decand.) Arètes égales, dépourvues de bordure membraneuse; stigmates notablement élargis, lingai- formes, obtus, non hispides, obscurément papillés, dénués d’ap- pendice terminal; style épaissi à la base en un bulbe hémisphé- rique tronqué. par don AE

2°. S. hirsuta. (Decand-) Arêtes,inégales; l’intérieure- plus grande, manifestement aiîlée; l’extérieure munie seulement d'un rebord étroit; stigmates aigus et étalés ; style. épaissi à la base en un bulbe ovale atténué inférieurement.

3°. S.2 curviflora. (Nob.) Elle diffère des deux précédentes par le tube de sa corolle, qui est notablement courbé en de- bors; l’arête intérieure est remplacée par une ‘aile large ‘et ob- tuse, dont le bord intériéur est droit et épaissi, et dont. le bord extérieur se prolonge inférieurement presque jusqu’à la base du péricarpe ; l’arête extérieure est ailée; outre ces deux arêtes , on observe ordinairement un ou deux pelils processus; les slig- mates sont roulés en dehors (VIH).

Baccharis.

!

Dans la 12° édition du Systema Naturæ, Linné a ajouté à son

genre Calea, une quatrième espèce, sous le nom de Calea sco= paria; il seroit difhcile d'en trouver le motif, car cette plante ne ressemble ni par sa fructification, ni par son port, à aucun des trois genres dont le Calea fat primitivement composé ; ainsi que je l'ai établi. Cette quatrième espèce, qu'il avoit. d'abord rapportée au Chrysocoma (Amæn. acad., vol. V, pag. 404; Syse, Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. B

(10 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

-Nat., éd. 10, vol. IF, pag. 1206), est reconnue maintenant pour dioïque. Browne, qui , le premier, l'a décrite et figurée, et dont j'ai examine l’un des échantillons; Linné, et même Swartz, à l'époque il a publié ses Observationes Botanicæ , n’ont connu que l'individu mâle, qu'ils ont tous néanmoins considéré comme hérmaphrodite: ‘IL n’est pas douteux que le genre Serzilus de Gœrtner se rapporte égalernent à l’individu mäle de cette es- -pèce ; quoiqu'il ait hasardé de décrire la couleur de l'embryon, trompé probablement paf la grandeur de l'ovaire Separ ER, et par la couleur de’sa’ surface interne (S#).

. Le professeur Swartz a donné depuis, des renseignemens plus salisfaisans sur le Calea scoparia, et V'a rapporté au Bac- charis (Flor. Ind. occid., vol. UT, pag. 1339), auquel il appartient invontestablement | én réduisant €e genre aux espèces dioïques d'Amérique , commé l'ont proposé Richard (Wich. Flor. Bor. Amer., vol. IT, pag. 125), et Jussieu (Ann. du Mus. d'Hist! rat., vol. VII, pag. 385). Cette limitation du genre Baccharis est très-bonne à adopter; il en résalte pourtant, qu'un nom de Dios- coride se trouve appliqué à une genre de plantes qui n'habitent que le nouveau continent. Malgré l'opinion contraire manifestée par M. de Jussieu , il y a des différences suüflisantes entre les ‘espèces de Baocharis, d’après lesquelles a été fait le caractère linnéen , ‘et le Conyza, en réduisant ce dernier genre à ses es- pèces primitives , les C. squarrosa et bifrons, et à un petit nombre d’autres ajoutées depuis; ces vrais Conyza diffèrent principale- ment des Znula, par l'extrême brièveté de leurs languettes (T').

Comme l’on n’a point encore donné jusqu'ici un caractère satisfaisant du Baccharis, tel qu'il est maintenant Hmité, je pro- pose Je suivant, qui servira à le distinguer des Graphalium ‘dioïques.

Baccnaris. (Richard, Mich. Amer., vol. II, pag. 125. Jussieu, Ann. du Mus. d'Hist. nat., vol. VH, pag. 385. Molina, Ruiz et Pavon, Prodr. Flor. Peruv., 3. Baccharidis species, Linn.) In- volucre imbriqué. Réceptacle nu. Fleurons tubuleux, dioiques. Les mâles ayant les anthères exsertes, mutiques à la base; les. stigmates terminés par un appendice aigu ,‘hispidule , et l’aigrette presque pénicillée. Les fenrelles filiformes , ayant l’aigrette ca- pillaire. Arbrisseaux de l'Amérique équinoxiale et tempérée. Fenilles alternes , rarement opposées, petites ‘ou nulles dans quelques espèces dont les rameaux sont alors pourvus d'ailes foliacées. Inflorescence terminale, quelquefois latérale, corymbée, ou fasciculée. Involuére ovoide ou oblong, composé d'écailles

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1

demi-scarieuses, à bord simple. Les mâles à aigrette cendrée. Les femelles à limbe petit, bi-tridenté, dépourvues d'étamines stériles; à aigrelte allongée (IX). -

Melananthera.

Willdenow, dans son édiuon du Species Plantarum, à con- servé les quatre espèces linnéefines de Calea, et en a ajouté quatre autres, dont pas une ne se rapporte à aucun des genres formés par les espèces primitives, mais qui consutuent quatre autres genres également distincls.

La première de ces espèces ajoutées au Calea est, en suivant l'ordre établi par Willdenow , le Calea aspera, qu'il a adopté d’après Jacquin, dont la description et la figure sont bonnes, quoiqu'il ait mal à propos rapporté cette plante au Calea.

C'est cette espèce-ci, et non, comme M. Richard l’a supposé, l'espèce voisine native de l'Amérique septentrionale, que Linné a primilivement désignée sous le nom de Bidens nivea; cela est démontré par l'échantillon de son herbier, par sa citation du, Ceratocephalus foliis cordatis s. triangularibus flore albo de Vaillant (Act. Paris. 1720, pag. 527), décrit sur un échantillon de l’herbier de Surian, et par la réunion qu'il fit ensuite à son espèce des deux plantes de Caroline, figurées dans l'Æortus el- thamensis, comme étant des variétés.

Le Calea aspera diffère beaucoup du Bidens, et a très-peu d’aflinité avec aucune des espèces originaires de Calea, surtout avec le C. J'amaicensis qui a fourni le caractère. Cependant, depuis

u'il a été publié dans l'ouvrage de Willdenow, il a été laissé A le genre Calea par la plupart des auteurs des. catalogues récens de jardins, tels que Desfontaines, Decandolle ,:et Aïton dans la seconde édition del’ Æortus Kewwensis; enfin Lamarck, dans ses Zllustrationes Generum, regardant sans doute cette plante comme le type du genre Calea, a copié la figure que Jacquin en avoit donnée.

1 n’est plus temps de revenir au nom d’Amellus, sous lequel Browne a le premier proposé cette plante comme genre distinct, ainsi que j'ai déjà entrepris de le prouver; car Linné a bientôt après donné ce nom générique à deux plantes très-différentes, dont l’une le conserve toujours; d’ailleurs la vraie plante de Browne a été jusqu'ici méconnue, ce qui doit en partie lui être imputé, parce qu'il a entièrement omis l'aigrette.qui est caduque.

Dès 1784, le Bidens nivea fut décrit par Von Rohr, comme geure distinct, sous le nom de Melanthera; et il l'a publié,

B 2

12 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

en 1792, dans le volume des Transactions de la Societe d'His- toire naturelle de Copenhague. Ce même genre a élé publié de nouveau, en 1803, par Richard, dans la Flora Boreali-Ame- ricana de Michaux, ïl est appelé Melananthera, et les deux espèces confondues par Linné dans son Bidens nivea, se trouvent distinguées pour la pgemière fois. Enfin Persoon , dans son Synopsis, a adopté ce genre, tel qu'il est nommé et dé- terminé dans l'ouvrage de Michaux.

Von Rohr et Richard n’ont donné que le caractère naturel du genre, et le caractère essentiel tracé par Persoon n’est pas tout-à-fait satisfaisant; c’est pourquoi je propose le suivant, en adoptant le nom de Melananthera comme plus généralement recu (U”).

MerananTuerA. (Richard, Mich. Amer., vol. I, pag. 106. Me- lanthera, Von Robhr, Kiobenh. Naturhist. Selskeb., pur 2 hefte x, pag. 215. Amellus, Brown, Jam. 317. Bidentis species, Linn. Caleæ species, Jacquin.) Involucre polyphylle, sur deux rangs presqu'égaux. Réceptacle convexe , muni de paillettes foliacées. Fleurons tubuleux, uniformes, hermaphrodites. Achène turbiné, anguleux, déprimé au sommet. Aïgrette de deux à dix-huit soies scabres, distinctes, tombantes. Herbes de F Amérique équinoxiale et tempérée, pubescentes, scabres. Feuilles opposées, indivises ou un peu lobées. Capitules terminaux, portés sur des

édoncules uniflores, alongés, ternés ou géminés. Involucre fo- Éecé, Réceptacle hémisphérique garni de païllettes presque sem- blables aux folioles de l’involuere. Corolles blanches. Anthères noirätres, pourvues au sommet d’appendices blancs, mutiques à la base ; exsértes peu après l'épanouissement de la corolle puis redevenant incluses par Feffet de la contraction des filets. Stigmates terminés par un appendice aïgu, hispidule, exserts après la rétraction du tube des anthères, puis redevenant presque inclus (X).

Von Rohr, dans son caractère naturel du #Welanthera, parle du nectaire, corps glandulaire, engaïnant la base du style; c’est la plus ancienne mention qui ail été faite, à ma con- noissance , de cet organe dans les Composées, sauf que Batsch, dans son Analysis florum publié en 1790, a décrit et figuré ce même organe dans le Coreopsis tripteris. Néanmoins, c’est à M. Cassini qu'appartient le mérite d'avoir reconnu l'existence, presque universelle de l'organe dont il s’agit, dans les fleu- rettes hermaphrodites de cette grande classe.

Von Robr et Richard, dans leurs caractères du Melanantheÿa.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 13

ont décrit les anthères comme étant plus courtes que la corolle, ce qui n’a lieu certainement que dans un état particulier de la fleur; aussitôt après son épanouissement, elles s'élèvent consi- déräblement, et redeviennent incluses dans un âge plus avancé. Ge fait avoit été remarqué par Jacquin (Collect. , tome IE, p. 291. Je. Rar., HI t., 583), qui attribue l'inclusion définitive des an- thères à l'alongement de la corolle. Mais l'accroissement réel de la corolle en longueur est très-foible , et insuflisant pour produire un tel effet, qui, selon moi, est à une contraction consi- dérahle et graduelle des filets. Cela n’est pas rare dans les Com- posées, et spécialement dans la tribu des Hélianthées, à laquelle appartient le Melananthera.

Dans le Mémoire de M. Cassini sur les Étamines des Com- posées , la rétraction des anthères n’est point expressément re- marquée. Pourtant cet effet peut difficilement avoir échappé à un aussi exact observateur; et son opinion sur la cause qui le produit pourroit peut-être s’induire d’une observation qu'il a faite sur les étamines des Hélianthées, tribu dans laquelle l'effet est le plus remarquable. Il dit que les filets, au-dessous de l’arti- culation , se flétrissent aussitôt après la fécondation (Journal de Physique, tome LXXVIIL, pag. 278). On peut supposer qu'il attribue le phénomène en question à ce flétrissement, qu’il ne dit point avoir lieu daus toute autre tribu (V).

Mais il me paroïl que la contraction ou le relächement des filets, qui survient après leur état primitif d'extension, est un acte vital, et non l'effet du flétrissement, qui néanmoins le suit de près. Cette contraction peut souvent être prévenue par la chute de la fleurette, lorsqu'elle a lieu, tandis que les filets sont encore dans leur élat d'extension; aussi, dans plusieurs genres de Composées, les anthères ne se retirent point, mais continuent à saillir en dehors , jusqu'a ce qu’elles tombent ayec la corolle. «

D'ailleurs, celte contraction est, analogue au mouvement plus manifeste, ou à l'irritabilité des filets, remarquée , il y a long- temps, dans certaines Cinarocéphales, par Borelli et Alexandre Camerarius ( Æphemerid. Aead. nat. Curios. Gent. IX et X, -pag. 194); et plus amplement décrite dans la même tribu, par Dal Cavolo (Discorso della irritabilüà d'alcuni fiori. Fi- renze, 1764); dont les observations ont été confirmées.et étendues à d’autres subdivisions des Composées par Koelreuter (fon Ei- nigen das Geschlechtder Planzen betref}enden versuchen, 3. Forisez. pag. 125). Une semblable contraction owirritabilité du style a

14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

été décrite depuis peu par M. Ker, dans certaines espèces d'Arc- totis (Bolanical Register, tome 1, pag. 34) (X).

Neurolæna.

La seconde espèce ajoutée par Willdenow au genre Calea ; est le C: lobata, que Linné avoit rapporté au Conyza, plutôt sans doute sur l’apparence extérieure, que d’après un examen réel de la plante dans l’herbier de Clifford; n’en ayant point d’échantillon dans son propre herbier, il a laissé subsister dans tous ses ouvrages la double erreur qu'il avoit commise, en rap- portant celte plante à la Polygamie superflue, et en lui attri- buant un réceptacle nu.

Le professeur Swartz est le premier qui ait indiqué sa vraie structure, et qui , en conséquence, l’ait rapportée au genre Calea, dont le caractère est exactement concordant. Ce changement fut adopté dans la 1* édition de l’Hortus Kewensis, le caractère générique du Calea est modifié de manière à ce que les espèces sans aigrelte puissent y être admises ; il le fut aussi par Gœrtner, qui réduit le genre Calea aux deux espèces lobata et Jamaicénsis, comme étant les seules qui s'accordent avec le caractère lin- néen. Mais comme j'ai démontré que le C.J'amaicensis, qui est l'espèce primitive du genre, a l’aigrette d’une nature très-dif- férente, il devient nécessaire de donner un nouveau nom au Calea lobata; je propose donc celui de Veurolæna, et le ca- ractère générique suivant, dans lequel j'ai introduit quelques additions nécessaires.

NeEurocæna. (Calea, Gœrtn.) Involucre imbriqué, foliacé. Ré- ceptacle paléacé, planiuscule. Feurons tubuleux, uniformes, her- maphrodites. Anthères incluses, mutiques et échancrées à la base. Stigmates aigus, recourbés. Aigrette capillaire, denticulée, persistante. Arbrisseau (Y) de l'Amérique équinoxiale, dressé. Feuilles alternes, indivises et lobées. Corymbe terminal, com-

osé. Involucre ovoide, à folioles obtuses, nerveuses. Pail- ettes du réceptacle presque semblables à l’involucre. Corolles jaunes (XI). Ozothamnus.

La troisième espèce ajoutée par Willdenow au genre Calea, est le Calea pinifolia, adoptée d’après le Florulæ Insularum Aus tralium cn EL de Forster.

L’échantillon de cette plante, dans l’herbier de Georges Forster, maintenant réuni à la grande collection de M. Lambert, est très=

ET D'HISTOIRE NATURELLE. W 15 imparfait; il est évident , néanmoins, qu'il appartient à la même espèce qu'un autre échantillon plus complet, mais innommé, recu de Forster par sir Joseph Banks, dans l'herbier duquel je l'ai examiné, et me suis assuré qu'il a le réceptacle nu, Ce ne peut donc pas être une espèce de Calea, et sans doute Forster ne Y'a rapportée à ce genre qu'à raison d'un certain degré de res- semblance avec son Calea leptophylla: D'après Ja structure de ses sligmates, de ses anthères el de son involucre, le Calea pi- nifolia appartient certainement à une tribu très-différente, et méme on auroit pu le rapporter au genre Gnraphalium, tel qu'il est maintenant établi. Mais ce grand genre mal défini, exige évidemment une réforme; et si l’on convient de nécessité de le subdiviser, on admettra aussi, je pense, qu'il faut res- treindre le nom de Graphalium à la section qui comprend les G. luteo-album, sylvaticunr et uliginosum, et qui a pour carac- tères un réceptacle nu, un involucre connivent au sommet et de même hauteur que le capitule qui est tronqué, et composé de nombreuses fleurettes femelles filiformes à la circonférence, avec un plus petit nombre de fleurettes hermaphrodites dans le disque ; les unes et les autres produisant des graines fertiles, et ayant une aigrette sessile, capillaire, tombante. :

Le Gnaphalium étant ainsi limité, on ne: peut y, rapporter le Calea pimifolia, arbrisseau à feuilles presque acéreuses, dont tous les fleurons , ou au moins la plupart, sont hermaphrodites, et dont l’aigrette persistante a ses rayons un peu épaissis dans le haut.

Il semble pourtant se rapprocher davantage de lAntennaria , genre séparé du Gnaphalium par Gœærtner , mais qui, tel qu'il l'a proposé, comprend trois tribus assez différentes par le port et la structure, pour autoriser à les séparer, et, ce qui est re- marquable , dont aucune ne s'accorde entièrement avec le ca- ractère générique tracé par Geærtner.

La première tribu est composée de plantes herbacées de l'Eu- rope et de l'Amérique septentrionale , à fleurons mäles et femelles séparés dans des involucres distincts et sur différens individus. On peut conserver à ce Ten le nom d’Antennaria (XI), quoi- qu'il n’exprime que la forme de l’aigrette des fleurs males. Ses espèces sont les Gnraphalium dioicum L., alpinum L., carpati- cum WValhenberg, plantagineum 1,:, et margaritaceum L:

La seconde tribu, composée des Graphalium leontopodium et leontopodioides, péèut être appelée Leontopodium; elle tient milieu entre l'Æntennariaietle Gnaphalium , te qu’il vient d’être

16 SOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE limité, mais elle se distingue de l’un et de l’autre par des ca= ractères suflisans.

La troisième tribu, qui n'a été trouvée que dans l'Afrique méridionale, est composée d’arbrisseaux à feuilles petites, roides , analogues à celles des Bruyères, ayant les bords courbés en dessus , la face süpérieure tomenteuse, l'inférieure convexe et presque glabre. Ces feuilles sont, dans la plupart des espèces, retournées sens dessus dessous, par l'effet d'une torsion remar- quable; caractère qui semble avoir été négligé dans toutes celles qu'on a décrites, savoir, les Gnaphalium muricatum, mucronatum et seriphioides (AA). Daus cette tribu, ou ce genre, qu’on peut nommer Metalasia, l'involucre est généralement cylindrique, et dans la plupart des espèces, pourvu d'un rayon court formé par les lames. colorées et étalées des écailles intérieures; les fleurons sont en petit nombre, et tous hérmaphrodites; les rayons de l’aigeette tombent séparément, et sont ou épaissis plus for- tement dentés au sommet.

Le Calea: pinifolia n'appartient pas même à ce genre;.quoi- qu'il ait un port presque semblable ; mais avec des feuilles dont les bords sont roulés en dessous, et dont la pubescence tomen- teuse occupe principalement la surface inférieure. Il s'accorde en ce point, comme dans les principaux caractères de la fruc- tification ; avec plusieurs arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande et de l’île de Van Diemen, au nombre desquels sont les Æupa- torium ferrugineum et rosmarinifolium, et le Chrysocoma cinerea de M. Labillardière. Dans les uns, les écailles intérieures de l'involucre sont simples, ce qui paroit avoir lieu dans le Calea pinifolia ; dans les:autres, elles forment un court rayon, comme dans les deux espèces rapportées à l'Eupatoire par M. Labillar- dière. Je suis porté à croire que loules ces espèces ne forment que deux sections d’un seul et même genre, que je nomme Ozo- thamnus, et que je distingue par le caractère suivant (BB).

Ozornamnus. Involucre imbriqué, scarieux, coloré. Récep- tacle sans paillettes, glabre. Fleurons au-dessous de vingt, tu- buleux, tous hermaphrodites, ou accompagnés à la circonfé- rence d’un très-petit nombre de fleurons femelles plus étroits. Anthères incluses, munies de deux soies à la base. Stigmates à sommet obtus, presque tronqué, hispidule. Aigrette sessile, pi- leuse, quelquefois. pénicillée, persistante. Arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande, de la Nouvelle-Zélande et de l'Afrique aus- trale ;lomenteux, ayant une odeur forte et désagréable. Feuilles éparsses, trés-entières, à! bords. le plus souvent recourbés, In-

florescence

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 17

florescence terminale, corymbée ou ramassée. Involucres blancs ou cendrés; à écailles intérieures tanidt conformes aux exle- rieures et conniventes , tantôt en lames étalées, blanches, for mant un rayon court, obtus. Corolles jaunes. Aigrette blanche.

Cussinia.

La quatrième espèce ajoutée au genre Calea par Willdenow, est le Calea leptophylla de Forster, dont j'ai examiné les échantil- lons dans l’herbier de MM. Lambert. Parmi les dessins de Forster, se trouve une figure coloriée de cette plante, qui nous apprend qu'il l'avoit dabord considérée comme appartenant au Gyapha- lium. Va ensuile retirée de ce geure, probablement après l'avoir vue rapportée au Culea, dans la collection de sir Joseph Banks, par qui cette plante avoit été découverte à la Nouvelle- Zélande, dans un meilleur ou au moins un plus bel état.

Quoique cette plante soit co#forme au genre Calea dans tous les points du caractère essentiel linnéen, elle en diffère notable- ment sous d’autres rapports presque aussi importans, aussi, bien que par le port; tandis que réunie à la Calea aculeata de M. La- billardière, et à plusieurs autres-espècés également indigènes de la Nouvelle-Hollande et de l'ile de Van Diemen, elle con- stitue avec elles un genre très-voisin de l'Ozsothamnus, et qui s'en distingue principalement par les paillettes de son récep- tacle (CC).

Je propose de nommer ce genre Cassinia, en l'honneur de M. Henri Cassini, dont les recherches bien dirigées sur les Composées ont déja jeté beaucoup de lumière sur la struc- ture et l'économie des parties les plus importantes de la fruc- tification de cette classe difficile, et spécialement des orgaues qui m'ont fourni les caractères distincufs du Cassinta.

J'ajouterai à la suite des caractères du genre, ceux des espèces qu'il comprend , et qui se distribuent en deux sections, comme dans POzothamnus; j'y ai réuni le Calea spectabilis de Labil- lardière, qui en effet s'accorde avec le caractère du genre, mais dont le port s'éloigne beaucoup de celui de toutes les autres espèces.

CassrwrA. (Caleæ species, Labillardière.) Involucre imbrique, scarieux , pauciflore. Réceptacle garni de paillettes distinctes , presque semblables aux écailles intérieures de l’involucre. Fleu- rons tubuleux, tous hermaphrodites, ou accompagnés à la cir- conférence de quelques femelles très-peu nombreux et plus étroits. Anthères incluses, munies de deux soies à la base. Stigmates

Tome LXXX VII. JUILLET an 1818. C

18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

à sommet obtus, presque tronqué, hispidule. Aigrette pileuse ou pénicillée, persistante. Arbrisseaux. Feuilles éparses, le “plus souvent étrécies, à bords recourhés. Inflorescence termi- nale, corymbée ‘ou plus rarement paniculée. Involucres blancs ou cendrés , rarement dorés, à écailles intérieures le plus sou- vent conniventes au sommet, quelquefois étalées et formant un -rayon court, obtus.

S L /nvolucre radié, les écailles intérieures étant étalées au sommet.

1°. Cassinia leptophy lla. Feuilleslinéaires-linguiformes, blanches en dessous, ainsi que les rameaux ; corymbes terminaux; In- volucres turbinés. (Calea leptophylla, Forst.; Prodr:, 287. Willd., Sp. PL, t. HI, p. 1706. Persoon, Sy2., t. IH, p- 406. Poiret, Encycl. Suppl, t I, p. 28.) Habite les champs sablon- neux de la Nouvelle-Zélande, près Tolaga, etc. (Banks); pres le détroit de la Reine Charlotte (J. R. ét G. Forster). Vue Sèche, dans les herbiers de Banks et de G. Forster.

S Il: /nvoluère connivent.

Espèces ligneuses.

2°. Cassinia denticulata. Feuilles ovales ou oblongues , aiguës, à petites dents spinuliformes , tomenteuses en dessous ; corymbes composés ; involucres hémisphériques. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, pres le port Jackson (David Burton). “Vue sèché dans l'herbier de Banks.

3°. Cassinia longifolia. Feuilles Jinéaires-lancéolées, alongées, lisses, lomenteuses en dessous; corymbes décomposés ; invo- lucres tuürbinés. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hollande, près le port Jackson, dans les buissons. Vue vivante.

°, Cassinia aurea. Feuilles linéaires -lancéo!ees,' alongées,

lisses, glanduleuses en dessous; corymbes décomposes; invo- lucres ovales, à écailles dorées au sommet. Habite la côte orien- tale de la Nouvelle-Hollande, près le port Jackson, dans les bois et les buissons. Vue vivante.

5°. Cassinia aculeata. Feuilles étroitement linéaires, à bords roulés, hispidules en dessus, blanches en dessous, ainsi que les rameaux ; Corymbes composés ou décomposés, entassés; invo- lucres turbinés. (Calea aculeata , Labill., Nov.-Holl., t. HE, p.41, t. 185. Persoon, Syn., t. Il, p. 406. Poiret, Encycl. Suppl.,

ET D'HISTOIRE NATURELLE: 19

t. Il, p. 28). Habite l'Ile de Van-Diemen, dans les buissons et sur le bord des rivières. Vue vivante.

6°. Cassinia aflinis. Feuilles linéaires-étrécies, à bords roulés, à face supérieure hispidule, à face inférieure de la même cou- leur que la supérieure; corymbes décomposés , entassés, invo- lucres turbinés. Habite la côte orientale de la Nouvelle-Hol- lande, près le port Jackson, dans les buissons (D. G. Caley). Vue sèche. À peiné distincte du C. aculeata.

7°. Cassinia lœvis. Feuilles très-étroitement linéaires , à bords roulés, lisses en dessus, blanches et tomenteuses en dessous, ainsi que les rameaux; corymbes composés ; involucrés entassés, cylindracés. Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande, dans les champs, vers la base des montagnes , près l'origine de la baie de Spencer. Vue vivante.

8. Cassinia arcuata. Feuilles très-étroitement linéaires , à bords roulés, lisses en dessus, blanches et tomenteuses en dessous, ainsi que les rameaux; panicule pyramidale; inyolueres cylin- dracés , arqués, disposés en épis. Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande, dans les champs élevés, près l'origine de la baie de Spencer. Vue vivante.

o°. Cassinia quinquefaria. Feuilles très: étroitement linéaires, glabres en dessus, ainsi que les rameaux ; panicule décomposée ; imvolucres turbinés, à écailles disposées sur cinq rangs longi- tudinaux. Habite la côte orientale de la Nouvelle- Hollande, près le port Jackson, dans les lieux montueux (D. G. Caley). Vue sèche.

Espèce herbacee.

10°. Cassinia spectabilis. Panicule décomposée, feuilles lan- céolées, décurrentés , laineuses en dessous, ainsi que les ra- meaux. (Calea spectabilis. Labill., Noy:-Holl.pt. IL, p: 42, t 180. Persoon, Syn., t. II, p.406. Poiret, Æncyel. Suppl, t. I; p. 28). Habite la côte méridionale de la Nouvelle-Hollande; je l'ai re- cueillie dans les bois et les buissons, près Mémory-Cove, le port Lincoln, etc. Découverte par M. Labillardière!dans l'ile de Van Diemen. Vue vivante. -I0nc

Depuis la publication du Species Plantarum de Willdenow ;, très-peu de changemens ont été faits dans le genre Oalea.

Persoon, dans son Synopsis, a exclu deux espèces : le Calea scoparia, que, d'après Swartz, il a renvoyé au Baccharis; ‘et le Calea aspera, dont il a fait, d'après Richard, une espèce de Melananthera. Lies ‘espèces ajoutées , dans’ ce même ouvrage,

C 2

20 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

au genre Calea, sont le C. cordifolia de Swartz, qui est un vrai Calea, comme je l'ai déjà remarqué ; les C, aculeata et spec- tabilis de Labillardière, qui appartiennent au genre Cassinia; enfin le C. cordata, adopté d'après Loureiro, et dont on ne connoîit rien que par la courte description qui se trouve dans la Flora Cochinchinensis; description qui est seulement suflisante pour rendre probable que cette plante n'appartient ni au Calex, tel que j'ai proposé de le circonscrire, ni à aucun des genres confondus avec lui jusqu’à présent.

Dans le supplément du Dictionnaire de Botanique de l'Ency- clopédie méthodique, MM. Poiret a conservé, lle Calea, toutes les espèces attribuées à ce genre dans le Synopsis de Persoon, et de plus le Caleaaspera, que, néanmoins , il a, dans un article subséquent, rapporté avec raison au Melananthera.

(La suite au Cahier prochain.)

NOTES DE L'AUTEUR.

(VIIL) Cette espèce de Salmea ressemble, par le caractère remarquable de ses fleureltes recourbées, aussi bien que par quelques autres, au Spt/anthus arboreus de Georges Forster (Com- ment. Gotting., tome IX, pag. 66), dont il forma d’abord son genre Laxmannia, en prenant le nectaire ou la glande épigyne pour un ovaire supère; l'ovaire véritable, quoiqu'imparfait, muni de ses deux arêtes, pour un périanthe bidenté , et rapportant ce genre ainsi faussement caractérisé à la Polygamie séparée.

Lorsqu'il corrigea ces erreurs , et qu’il rapporta son Laxæmannia au Spilanthus , ne s’apercut pas qu’il n’avoit sous les yeux qu'une plante hermaphrodite imparfaite, ou màle.

Je me suis assuré que le Spilanthus arboreus est vraiment dioïque, par l'examen des nombreux échantillons que sir Joseph Banks à recueillis dans l’île de Sainte-Hélène, oucette espèce forme un petit arbre appelé dans le pays White-wood. C'est le Bidens arborea, et peul-être aussi le Spilanthus tetrandrus de Ja liste

. des plantes de Sainte-Hélène, rédigée par Roxburg, et jointe au Traité du général Bealson sur cette ile; le premier nom se rapportant probablement à l'individu femelle, et le second à une variété de l'individu mâle.

En rétablissant le Spilanthus arboreus comme un genre sufi- samment distinct du Bidens, du Spilanthus et du Salmea , je ne

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 21

pense pas qu'il soit à propos de lui rendre le nom de Zax- mannia, que Forster ne lui avoit donné que par suite d’une erreur, qu'il a ensuite abandonné , et qu'on a depuis appliqué à un autre genre généralement adopté aujourd'hui. Je le nomme donc Pe- trobium, et je lui attribue le caractère suivant :

Perromium. Involucre polyphylle, à peu près sur deux rangs; l'extérieur plus court, et composé d’un moindre nombre de folioles. Réceptacle paléacé , planiuscule. Fleurons dioïques, tu- buleux, quadrifides; les mäles pourvus d’anthères exsertes, et

. de stigmates aigus, hispidules; les femelles pourvues d'étamines stériles , et de stigmates aigus , recourbés. Achène ou comprimée parallèlement, ou anguleuse; ses angles munis de deux ou trois arêles persistantes, denticulées. Arbre de l'ile Sainte-Hélène. Feuilles opposées, indivises. Panicule terminale, fourchue et divergente. Involucre oblong. Paillettes du réceptacle presque semblables aux écailles de l'involucre. Corolles jaunâtres, à tube arqué en dehors, ce qui fait paroitre le capitule radié. Anthères des mäles noirätres, échancrées à la base, munies au sommet d'un appendice très-court, aigu; leurs loges offrant Île vestige d’une cloison longitudinale. Etamines des femelles stériles, dis- tinctes, à anthères sagittées avortées (S).

(IX) J'ai observé un autre genre dioïque, à réceptacle nu, à aigrette capillaire, et dont le port est à peu près semblable à celui du Baccharis. Ce genre, que je nomme Brachylæna, ne comprend qu’une seule espèce publiée, qui est le Zaccharis nereifolia Linn. (U).

. BracuyLænA. Involucre imbriqué, à écailles coriaces. Récep- tacle nu. Fleurons dioïques. Mäles à anthères exserles, munies de deux soies à la base. Femelles plus étroites, à limbe quin- quéfide , à filamens stériles, à stigmates linguiformes imberbes. Aigrette pileuse et scabre dans les deux sexes. Arbrisseaux de l'Afrique australe, subtomenteux. Feuilles alternes, très-en- tiéres ou dentées. Inflorescence terminale, presque en grappe.

Involucres ovoides, courts, à écailles ovales, d’une contexture uniforme.

(X) Dans la nombreuse collection de plantes faite par mon regrettable ami, le Dr Smith, sur les côtes du Congo, se trouve un genre Syngénèse, qui, bien qu'appartenant à la Polygamie superflue, et ayant les fleurs jaunes, est sous d'autres rapports - si analogue au Melananthera , qu’on l’auroit indubitablement rap- porté à ce genre, si on ne l’eût trouvé qu'avec des graines müres.

22 JOURNAL DE PHYSIQUE, CHIMIE Cependant, les caractères suivans prouvent qu'il en est suffisam= ment dislinct.

Lirorricue. Involucre imbriqué, sur deu* rangs presqu'égaux. Réceptacle convexe, garni de paillettes foliacées , distinctes. Ca- pitule radié. Languettes femelles disposées sur un seul rang. Fleurons hermaphrodites , à stigmates terminés par un appen- dice aigu, hispidule. Achènes presque uniformes, turbinés, à aigretté sétacée, caduque. Herbes de l'Afrique équinoxiale. Feuilles opposées, indivises. Pédoncules terminaux, ternés. In- volucres courts , foliacés. Paillettes du réceptacle carénées, ner- veuses, aiguës. Corolles jaunes. Languettes alongées, tridentées. Anthères noiratres , presque incluses, mutiques à la base. Achène obtusément tétragone. Aïgrette située sur le disque du sommet déprimé de l’achène ; courte, composée de huit à dix petites soies disposées sur un seul rang, distinctes, denticulées, ca- duques ou tombantes. Ce genre, très-voisin du Melananthera, a aussi de l’aflinité avec l’£clipta, Linn., le Wedelia, Jacq., et le Diomedea, Cassini (Journ. de Phys., tome LXXXII, pag. 145); mais il paroît suffisamment distinct de tous.

(XI) I y a deux autres genres qui, sous plusieurs rapports, s'accordent avec le caractère que je viens de donner du Veu- rolæna ; 1 est nécessaire de les indiquer. Le premier est le Carphephorus de M. Cassini (Bulletin des Sciences, 1816, p. 198), qui se distingue suffisamment en ce qu'il a les stigmates de l’Eu- patoire ou du Liatris, avec le port de ce dernier genre, de quelques espèces duquel il ne diffère que par son réceptacle garni de paillettes. Le second, non encore décrit, peut étre nommé Piptocarpha, et caractérisé comme il suit.

Prprocarpua. Involucre imbriqué, turbiné, scarieux. Récep- tacle garni de paillettes distinctes. Fleurons tubuleux , uniformes, a limbe roulé en dehors. Anthères exsertes, munies de deux soies à la base. Stigmates filiformes, aigus, hispidules. Aigrette pileuse.— Arbrisseau du Brésil, très-rameux, décombent? Feuilles

-alternes,, très-entières, blanches en dessous. Involucres axillaires et terminaux, fasciculés, glabres, composés d'écailles sessiles, obtusiuscules, sans nervures, et d’une contexture uniforme. Paillettes du réceptacle presque semblables aux écailles inté- rieures de l’involucre, et tombant en même temps qu'elles. Corolles glabres. Soies des anthères très-entières. Aigrette blanche, àrayons sur un seul rang. ,

Je n'ai point vu de graines parfaites; et comme elles tombent sans être mures , avec les écailles intérieures de l’involucre, et

£T D'HISTOIRE NATURELLE. 25

que les anthères sont très-saillantes en dehors, il se peut que la plante ici décrite ne soit que l'individu mäle d'une espece ‘dioïque; en tout cas, elle w'apparlient à aucun genre publié jusqu'ici. - (XI) AnTennariA.(Antennariæ species , Gœrtner. Gnaphalii species, Linn., Juss.) Involacre imbriqué, scarieux, colore. Ré- ceptacle sans paillettes, scrobiculé. Fleurons dioiques. Miles à anthères munies de deux soies à la base, à stigmates lronqués, à aigrette pénicillée, ou épaissie au sommet. Femelles filiformes, à limbe petit, sans rudimens d’étamines, à aigretle capillaire. Herbes vivaces, tomenteuses, blanchätres. Feuilles planes ; les adultes souvent glabriuscules en dessus; les radicales ordi- nairement plus larges. Inflorescence corymbée , rarement soli- taire. Involucre turbiné, ou quelquefois hémisphérique, com- posé d'écailles à base calycinale, et à partie supérieure colorée, blanche ou purpurescente. Corolles jaunes. Anthères demi-ex- sertes. Aïgrette des mäles blanche, opaque.

Le Gnaphalium margaritaceum , que j'ai attribué à ce genre, a élé décrit pour la première fois par Clusius; selon lui, cette plante auroit été apportée d'Amérique, et inroduile dans les jardins d'Angleterre, vers la fin du XVI: siècle.

Depuis, elle a toujours été très-généralement cultivée, comme plante d'ornement, dans ce pays et sur le continent de l'Europe ; et on la trouve mentionnée dans plusieurs Flores européennes, aussi bien que dans celles de l'Amérique septentrionale. Il est donc surprenant que jnsqu’ici l'on n’ait observé que l'individu mäle, qui cependant a été considéré comme hermaphrodite par tous les botauistes , excepté M. Cassini, qui, dans son premier Mémoire sur les Synanthérées (Journal de Physique, 1. LXXVI, pag. 200), soupconne que c'est une plante male, d'après l'état d’imperfection de l'ovaire.

ya plusieurs années que j'ai connu quecette espèce de Grapha- lium étoit vraiment dioïque, ayant vu un échantillon de l'indi- vidu femelle dans l'herbier de sir Joseph Banks, qui l’avoit trouvé sur les bords du Rymney dans le Glamorganshire , celte plante fut originairement observée par Lhwyd. J'ai recu depuis, plusieurs échantillons des deux sexes , de M. Bicheno, à qui j'avois fait part de ma remarque , et qui se chargea obligeamment d'ob- server les différens états de la plante, dans le même lieu, elle paroït être réellement indigène. Je n’ai jamais pu découvrir au- cune fleurette femelle à la circonférence destapitules des individus mäles ; mais , au centre des capitules femelles, j'ai toujours trouvé

24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

deux ou trois fleurettes mäles imparfaites, dont les anthères; quoique cohérentes et de la forme ordinaire, paroissoient être privées de pollen.

On a également négligé de remarquer la séparation des sexes dans une plante encore plus commune de cette classe, le Ser- ratula tinctoria (Z).

Tous les auteurs qui ont parlé de cette espèce, laquelle est mentionnée dans presque toutes les Flores européennes, aussi bien que dans plus d’une récente Monographie du genre, l'ont considérée comme hermaphrodite , tandis qu'elle appartient réel- lement à la Polygamie diœcie ayant ses organes sexuels par- faits séparés sur différentes plantes. L'individu hermapbrodite , parfail en apparence , mais qui, je le crois, porte très-rarement des graines fertiles , a été bien figuré par Schkubr (Botanisches Handbuch , ab. 254); et l'individu ele: dont les stigmates sont développés et ondulés d’une manière remarquable, tandis que les anthères sont évidemment imparfaites , et qui porte généralement des graines fertiles, est représenté dans PEnglish Botany (tab. 58), dans la Flora Danica (281), et probablement aussi dans le Svensk Botanik (170). Je suis redevable de la connoissance de ce fait, concernant le Serratula tinctoria, au Rév. Robert Bree de Cam- berwell, qui m'a indiqué les deux états de la plante, et qui élit alors disposé à les considérer comme deux espèces distinctes.

TN RME EU RRE TES (AN LE ID) Satrtreié bone" arr lént À EU Late de NOTES DU TRADUCTEUR.

(S) Dans les Bulletins de la Société Philomathique de fé- vrier 1817 et d'avril 1818, j'ai décrit, sous le nom de Ditrichum, un nouveau genre de Synanthérées immédiatement voisin du Salmea et du Petrobium, avec lesquels il doit être rangé entre le Spilanthus et le V’erbesina, dans la tribu des Hélianthées , section des Prototypes. 11 diffère du Salmea qui a le clinanthe conique, et du Petrobium dont les calathides sont unisexuelles ; son clinanthe plane le distingue du Spilanthus, et sa calathide incouronnée le distingue du f’erbesina. Voici ses caractères gé- nériques.

Dirricuum. Calathide incouronnée, équaliflore, pluriflore, régulariflore, androgyniflore. Péricline supérieur aux fleurs, cy- lindracé , irrégulier, formé de squames peu nombreuses, bi- sériées, diffuses; les extérieures très - courtes , inégales, in- appliquées , les intérieures très-longues , inégales, appliquées, squamelliformes , oblongues , coriaces , à sommet foliacé,

acuminé.

ET D HISTOIRE NATURELLE. 25

acuminé. Clinanthe plane, garni de squamelles supérieures aux fleurs , squamiformes, terminées par un appendice subalé, mem braneux.Cypsèles comprimées bilatéraiement, obovales, glabres, muuies d'une aigrelte composée de deux longnes sqnamelluies opposees, l’une antérieure, l'autrepostérieure, filiformes , épaisses, à peine barbellulées. Corolles à tube herissé de longs poils mem- braneux.

L'errear de Forster, qui a pris pour un ovaire supère, le nec- taire de ia fleur mâle du Perrobium , a été commise par Bergius, par Linué, par M. Decandolle, et par beaucoup d'autres bota- uistes, à l'égard du T'archonanthus camphoratus. C'est ce que j'ai démontre dans un Mémoire sur cet arbrisseau, lu à la Societé Philomathique, le 13 juillet 18:16, et publié dans le Balietin de cette Société, le mois suivant, ainsi que dans le Journal de Physique de mars 1817.

L'observation de MN. Brown sur les anthères du Petrobium , confirme ce que j'avois avancé long-temps auparavant, dans mon secoud Mémoire. Je n’avois pu m'assurer par des obser- vations directes, que chaque loge de l’etamine des Synanthérées fut divisée en deux logettes par une cloison ; mais ayant observé cette cloison chez les Campanulacées, Lobéliacées, Dipsacées, Valérianées, Rubiacées , j’avois conciu par analogie qu’elle devoit exister chez les Synanthérées. (Journal de Physique, t. LXXVHE, pag. 275 et 283.) !

(S”) Il peut étre utile de rapporter à cette occasion une ob- servation que j'ai faite, dans l'herbier de M. de Jussieu, sur un échantillon de l’Eupatorium spicatum de Liamarck. J'ai re- connu que cet échantillon appartenoit à l'individu mäle d’une espèce dioïque, et que ses caractères génériques éloient abso- lument conformes à ceux du Baccharis. Ge prétendu Eupatoire est donc un vrai Baccharis.

J'ai analysé aussi, dans le même herbier, une calathide du Sergilus scoparius de Gæœrtner, et je convieus qne ses caractères génériques ne diffèrent point ou presque point de ceux du Bac- charis. Cependant, autant que j'ai pu juger sur ceite calathide en mauvais état, il m'a paru qu’elle étoit composée de fleurs mäles centrales et de fleurs femelles marginales, ces dernières ayant la corolle ambiguëé et de fausses étamines.

(£) M. Brown devoit peut-être ajouter que j'avois démontré depuis long-temps que la réunion du Baccharis et du Conyza en un seul genre éloit intolérable et monstrueuse, puisqu'ils

Tome LXXXVIT, JUILLET an 1818, D

26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

n’apparliennent pas à la même tribu naturelle, le Baccharis étant une Astérée, tandis que le Conyza est une Inulée.

Comme M. Brown n’a point donné les caractères génériques des vrais Conyza, je pense qu'on sera bien aise de retrouver ici ceux que Jai proposés dans le Dictionnaire des Sciences na- turelles , tome X, pag. 305.

Calathide discoide, cylindracée; disque multiflore, régula- riflore, androgyniflore; couronne uni-bisériée, tubuliflore, fe- miniflore. Péricline à peu près égal aux fleurs, cylindracé; de squames imbriquées , extradilatées, linéaires, appliquées, nul- lement scarieuses ; les extérieures surmontées d'un petit appen- dice foliacé , inappliqué. Clinanthe plane, inappendiculé. Ovaires cylindracés, stries, hispidules, munis d’un bourrelet basilaire , et d'une longue aigrette de squamellules unisériées, entre-greffées à la base, tri-droites, filiformes, subtriquètres, régulierement barbellulées. Corolles de la couronne à limbe étréci en tube, et irrégulièrement très-quadrilobé. Anthères munies de longs ap- pendices basilaires filiformes , barbus.

(U) L'Opuscule de M. Brown, imprimé à Londres vers le milieu de 1817, ne m'est parvenu que le 5 septembre ; et comme je ne savois pas un mol d’anglois , et que je n’avois d'autre secours qu'un Dictionnaire, j'ai mis un temps prodigieux à le traduire. Je rappelle ces faits, parce que, dans le Bulletin de la Socieié

Philomathique de septembre 1817, j'ai proposé, sous le nom d'Oligocarpha, le mème genre que M. Brown propose sous le nom de Brachylæna. Ma description ne se trouvant pas d'accord avec la sienne, je crois utile de reproduire ici les caractères

ue j'attribue à ce genre, et que j'ai complétés par lobservation de l'individu mâle, depuis la publication du Bulletin de sep- tembre 18197.

OucocarpirA. (Tribu des Vernoniées.) Dioïque. Calathide fe- melle équaliflore, pluriflore, ambiguiflore. Péricline inférieur aux fleurs, cylindracé ; de squames imbriquées, un peu làches, subfoliacées , striées, obtusiuscules; les extérieures subcordi- formes , les intérieures ovales. Clinanthe petit, muni d'une, deux ou trois squamelles égales aux fleurs, foliacées , linéaires-lan- céolées. Ovaire couvert de glandes et de poils, et muni d’un bourrelet basilaire; aigretle roussätre, de squamellules pluri- sériées , très-inégales, filiformes, épaisses, irrégulièrement bar- bellulées. Corolle imitant parfaitement une corolle masculine, régulière, à lobes longs, linéaires, el contenant des rudimens d'étamines avortées.—Calathide mâle équaliflore , pluriflore , sub-

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 27

régulariflore ou palmatiflore. Péricline très-inférieur aux fleurs, subhémisphérique ; de squames imbriquées, paucisériées, peu appliquées, subcordiformes, coriaces, striées. Clinanthe petit, plane, presque toujours muni de quelques squamelles ou ru- dimens de squamelles. Faux-ovaire subcylindracé, hispide; aï- grette irrégulière, de squamellules inégales, filiformes, épaisses, barbellulées. Corolle arquée en debors, ordinairement palmée, toujours inégalement et profondément divisée en cinq lobes oblongs ou linéaires. Anthères munies d'appendices basilaires subulés. : ; ï

(U*) M. Brown paroît ignorer que le genre dont il s’agit, ayant pour type le Bidens niveade Linné, avoit été déjà propose, avant Von Robr et Richard, par Adanson, qui le nomme Uca- cou. Il est vrai que sa description présente de faux caracteres, ce qui, d'après mes principes, ne permet pas de lui attribuer la découverte du genre; mais, d'après les principes contraires généralement adoptés, et professéssurtout par M. Brown, comme on l’a vu aux articles Craspedia et Tridax, on devroit préférer au nom de Melananthera, suivant l'ordre chronologique, 1°. celui d’Amellus, 2°. celui d'Ucacou, 5°. celui de Melanthera.

Je dois faire observer que les caractères attribués par Adanson à son Ucacou, et qui s'appliquent fort mal au Welananthera , s’appliquent au contraire assez bien au Lipotriche de M. Brown, décrit dans sa note X. J'ai examiné, dans l’herbier de Surian, la plante qui y est nommée Chatiakelle, ei dont Adanson a fait son genre Ucacou, et je me suis assuré que la calathide de cette plante éloit radice.

(V) Mon premier Mémoire sur les Synanthérées fut critiqué principalement comme beaucoup trop long, et comme offrant des considérations favorables à un système proscrit, celui des causes finales. C’est ce qui me détermina, l’année suivante, à ne donner qu’un précis du second Mémoire, et à en élaguer ce qui effarouche la Philosophie moderne. |

Dans ce second Mémoire, qui est resté inédit, j'avois parlé de la rétraction des anthères; mais je considérois ce fait tout autrement que M. Brown.

Je remarquois qu’en général, chez les Synanthérées, et sur- tout chez les Carduinées, la partie libre du filet de l’étamine avoit une tendance manifeste à s’arquer en dedans; que cette tendance étoit contrariée, durant la préfleuraison, par la pres- sion du limbe de la corolle, dont l'accroissement en largeur ne s'opère que très-peu avant la fleuraison; mais que l’arqüre avoit

D2

28 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE lieu à cette dernière époque par l'effet d’une sorte de mouve- ment d’élasticité, et non point du tout par irritabilité.

Appliquant ensuile ces remarques à mon système favori des causes finales, je trouvois que la courbure des filets des éta- mines faisant descendre les authères, tandis que l'accroissement du style fait monter celui-ci, ces mouvemens des deux organes sexuels en sens contraires , favorisoient merveilleusement la dé- biscence des anthères et le dépôt du pollen sur les collecteurs dont le style est muni.

En approfondissant davantage ce genre de considérations, j'étois conduit à voir une liaison entre l’arqüre des filets des étamines et la forme de la corolle. Chez la plupart des Synan- thérées, la partie inférieure et indivise du limbe de la corolle devient notablement plus large que le tube, à l'époque de la fleuraison, ce qui facilite l'arqüre des filets ; cela est surtout sen- sible chez les Carduinées, cette arqüre est très-manifeste. Mais chez les Lactucées , le limbe demeure toujours presque aussi étroit que le tube ; et c’est en partie pour lever l'obstacle opposé à l'arqüre des filets par cette étroite dimension, que le limbe des Lactucées est fendu jusqu’à sa base. Les corolles labiées des Mutisiées et des Nassauviées peuvent donner lieu à la même remarque.

Tels sont les détails auxquels je m'étois livré sur la rétrac- tion des anthères, en rédigeant mon second Mémoire. Mais, dans le Précis de ce Mémoire, lu à l'Institut et publié depuis, j'ai eu grand soin de les retrancher, et je me suis borné à dire, en décrivant les étamines des Carduinées, que la partie libre des filets étoit arquée en dedans. (Journ. de Physig., 1. LXXVIE, pag. 276.) Sub nt hs

X)-Dans mon cinquième Mémoire, publié dans le Journal de Physique de février 1818, mais complètement terminé dès le mois de juin 1817, j'ai parlé (pag. 129) de l'irritabilité du style des Arctotidées, comme d’une observation nouvelle et faite par moi. J'ai pu m'exprimer ainsi à l’époque de la rédaction de ce Mémoire, puisque je n’ai connu l'observation de M. Ker qu’en la lisant dans l'Opuscule de M. Brown elle est men- tionnée.

(Y) M. Brown paroît croire que son genre JVeurolæna ne comprendequ’une seule espèce, qui est le Calea lobata de Swartz. J'en ai décrit une seconde, sous le nom de Calea suriani, dans le supplément du volume du Dictionn. des Sciences naturelles , pag. 33. Cette espèce nouvelle, que je crois bien distincte, devra

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29

prendre le nom de Neurolæna suriant, si, comme il paroit juste, le nom de Calea est désormais consacré au genre ayant pour type le Calea Jamaicensis. é

(Z) En général, les botanistes ont confondu jusqu'a présent, chez les Synanthérées, les fleurs mâles avec les fleurs herma- phrodites; désignant les fleurs mâles souvent par le nom de fleurs hermaphrodites , qui est faux, quelquefois par le nom d’hermaphrodites stériles, qui est absurde, rarement par le nom de fleurs mäles, le seul qui soit exact.

De toutes les erreurs nées de celte confusion, la plus notable est sans doute celle que j'ai démontrée dans mon Mémoire sur le Tarchonanthus camphoratus déja cité dans la note S. MM. De- candolle et Desfontaines ont cru que cet arbrisseau devoit être rapporté à la famille des Thymélees, parce qu'ils ont pris le nectaire pour un oyaire supère; et celle singulière méprise a été causée par la fausse opinion qu'ils partageoient avec tous les autres botanistes , que les fleurs du T'archonanthus éloient her- maphrodites.

Dans mon Mémoire sur cet arbrisseau , je remarquois que Gœrtner avoit décrit les fleurs comme hermaphrodites, à ovaire fertile ; et j'en concluois que l'espèce qu'il avoit observée, n'étoit peut-être pas la même que la mienne, qui est dioïique. Mais, depuis que j'ai observé les caractères de l'Oligocarpha ou Bra- chylæna, nouveau genre qui appartient à la mème tribu uatu- relle que le Tarchonanthus, et qui en est, selon moi, immé- diatement voisin, je ne doute plus que la plante de Gœærtner ne soit l'individu femelle du Tarchonanthus camphoratus. En effet, l'analogie est frappante entre les fleurs femelles de l'Oligocarpha et les fleurs de T'archonanthus figurées dans l'ouvrage de Gœrtner, tab. 166, fig. 12.

(A) Les Metalasia de M. Brown ne sont pas les seules Sy- nanthérées dont les feuilles soient concaves et tomenteuses en dessus, convexes et glabres en dessous, et retournées sens dessus dessous par l'effet d’une torsion. J'ai observé ces singuliers ca- ractères dans quelques autres genres voisins de celui-ci, et surtout dans un nouveau genre que jai décrit sous le nom de Perotriche, dans le Bulletin de la Société Philomathique de mai 1818.

(BB) Dans le Bulletin de la Société Philomathique de sep- tembre 1817, j'ai proposé, sous le nom de Petalolepis, un genre voisin du Cassinia, comprenant les Æupatoriun rosmarinifolium et ferrugineum de M. Labillardière, et caracterisé de la manière suivaute. .

30 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIX

Psrarorerts. (Tribu des Inulées.) Calathide incouronnée, équa- liflore, pauciflore, régularifiore , androgyniflore. Péricline su- périeur aux fleurs, radié, subcampanulé; de squames imbri- quées , les extérieures appliquées , ovales , scarieuses , à base coriace; les intérieures radiantes, longues, largement linéaires, surmontées d'un appendice pétaloïde. Clinanthe petit, plane , in- appendiculé, Ovaire court, muni d’un bourrelet basilaire, et d'une longue aigrette de squamellules égales, unisériées, entre- greflées à la base, filiformes , barbellulées. Anthères pourvues de longs appendices basilaires.

Je ne répéterai pas ici ce que j'ai dit à la note U, pour prouver qu'a l'époque j'ai publié mon Petalolepis, je ne pouvois pas connoitre l'Ozothamnus de M. Brown, qui venoil d’être pu- blié tout récemment. Mais je ferai remarquer que l’'Ozothamnus et le Petalolepis peuvent très-bien être considérés comme deux genres suflisamment distincls, et que rien n’empèche de les conserver l’un et l’autre, ou tout au moins d'admettre le Pe- talolepis comme sous-genre de l'Ozothamnus.

(CC) Je doïs me féliciter d’avoir eu , en même temps que M. Brown, des idées analogues aux siennes sur l’ancien genre Calea. Voici comment je: me suis exprimé sur ce sujet dans le Supplément du sixième volume du Dictionnaire des Sciences na- turelles, pag. 32, lequel a été publié en avril ou mai 1817.

« Je crois que le genre Caleaestencore (après enavoir éliminé » le Melananthera et le Sergilus) composé d'espèces hétérogènes ; » et qu'il faudroit les examiner toutes avec soin pour le ren- » fermer dans ses véritables limites, et le diviser peut-être en » deux genres, ou plutôt en deux sous-genres, bien différens » au moins par le port, dont l’un auroît pour type le Calea » lobata (Swartz), et l’autre le Calea aculeata (Labillardière). Mais » pour opérer avec succès une pareille réforme, il faudroit avoir » loutes les espèces en nature sous les yeux. »

De toutes les espèces admises par les botanistes dans le genre Calea, quelques-unes qui se rapportent au Melananthera, au Sergilus Baccharis , au Neurolæna, etau Cassinia, sont les seules que j'aie pu observer. C’est pourquoi je me bornois à in- diquer la formation de deux nouveaux genres, ou sous-genres, ayant pour types le Calea lobata et le Calea aculeata, au même

instant M. Brown proposoit ces deux genres, sous les noms de Neurolæna et de Cassinia.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31

MÉMOIRE SUR LES TERRAINS D'EAU DOUCE,

Ainsi que sur les Animaux et les Plantes qui vivent alternativement dans les eaux douces et dans les eaux

salées ; Par M. MARCEL pe SERRES.

Les terrains formés dans l’eau douce, reconnus pour la pre- miere fois par Lamanon, ont pris une toute autre importance, depuis que MM. Cuvier et Bronguiart (1) ont montré que ces terrains avoient uue grande extension, et qu'ils meritoient au- tant d’être distingués par les êtres particuliers qu'ils renferment, que par la manière dont ils paroissent avoir été déposés. Ce- pendant , malgré les caractères qui distinguent ces sortes de terrains de ceux réellement formés sous les eaux marines, plu- sieurs observateurs ont révoqué en doute l'existence des pre- miers, en tant qu'ils ont été déposés dans un fluide particulier, et diffèrent du fluide unique général , dans lequel toutés les couches pierreuses ont été précipitées. Les naturalistes qui ont soutenu cette dernière opinion (MM. Faujas de Saint-Fond et Brard), l'ont fondée sur plusieurs faits, dont les conséquences ne paroissent contraires à l'existence des terrains formés d’une manière particulière dans l’eau douce, que parce qu'ils n'ont pas été rapporlés avec une grande exactitude (2). Examinons d'abord ces faits, voyons s'ils sont concluans dans l'hypothèse de MM. Faujas de Saint-Fond et Brard, ou s'ils ne seroient pas plutôt contraire à cette hypothèse.

Les remarques qu'ont faites les deux observateurs que nous venons de citer, sont, les unes générales, les autres particu- Jières. Les premières tendent à prouver qu’il existe des coquilles marines au milieu des formations d’eau douce, tout comme des

(1) Essai sur la Géographie minéralogique des environs de Paris. €) Annales du Muséum d'Histoire naturelle, tome XIV et XV, et Journal de Physique , tome LAXXII.

52 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

fossiles des terrains non salés au milieu des formations les plus décidément marines. Mais si lon y avoit fait bien attention, on se seroit aisément aperçu qu'il n'existe jamais de coquilles marines confondues el mélées avec les produits de l’eau douce, et que ce n’étoit que faute d'avoir déterminé rigoureusement ces coquilles, qu'on s’étoit mépris sur le genre de leur habitation primitive. Eu effet, ces Cérites des terrains d'eau douce, an- noncées comme des coquilles marines par excellence, ne sont que des Potamides ou des espèces de Cérites, dont l'habitation constante est dans les fleuves, ou dans des eaux qui, quelque- fois plus salées que la mer, deviennent aussi, dans d’autres cir- conslances, tout-à-fait douces, ou du moins sans une salure sen- sible au goût et à l’aréomèetre. C'est donc parce qu'il est des espèces qui peuvent exister dans des liquides dont les propriétés sont si différentes, que faute de les connoitre, et de s'être douté qu’il y avoit de ces êtres intermédiaires, qu'on a cru mal à propos rencontrer des restes d'animaux décidément marins avec des habitans des terrains non salés. Il n’est donc pas éton- nant de voir les prétendus Cérites marines mélées avec les Bulimes, les Planorbes et les Lymnées, parce que toutes ces es- pèces peuvent avoir vécu dans le seul et même fluide. En effet, le genre Ceérite, tel du moins que Bruguière l'avoit établi, se compose d'espèces marines et d’eau douce. On a distingué ces dernieres sous le nom de Potamide, et les deux genres sont encore bien plus tranchés par l’habitude des animaux qui en font partie, que par l'importance extérieure des coquilles. Ainsi les principaux caractères des Cérites marines, sont d’avoir la bouche contournée et comme plissée , tandis que toutes celles reconnues comme fluviatiles, ont une bouche entière. Ce der- nier Caractère se retrouve dans la seule Cérite citée par M. Brard, au milieu des formations d’eau douce, et pourroit être déja assez concluant, Mais il y a bien plus ; cette espèce n’a d’analogie qu'avec le Ceritium radula figuré par Lister , et rangé par lui au nombre des coquilles fluviatiles. La conclusion la plus naturelle que l’on puisse tirer de ces faits, est certainement de regarder comme fluviatiles , les Cérites trouvées avec les Lymnées et les Pla- norbes , d'autant que ce genre d'habitation leur est commun avec d’autres espèces encore vivantes, et connues depuis long- temps. Du reste, quoique toutes les Potamides connues jusqu'a présent vivent près de l'embouchure des fleuves, il se pourroit aussi que certaines espèces, comme quelques Paludines, vé- cussent dans les eaux saumâtres et même plus salées que le

bassin

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55

bassin des mers. Ces espèces seroient ainsi comme nos Paludines, intermédiaires entre les espèces d’eau douce et les marines. Quant à l'observation faite par les physiciens que nous avons déjà cités, de l'existence des fossiles d'eau douce parmi les for- malions les plus décidément marines, elle est plus fondée. Eu effet, les petites coquilles ou Paludines que l’on voit dans le cal- caire de Mayence, mélées confusément avec des Moules, peuvent fort bien être considérées comme provenant des eaux douces, mais avec cette particularité, que ces Paludines sont analogues à celles qui vivent aujourd'hui, tantôt dans des étangs commu niquant avec la mer, et tantôt dans des eaux lout-à-fait douces. En effet, des deux Paludines que l’on trouve fossiles à Mayence, l’une se rapproche du Ciclostoma simile de Draparnaud , l’autre du Ciclostoma acutum du même auteur, et ces deux coquilles ont un genre d'habitation intermédiaire entre les espèces marines et celles d'eau douce. Ce qui complète l’analogie, c’est que ces deux espèces fossiles se trouvent en très-grande abondance et forment, à Weissenau, des couches extrêmement étendues. Ainsi la grande quantité de ces Paludines fossiles que l'on voit dans des couches pierreuses, est une forte présomption pour croire qu'elles ont eu le même genre d'habitation que nos petites Paludines aujourd'hui vivantes, et qu’on trouve également en nombre immense dans les étangs elles vivent. On a peu de doutes à cet égard , lorsqu'on compare la disposition que pré- sentent ces lies dans les lieux les eaux se Heure en se retirant , avec celle que l’on voit aux Paludines fossiles. Les Paludines aujourd'hui existantes élant analogues aux es= pèces que l’on trouve fossiles, et vivant indifféremment dans des étangs salés qui communiquent directement avec la mer, ou dans des eaux tout-à-fait douces, il est tout simple de ren- contrer celles qui ont passé à l’état fossile au milieu des Moules et d’autres coquilles marines. Si ces Paludines s’y rencontrent, c'est parce que les espèces auxquelles elles appartiennent sont, ar leur manière de vivre, intermédiaires entre les espèces tout- a-fait d'eaux douces, et celles qui ne quittent jamais le bassin des mers. C’est donc faute d’avoir connu ces êtres intermédiaires, ou, pour mieux dire, d’avoir constaté ce point de fait, qu'on s’est mépris à cet égard. Mais un fait qui a paru bien plus con+ cluant encore contre l'hypothèse d'une formation particulière opérée dans l’eau douce, c’est la présence d’un certain nombre d'Hélices fossiles, au milieu de la formation bien marine de Weissenau. Pour se rendre raison de ce mélange de coquilles

Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. E

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34 JOURNAL DE PHYSIQUE, CHIMIE

d’eau douce au milieu des espèces marines, on n’a au’à observer ce quise passe sur nos côtes. On y verra à côté des Moules et d'autres coquilles de mer, des Hélices, des Bulimes, des Maillots, et une infinité d’autres espèces d’eau douce qui y ont été trans- ortées. Pourquoi n’en auroit-il pas été de même à l’époque

Moules, les Paludines et les Hélices ont passé à l'état solide avec les couches nous les observons maintenant? On doit d'autänt plus l’admettre, qu'il n’est pas très-rare de trouver des coquilles d’eau douce au milieu des formations bien réellement marines. Mais l'inverse n’est pas également vrai; en effet, on. n'a point encore observé de véritables coquilles marines, ou de restes d'animaux de mer au milieu des couches qui appar- tiennent à une formation d'eau douce. Lorsqu'on en rencontre, ce n’est jamais que dans les points de contact des deux sortes de terrain, ou lorsque ces fossiles y ont été charriés par des causes purement locales ou accidentelles. I est done vrai de dire que si l’on a cru pouvoir opposer quelques faits à cette loi qui paroit générale, c'est parce quel’ou à pris des coquilles réellement fluviatiles pour des espèces marines, comme des es— pèces marines pour des coquilles d’eau douce.

Ce que nous venons de dire ne doit pas non plus faire supposer que tous les fossiles que nous découvrons dans nos continens, aient vécu dans un seul et même fluide, soit doux, soit salé. Cette hypothèse, avancée par M. Brard, est trop con- traire à tout ce que nous connoïissons d’une manière certaine, pour pouvoir être admise. On ne peut en eflet supposer que les Hélix, les Lymnées et les Planorbes aient jamais vécu dans le même liquide que les Vénus , les Huitres et les Moules, quoique certains mollusques aient un genre de vie en quelque sorte intermédiaire entre ces deux points extrèmes. Chaque genre, ou, pour mieux dire, chaque espèce, a des habitudes constantes qui tiennent à son organisation , et dont il ne s’écarte jamais que peu à peu, et encore lorsqu'il ÿ est contraint. Aussi voit-on tous les animaux en général revenir à leurs habi- tudes primitives, du moment que rien ne s y oppose. On peut même faire cette remarque, que plus les animaux sont simples en organisation, et moins les agens extérieurs ont d'influence sur eux. Les mollusques gastéropodes en particulier l'éprouvent d'autant moins, que leur test semble les en garantir ; aussi l’ob- servation directe nous apprend-elle que généralement ces ani- maux ont des habitudes constantes etqui ne paroïssent point varier. Les remarques que l’on a faites sur certaines Hélices d'Afrique

ET, D'HISTOIRE NATURELLE, 35

et du nord de l'Europe, annoncent du moins combien peu les agens extérieurs les plus opposés ont d'influence sur ces anlmaux.

On a également beaucoup insisté sur ce fait singulier, que parmi les fossiles d’eau douce trouvés jusqu’à présent, on n’avoit Jamais vu des bivalves, ou des genres analogues aux Acéphales qui vivent aujourd'hui dans nos rivières et nos étangs. Celte objection étoit fondée à l’époque on l’a présentée , parce qu'on avoit à peine observé les terrains qui appartiennent aux forma- tious d’eau douce. Mais lorsqu'on les a mieux étudiés , on a trouvé de ces bivalves, et M. Desmarest (1) a fait connoitre un petit Entomostracé qu'il a nommé Cypris faba, et qui est dans un nombre immense dans le calcaire friable d'eau douce des en- virons de Cusset, département de l'Allier. Nous-mêmes avons enfin reconnu des Cyclades fossiles du milieu des formations d’eau douce, et probablement trouvera-t-on d'autres genres à mesure que les observations se multiplieront. Peut-être aussi les coquilles bivalves fossiles d’eau douce, sont-elles plus rares que les univalves par plusieurs raisons. La première dépend de leur genre d'habitation , qui est presque toujours dans les rivières et rarement dans les mares, si ce n’est les Cyclades qui peuvent passer diflicilement à l’état fossile, à cause de la facilité avec laquelle ces coquilles se décomposent à l'air. C'est également une chose remarquable, de voir les Unio et les Anodontes, quoique plus solides que les Cyclades , se décomposer et s'altérer à l'air, avec la plus grande promptitude. Peut-être cette facile décomposition a-t-elle contribué pour beaucoup à rendre ces coquilles fossiles encore plus rares. On sait en outre que les mol- lusques gastéropodes voyagent davantage que les Acéphales, Presque lous stationnaires ou à peu près. Cette différence dans les habitudes , peut aussi avoir eu de l'influence sur la position qu'ont Prise les coquilles bivalves et univalves dans l'intérieur de nos Couches pierreuses.

Ainsi les faits que l’on avoit cru si concluans contre l'exi- stence de terrains réellement formés dans l’eau douce, ne sont donc nullement contraires à ce genre de formation ;\ils s'accordent parfaitement avec lesidées générales quenousavonssur ces terrains, On peut même avancer pour aller au devant de toutes les ob- jections , que lorsque même on trouveroit des coquilles vraiment

(2) Bulletin de la Société Philomathique, tome II, pag. 258, pl. 4, fig. & E 2

36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

marines, et des coquilles d’eau douce mêléesconfusémentensemble, on ne pourroit pas en conclure pour cela contre l'existence d’une formation particulière de couches pierreuses opérées dans l’eau douce. Enfin , on n’a pas voulu admettre avec MM. Cuvier et Brongniart, que dans les lieux l’on trouve les coquilles marines et d’eau douce mélées confusément, existoit l'embou- chure des fleuves, ou bien que ces lieux n’étoient que les points de contact des deux sortes de terrains. Mais dans une question de ce genre , il auroit été essentiel avant de la croire résolue , de s’assurer par l'observation directe, si l'explication d’un fait bien reconnu, donnée d’ailleurs avec doute, étoit d'accord ou non avec ce que nos côtes nous présentent. C’est aussi pour parvenir à la solution de cette question importante, que nous avons exa- miné avec soin ce qui se passoit à l'embouchure des fleuves, et éludié l’état des côtes à différentes époques, quelquefois même après des orages. Nous avons surtout porté une altention parli- culière , à déterminer exactement les espèces de coquilles et de plantes qui vivent sur les côtes de la Méditerranée et à l’em- bouchure des fleuves , ainsi que dans les élangs saumätres et les rivières qui communiquent avec cette mer. I] nous parut éga- lement important de reconnoîlre jusqu'à quelle hauteur les coquilles regardées généralement comme marines, telles que les Cérites et les Moules, peuvent remonter dans les rivières, et enfin quel est le degré de salure que les Mollusques des eaux douces peuvent supporter sans périr.

Quoique nous ayons rassemblé un grand nombre d’observa- tions à cet égard, nous ne les croyons pas encore aussi étendues que l’exigeroit une question de cette importance ; il nous paroît cependant qu’elles présentent un certain degré d'intérêt, et même d'utilité, en faisant envisager celte queslion sous son vé- rilable point de vue.

Remarquons d’abord qu’un assez grand nombre de causes peuvent rendre telle ou telle espèce d'êtres habitans des terrains ou des eaux salées, et lui permettre, dans d’autres circonstances, de vivre dans des terrains ou des eaux exemptes de salure. Ainst les unes se plaisent dans les terrains salés, à cause du sable qui les couvre ordinairement; alors, c’est plutôt la nature du sol qui les y attire que toute autre circonstance , tandis que les autres ne s’y trouvent qu’à raison du sel dont le sol ou les eaux sont imprégnés. Mais lorsque le degre de salure augmente trop considérablement , les plantes ou les animaux finissent par périr à un degré déterminé pour chacun d'eux. Ce terme n’est pas

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 même lrès-éloigné; car il n’est aucun animal, ni peut-êlre aûcune plante, qui résiste à une salure de &.

Pour rendre cette question moins compliquée ; examinons d'abord l'influence des terrains salés sur les plantes, et voyons jusqu’à quel point celles reconnues comme maritimes ou comme marines, peuvent s'éloigner de ces sortes de terrains. Nous devons d'autant plus commencer notre examen par ces plantes maritimes et marines, que déjà M. Decandolle nous a fait part de ses propres observations, dans un Rapport très-intéressant sur un voyage botanique qu'il a exécuté dans les départemens de FOuest (1).

Considérées par rapport à la nature du sol sur lequel elles vivent, les plantes peuvent être distinguées en maritimes et en marines. Les premières vivent aux bords de l’eau salée, tandis que les secondes ne peuvent croitre que dans l'eau salée elle- même.

Les plantes maritimes vivent aux bords de l’eau salée par plusieurs causes , ou seulement en raison d’une de celles que nous allons désigner. Les unes y végètent à cause du sable qui s’y trouve, les autres, parce qu'elles ont leurs racines dans le terrain salé; enfin , les dernières peuvent se contenter de la petite quantité de sel qui leur arrive par l'atmosphère. Un certain nombre de plantes qui ne prospèrent que lorsqu'elles ont leurs racines dans le terrain salé , peuvent cependant continuer’ à vé- géter avec vigueur, en ne recevant d'autre sel que celui qui est fourni par l’atmosphère. De ce nombre est principalement le Polypodium marinum et certaines espèces de Lichens (2).

D'après cette différence que l’on observe dans les plantes qui vivent aux bords de la mer, on voit que surtont pour celles qui ne s’y trouvent que par rapport au sable, il est fort dif- ficile de déterminer quelles sont vraiment les plantes maritimes. Cette distinction présente d’autant plus de difhcultés, qu'il en est une foule qui vivent également aux bords de la mer, et dans l’intérieur des terres. On ne peut pas en citer d’exemple plus frappant , que le Chiendent (Panicum dactylon) et V'Eryn- gtum campestre. Ces deux plantes se trouvent presque partout en France, et sont extrêmement abondantes sur les bords de la mer, Celles-ci rentrent évidemment dans la division de celles

(1) Mémoires de la Société d'Agriculture du département de la Seine, t. X. (2) Le Physcia fastigiata et l Endocarpum complicatum de M. Decandolle (Flore françoise) croissent habituellement sur les rochers des bords de la mer.

38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

que nous avons dit n’exister au bord de la mer qu'a cause du sable qui s’y trouve.

Ge qui prouve que plusieurs: causes peuvent permettre aux plantes maritimes de s’écarter des terrains salés, c’est qu'on voit les plantes essentiellement maritimes, s'éloigner de la mer à de fort grandes distances ; à lavérité, ce cas est beaucoup plus rare. On;peut cependant en citer des exemples nombreux. Ainsi, le Lagurus ovalus, ét le Salsola tragus se trouvent jusqu’à Lyon. Cette dernière s’est d'abordrencontrée à Lyon même près d'Enée, et des différens magasins de sel qui y sont en grand nombre. Ce qui est assez singulier, c’est qu'il ne croit plus guère mainte- nant que dans la verrerie de Pierre-Bénite. On pourroit se de- mander, si c'est réellement la présence de la potasse et de la soude qui y favoriseroit la végétation de cette plante. Il seroit fort curieux, pour $’en assurer, de lessiver les terrains le Salsola tragus croît aujourd'hui, et de voir si lorsque ces deux alcalis y seroient épuisés, cette plante y prospéreroit encore. Du reste, nous m’avons pas une ‘grande confiance dans cette manière d'expliquer ce fait, quoique nous ayons vu cette opinion très-répandue dans Lyon; d'abord, parce que le Salsola tragus remonte également très-haut sur les bords de la Durance, il n'y a point de magasin de sel; et en second lieu, parce que l'on peut faire croitre toutes les plantes maritimes dans des ter- rains il n’exisle qu’une fort petite quantité de potasse et de soude.

Le Scirpus holoschænus s'est.également montré à Vevay en Suisse, tout comme le Pin marilime entre Bergerac et Péri- gueux, et l’'Æphedra distachia à Cavaillon près d'Avignon. Le T'amarix gallica se trouve à une bien grande distance de la mer, puisqu'on le voit à Trèbes, près de Carcassonne; et enfin le Cochlearia officinalis croît et prospère sur la montagne de Neou- vielle dans les Hautes-Pyrénées, à vingt myriamètres directs de la mer, et à environ seize cents mètres au-dessus de son ni- Veau, ainsi que l'observe M. Decandoile dans le Mémoire que NOus avons déjà cité. Il nous seroit facile de rapporter d'autres Observations de ce genre, et par exemple, de faire mention du

lantago gramines et de l'Atriplex rosea qu'on trouve près de Clermont en Auvergne, ainsi que de l’Euphorbia gramines et Chamæsice qui viennent aux portes de Lyon. On pourroit peut- être remarquer au sujet du premier fait, que la plupart des laves de l'Auvergne contiennent de l'acide muriatique. Pour fa- ciliter l'explication du second, quelques botanistes de Lyon ont

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 59

pense que les graines des plantes maritimes qui se trouvent près de cette ville, y ont été apportées par les trains de sel. ‘Mai

comme ces sortes de plantes se rencontrent , non pas seulement

à Lyon, mais dans une infinité de lieux jamais il n’est venu de train de sel, comme à Neouville dans les Pyrénées croît le Cochlearia officinalis, cette opinion me paroïit peu -admis- sible, d'autant qu’elle n’explique nullement comment ces plantes ont pu prospérer dans les lieux on les trouve maintenant. Il est au contraire tout naturel de rencontrer dans les terrains salés, ou dans les lieux il y a une grande masse d’eau salée en évaporation ; les plantes qui croissent aux bords de la mer, puisqu'il y existe les élémens nécessaires à la végétation de ces plantes. C’est ainsi qu’on trouve le Poa salina dans presque toutes les salines de la France, et que le Salicornia herbacea et V'Aster trifolium croïissent avec vigueur dans les marais salés qui existent entre Yeuse et Moyenvic. De même, il n’est pas étonnant de voir des plantes maritimes dans des terrains peu salés, mais qui autrefois l’ont probablement été davantage, ces plantes ayant pu s’accoutumer par degré au changement de la nature du sol; c’est ainsi que dans le lieu dit les Salins aupres de Clermont, on trouve le Poa salina, V Atiplex hastata ei le Glaux maritima, ayec quelques autres plantes maritimes. à Quant aux plantes marines proprement dites, nous remar- querons que nous n'avons fait d'observations que sur celles de la Méditerranée, car il faut bien remarquer que toutes celles qui vivent dans l'Océan, il y a flux et reflux, sont tout-à-fait différentes des nôtres. Ainsi, les Fudus vesiculosus, serratus que l'on avoit cru communs aux deux mers, n'existent que dans l'Océan et point dans la Méditerranée, ainsi que l’a fait remarquer M. De- candolle. De même, on a indiqué certaines plantes comme ma- rines , et qui,ne le sont nullement, telle est, par exemple, le Nayas marina. Enfin, il est un certain nombre de plantes ma- rines qui vivent dans des étangs moins salés que la mer, et qui, par conséquent, prospèrent dans des éaux dont la salure peut souvent être très-foible. Le Rüpia maritima , Ve Zanichellià palustris, certaines espèces de Chara et de Ceramium sont de ce nombre. Lorsque par une suite de l’évaporation qui a lieu dans l'été, ces étangs deviennent plus salés, alors ces plantes finissent par périr à un degré déterminé pour chacune d'elles, tout comme les animaux. Nous remarqueréns enfin, que les Algues se trouvent uuiquement dans le bassin des mers près dés côtes, et que lorsqu'on s'éloigne des côtes, elles disparoissent pèu’à

äo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

peu et sont remplacées par diverses espèces de Litophytes et de Cératophytes, qui, outre le besoin de l’eau salée, exigent

paÿytes, qui, e LE 16€, EXIS encore une grande profondeur dans le liquide salé.

Ce que l’on observe pour les plantes et les Zoophytes, a lieu également pour les animaux, surtout pour les poissons, dont certaines É oe exigent , non-seulement dans les eaux un cer- tain degré de salure, mais encore une grande masse de liquide, quittant peu les profondeurs des mers. Quant aux plantes ma-

rines, elles cessent dans toutes les profondeurs qui dépassent trente ou quarante brasses.

D'après ce que nous venons d'observer, il s’ensuit que cer- taines plantes marines peuvent, dans de certaines circonstances, s'éloigner des lieux et des eaux salées; quant aux plantes pro- prement marines, elles ne s’écartent guère des bords de la mer. Leur éloignement , quelque peu considérable qu'il soit, tient toujours à ce que les courans salent plutôt le lieu on les voit que ceux qui les avoisinent. Du reste, les plantes marines propres à la Méditerranée, ne s'étendent jamais au-delà d'un quart de lieue dans d’autres eaux que celles de la mer; ces eaux sont toujours assez salées pour ne pas être potables, et l'aréomètre n'y marque guère moins de 1,50 à 2. Cependant lorsque par diverses circonstances leur salure s’afloiblit trop, toutes ces plantes finissent peu à peu par périr.

Nous terminerons ces remarques par une observation qui n’a rapport qu'aux plantes marines propres à la Méditerranée. Les côtes qui avoisinent celte mer sont peut-être plus difficiles à observer que toutes les autres, à raison des étangs saumâtres qui s’y trouvent en si grand nombre. Ces étangs communiquant souvent avec l’intérieur des terres par des bas-fonds, salent des espaces de terrain plus ou moins étendus, au point qu’on voit quelquefois assez loin des côtes, un certain nombre de plantes marines. Ces plantes pourroient fort bien tromper un obser- valeur inattentif, si l’aréomètre et le goùt de ces terrains et des eaux qui les recouvrent, ne l’averüssoient de leur nature. Le fond vaseux des étangs a toujours une grande influence sur la vigueur des plantes marines qui y croissent, en leur four- nissant un appui plus solide que le fond sablonneux des mers; il ne contribue pas peu à prolonger leur existence à mesure que la salure des eaux diminue. I] nous paroïit même que ce sol exerce une certaine influence sur les animaux marins; c’est ce que nous ferons bientôt remarquer.

Les

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4

Les observations que nous avons faites jusqu’à présent, sur les plantes marines et maritimes, peuvent s'appliquer également aux animaux marins, et principalement aux Mollusques. D'abord en observant avec soin les Mollusques qui habitent les terrains salés, ou pour être plus exact, les côtes de la Méditerranée, on voit, 1°. que les uns vivent indifféremment et sur les côtes et dans l’intérieur des terres; 2°. que les autres n’abandonnent presque jamais, ou du moins s’écartent fort peu des terrains salés; 3°. que certains vivent indifféremment dans les eaux de la Méditerranée et dans les eaux saumätres; 4°. enfin qu'il en est un certain nombre qui paroissent ne jamais abandonner le bassin des mers, ou du moins remontent à si peu de distance dans les rivières qui y affluent, que l’on voit qu'ils ne s'y trouvent que parce que les courans marins arrivent plutôt dans cette partie qu'ailleurs.

Examinons maintenant en particulier, chacune des espèces qui appartiennent à ces quatre genres d'habitation dont nous venons de parler. Un grand nombre de Mollusques bien évi- demment propres aux terrains non salés, se trouvent cependant dans les terrains salés; de ce nombre sont les Æelix aspersa, cespitum , vermiculata, rhodostoma, variabilis, striata, ainsi que les Bulimus acutus et ventricosus. I ne faut pas croire que ces espèces y vivent accidentellement, car plusieurs d'entre elles y existent dans un nombre immense, surtout l’Æelix variabilis, rhodostoma et aspersa; aussi trouve-t-on les dépouilles de ces espèces mélées confusément avec les coquilles les plus évidem- ment marines, comme les J’énus , les Solen et les Mactra, etc.

Ces faits pourront peut-être servir à expliquer la formation de ces brèches d’eau douce, qui existent dans différentes parties du globe sur le bord même de la mer, et dans lesquelles on trouve des coquilles terrestres souvent en très-grande abondance. Les brèches de Nice paroissent celles qui en contiennent le plus; du moins dans cette localité observe-t-on un grand nombre d'espèces différentes. Ces coquilles y sont pour la plupart ag- glomérées avec divers ossemens, et ont conservé presque toutes la nature intacte de leur test; elles sont même si peu altérées, qu’elles offrent encore toute la partie animale. Il n’en est pas de même de celles que l’on observe fossiles dans les brèches osseuses de Sète, de Gibraltar, de Corse et de Dalmatie, et presque toujours ces coquilles y sont à l’état pierreux.

Ce qui prouve que le mélange intime des fossiles d’eau douce et de la mer P'radque pas que les êtres auxquels ces dépouilles

Tome LXXXVII. JUILLET an 1818. F

42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

ont appartenu, ont vécu dans un seul et même liquide, c’est ce qui se passe encore sous nos yeux sur les côtes de la Médi- terranée, et principalement dans les environs de Nice (1). La mer y agissant sans cesse sur un calcaire marneux à Gryphytes et à Nautilites, qui lui sert de barrière, détache continuelle- ment du rocher ces pétrifications. Une fois qu’elle les a détachées elle les arrondit et les méle avec les coquilles marines actuel- lement vivantes , et les mollusques terrestres qui y sont entraînés par les eaux pluviales et le courant des fleuves. Ce mélange d'une nature si particulière, se dépose avec le sable, les galets et l'argile du rivage dans les creux que présentent les couches anciennes, et forme de nouveaux dépôts qui seront peut-être, pour les races futures, des sujets énigmatiques de méditation. Je le demande à ceux qui prétendent que les Planorbes et les Lymnées ont vécu autrefois dans le méme liquide que les Huiîtres et les Moules, s'ils ont jamais rien observé de plus concluant en faveur de leur opinion, que le seroit ce mélange , si on ne le voyoit s'opérer sous nos yeux, et qu'on püt avoir le moindre doute sur la manière dont il se forme. Nous verrons encore combien de faits s'opposent à ce qu’il en ait été ainsi; et pour admettre celte hypothèse, il faudroit supposer que les lois de la nature vivante éloient jadis totalement opposées à celles qu'on leur reconnoit maintenant.

Quant aux Mollusques à coquilles qui n’abandonnent presque jamais les bords des côtes, ou les terrains maritimes, nous n’en Connoissons pas un grand nombre ; l'Jelix albella est peut-être la seule espèce que nous puissions en citer. Il n’en est pas de même des Mollusques qui vivent dans les eaux sau- mâlres. Les uns, ne paroissant jamais dans la mer, ont été crus totalement propres aux eaux douces. Les autres, vivant éga- lement dans les eaux saumätres, quelquefois d’un degré de sa- lure extrêmement foible et dans la mer, ont été au contraire regardés comme entièrement marins. Parmi les premiers, on peut comprendre les Paludines de Maguelonne , que Draparnaud a décrites sous le nom de Cyclostoma acutum et V Auricula myo- sotis (2). Le Cyclostoma truncatulum pourrait fort bien être dans ce cas, Car je ne suis pas éloigné de penser qu'il vit également dans la mer. On ne peut pas eependant regarder lout-à-fait

(1) Journal de Physique, tome LXXVIT, septembre 1813. (2) Histoire des Mollusques de la France, pag. 40, pk 1 fig. 25.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45

comme une preuve de ce fait, la présence de celte coquille au milieu des Corallines de Corse, présence observée par MM. Syon- net et Faure Biguet (1), puisqu'il est si ordinaire de trouver des coquilles d’eau douce mélées confusément avec les Corallines, les Ulves et les Fucus. Ainsi ce genre de preuve ne peut avoir aucune sorle de certitude.

Les Mollusques qui vivent également dans la mer et les eaux saumâtres quelquefois peu salées, sont en grand nombre. L’es- pèce la plus commune et celle qui périt le plus tard à mesure que la salwre des eaux diminue, est le Cardium glaucum. Les Tellina planata et solida peuvent encore être comprises avec celle-ci; mais ce qui est bien plus remarquable, c’est de voir à une certaine distance de la mer, plus de 3 kilomètres et dans des étangs dont le degré de salure étoit à moins de 2°, des Vénus, par exemple le decussata de Linné, ainsi qu’une espèce voisine du Vénus gatan d'Adanson et l'Ostrea edulis de la Mé- diterranée. Ces coquilles se trouvent dans le lieu dont nous parlons, dans une telle abondance , qu’on les ramasse pour les manger. Tous ces mollusques y sont mélangés avec des Tellines, et au milieu de toutes ces espèces, vivoient des Oscabrions, des Aclinies et des Astéries. Les premiers de ces animaux, bien cerlainement marins, comme tous les Radiaires, pourroient-ils s’accoutumer peu à peu à vivre dans des eaux légèrement sau- mätres ? c'est ce que je n’oserai assurer. Du reste, ces différentes espèces n’ont point péri l'hiver dans les lieux je les ai ob- servées , quoique d’un autre côté la salure des eaux ils vi- voient füt beaucoup diminuée à cette époque. Il faut cependant observer qu'il est probable que si l’on voit certains Mollusques marins ne jamais abandonner le sein des mers, cela peut tenir à deux causes indépendantes de la salure des eaux, c'est-à-dire a une grande masse d'eau qui leur est nécessaire , ou bien au fond sablonneux qui convient à leurs habitudes. Ceux, au con- traire, qui n'ont pàs besoin pour exister d'une grande masse d’eau, ni d’un sol sablonneux , mais qui préfèrent un fond va seux, s'éloignent plus facilement du bassin des mers pour re- monter dans les rivières, ou plutôt pour vivre dans des mares plus ou moins saumätres. Probablement aussi ces diverses es- pèces de Mollusques périssent toutes à des degrés différens dans Ja diminution de la salure des eaux; mais pour décider ce point

{1) Journal de Physique, tome LXXII, pag. 42.

44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

important, mais délicat, nous avons besoin encore d'un plus grand nombre d'observations.

Nous avons déjà fait remarquer qu’il existoit un certain nombre de Mollusques à coquilles , qui paroïssoient ne jamais abandonner le bassin des mers; de ce nombre sont certainement ceux qui ont besoin d’un grand volume d’eau pour vivre, et toutes les coquilles pélasgiennes sont dans celte cathégorie. Mais il en est une foule d’autres qui, quoique vivant aux bords des côtes, et se tenant constamment près du rivage, s’éloigient cependant fort peu du bassin des mers; tels sont pamexemplefdans la Mé- diterranée, les Solens comme V’agina, Ensis,.Gladius, Siliqua, Strigilatus, le Cerithium asperum de Bruguières, Mactra stul- torum, avec diverses espèces d’Arca. Certaines espèces qui s’é- loignent peu des mers, et qui périssent même dès que la salure des eaux diminue d’une manière sensible, s’en trouvent quel- quefois écartées, mais ceci n’est qu’accidentel. Les Moules sont dans ce cas avec les Lepas, et l’on peut ètre presqu’assuré de trouver toujours ces Mollusques sur les rochers mouillés par des eaux salées en communication directe avec la mer. Cet éloi- gnement de la mer est toujours fort peu considérable. Les Moules m'ont paru en effet n'être jamais à plus d’un quart de lieue de la mer , et celles que j'en vues les plus écartées , sont celles que l’on voit sur la jetée pratiquée à l'embouchure de l'Hérault auprès de la ville d'Agde. Du reste, ainsi que nous l’avons déjà observé , il n’est pas rare de trouver à côté de ces Moules, des coquilles d'eau douce, soit qu’elles aient été transportées dans le bassin des mers par les fleuves, soit qu’elles aient été amenées de la côte même dans un moment de grand afflux de mer qui les rejette ensuite sur le rivage.

Les faits que nous venons de rapporter semblent prouver qu'il est une foule de degrés ou, si l'on veut, de circonstances qui modifient le besoin d'eau salée qu'exigent certains Mollus- ques aujourd'hui existans et regardés comme marins. Ces faits prouvent encore que la question de savoir si telle ou telle espèce est marine Ou d'eau douce, n'est pas aussi simple qu’on le croit généralement , et que mème par l'observation directe , il est des cas il est bien difficile de prononcer avec une complète certitude. S'il est des espèces que l’on doit regarder comme marines, et qui s’éloignent cependant des eaux ou des terrains salés, celles reconnues comme d’eau douce peuvent- elles également se rapprocher des lieux ou des eaux salés?

Nous avons vu qu’on rencontroit cerlains Mollusques ter-

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 45

restres dans les terrains salés; mais je ne connois aucun exemple de Mollusque vivant ordinairement dans l’eau douce , et qui se trouve également dans une eau salée à un certain degré. A la vérité, ceux qui vivent dans des eaux saumätres, peuvent être regardés comme intermédiaires entre les Mollusques vraiment marins et les Mollusques d’eau douce. D’après ces faits, on Pourroit se demander comment il est possible de trouver. dans des couches pierreuses, des coquilles marines et d’eau douce mélangées confusément ensemble , en n’admetlant pas qu’elles s’y rencontrent parce que les lieux on les voit étoient l'em- bouchure des fleuves; ou le point de contact des deux sortes de terrain. A cela, on peutrrépondre que les côtes de la Mé- diterranée (je ne sais s’il en est de même de celles de l'Océan) rendent assez bien raison de ce fait. Si les côtes de la. Médi- terranée qui sont au-dessus du Rhône (il en est probablement ainsi sur les côtes qui recoivent d’autres fleuves), venoient à se consolider et passer à l’état de couches pierreuses, on y trou- veroit, jointes et mélangées en bancs réguliers, qui n’indique- roient nullement des alluvions , un grand nombre de coquilles tout-à-fait marines avec d’autres d’eau douce ou terrestres. Il se pourroit que les coquilles que l’on trouve dans les brèches osseuses des côtes de la Méditerranée, eussent été refoulées dans les lieux on les observe aujourd'hui, par une élévation mo- mentanée du niveau de cette mer. M. Rüllot , qui a observé avec beaucoup de soin la formation des brèches osseuses des environs de Nice, semble assez porté à adopter cette hypothèse. Mais ce

ui pourroit paroilre encore plus singulier, ce seroit de trouver die côté des coquilles marines analogues à celles qui vivoient dans la mer voisine, tandis que certaines espèces. d’eau douce ne paroitroient point avoir leurs représentans dans les lieux on les verroit à l'état fossile , mais seulement à une assez grande distance. C’est ainsi que dans un espace de plus de trente lieues, nous avons observé sur les côtes de la Méditerranée, les Pupa secale , bords ventricosa , dolium , doliolum, avec les Helix nemoralis, strigella, rolundata el fruticum, espèces qui vivent toutes dans des régions plus froides, et quelques-unes même seulement dans les Alpes. Ces coquilles entraînées de la Durance dans le Rhône, sont charriées jusque dans la mer, qui les re- jette ensuite sur le rivage. Elles y arrivent souvent très-intactes et sans avoir perdu leur couleur.

En les rejetant sur le rivage, les ondes les mélent confu- sément avec les Solens, les Cérites, les Moules et les Cardium , ainsi qu'avec divers Mollusques d’eau douce qu'on trouve à peu

46 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

de distance de nos côtes , tels, par exemple, que les Pupa po- lyodon , tridens , Succinea amphibia , Lymneus palustris et Pla- norbis comeus. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que ce fait indique fort bien, comment il est possible que les Ambrettes et les Zymnees se voient quelquefois réunis à - l’état fossile, dans la même couche pierreuse , avec les Moules, les Gérites et les Vénus. Aussi MM. Cuvier et Brongniart n’ont-ils pas caractérisé les terrains d’eau douce uniquement par la pré- sence de quelques coquilles d’eau douce , mais bien par la grande prépondérance de ces productions. Nous le répétons encore, on n’a jamais observé au milieu de la formation d’eau douce, des coquilles marines, mais seulemént des coquilles d’eau douce au milieu des formations marines, ce qui s'accorde parfaitement avec les’ faits que nous venons de rapporter.

Ce que nous avons dit des Mollusques, peut également s’ap- pliquer aux poissons, avec cette différence cependant, que cer- taines espèces marines remontent très-loin dans les rivières et même quelques-unes à des époques réglées. L'exemple que nous fournissent les Saumons, les Esturgeons, les Muges et les Harengs, sont trop fameux et trop connus, pour qu'il soit né- céssaire de faire autre chose que de les rappeler ici. M. de Hum- boldt en a également observé un grand nombre remonter très- avant dans les fleuves d'Amérique. Il ne paroït pas cependant que les poissons d’eau douce s’avancent beaucoup dans les ri- vières exposées aux Courans des mers ; en eflet, la plupart pé- rissent lorsqu'on les met dans des eaux saumätres. Ceux qui vivent alternativement dans l’eau douce et l’eau salée sont, pour ainsi dire, intermédiaires entre les poissons marins et ceux d’eau douce. Les mêmes accidens pourroient donc faire rencontrer dans les mêmes formations, des poissons appartenant à ces deux genres d'habitation ; mais ceci ne peut-être que beaucoup plus rare; on en a une preuve dans les diverses formations l’on a trouvé des poissons fossiles. Il faut pourtant l'avouer, il est très-difficile de s'assurer de ce dernier fait, d’abord parce qu'il est peu de genres de poissons il n’y ait des espèces marines et des espèces d’eau douce, et enfin parce tous les poissons fossiles trouvés jusqu'ici, paroissent généralement dif- férer par leurs caractères spécifiques , de ceux qui vivent encore aujourd’hui.

Mais pour ne pas toujours généraliser dans une question du genre de celle qui nous occupe, citons quelques faits parti- culiers à l'appui de tout ce que nous avons déjà dit.

(La suite au Cahier prochain.)

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47

NOTE ADDITIONNELLE AU MÉMOIRE SUR LE POULPE DE L'ARGONAUE ; Par H. DE BLAINVILLE.

Dgpuis la rédaction de mon Mémoire sur le Poulpe de l’Ar- gonaute, dans lequel, comme on a pu le voir, j'ai cherché à démontrer que cet animal est véritablement parasite dans la co- quille on le trouve, M. John Cranch, zoologiste de la mal- heureuse expédition anglaise du Congo , a levé tous les doutes qui pouvaient resler à ce sujet, par la découverte d’une nou- velle espèce de Poulpe parasite, dans une coquille du même genre. Mon ami, M. le Dr Leach, s’étayant , avec jusle raison, de l'opinion de l'honorable sir Jos. Banks, noble patron des sciences naturelles en Angleterre, a publié un. Mémoire sur le même sujet, dans les Z'ransactions Plulosophiques pour 1817, dans lequel il adopte la même manière de voir que moi et telle que je la lui avois communiquée dans une de mes Leltres ; dans son dernier voyage à Paris, il a eu la complaisance de confier à mes observations un individu recueilli par M. Cranch. Pour compléter mon Mémoire, je vais d’abord rapporter ce que nous devons à ce zélé voyageur, ensuite je donnerai une description détaillée de lindividu que j'ai dessiné et décrit avec soin. Voyez Cah. de juin, fig. 2A et B.

Dans le golfe de Guinée on prit, au moyen d'un petit filet qui étoit toujours suspendu aux côtés du vaisseau , plusieurs individus d’une espèce de Poulpe qui nageoiïent dans une petite coquille d’Argonaulte à la surface de la mer. Le 13 juin, M, Cranch en placa deux individus bien vivans dans un vase rempli d’eau de mer; les animaux sortirent très-promptlement leurs bras, et se mirent à nager au-dessus etau-dessous de lasumface , absolument avec tous les mouvemens des Poulpes communs dans nos mers; par le moyen de leurs suçoirs ils s’attachoïent fortement à tout corps avec lequel ils pouvoient se trouver en contact; et lors- qu’ils adhéroient aux parois du vase, la coquille pouvoit être très-aisément abandonnée par les animaux. Ils avoient la faculté de se retirer entièrement dans leur coquille j'ainsi que de l’aban- donner entièrement. Un des individus mis en expérience quitta sa coquille et vécut ainsi plusieurs heures nageant autour el sans

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montrer la moindre inclinatiôn pour y rentrer; d’autres l'avoient abandonnée dans le moment ils furent pris dans le filet. Du reste, ces animaux changeoïent de couleur, comme les autres espèces de Brachioceéphalés, c'est-à-dire de Sèches et de Poulpes (1).

M. le Dr Leach ajoute ensuite à celte note extraile des manus- crits de M. Cranch, quelques observations sur cetteespèce de Poulpe qu'il regarde avec raison comme parfaitement distincte de toutes celles jusqu'ici connues; il la place dans le genre Ocythoë établi par M. Rafinesque, pour une espèce de Poulpe nu; mais ce zoologiste n’a eu aucunement l’idée de rapprocher du Poulpe, habitant de l’Argonaute, son Ocythoë, comme on pourroit le croire, d’après plusieurs passages du Mémoire de M. le D: Leach, et entre autres , de celui il dit : « Sir Joseph Banks et quel- ques autres naturalistes ont toujours pensé que le Poulpe que l'on trouve dans la coquille de l’Argonaute , en est un habitant parasite ; et M. Rafinesque , que sa situation sur les bords de la Méditerranée a mis dans la plus favorable position pour étudier cet animal et pour observer ses habitudes , l’a regardé comme devant former un genre nouveau, voisin des véritables Poulpes d’Aristote#et demeurant parasitement dans une coquille. » Le fait est que M. Rafinesque, en établissant son genre Ocythoë, dans son petit ouvrage intitulé : Précis des Découvertes et des travaux somiologiques ou zoologiques et botaniques de CG. S. Ra- finesque, Palerme, 1814, ne parle en aucune manière de l’Ar- gonaute (2); mais en consultant cet ouvrage , mon Mémoire

(:) C'est réellement une chose fort remarquable, et dont jusqu'ici l’on n’a pas encore essayé d'explication, que ce changement, sinon de couleur de ces espèces d'animaux, du moins de la variation continuelle dans la grandeur, la forme et l'intensité des taches de couleur purpurine, qui ornent la peau et surtout celle du dos de ces animaux ; ces taches sont continuellement en mou- vement, décroissant peu à peu jusqu'à disparoître presque entièrement, et re- naissant ensuite jusqu'à cesqu'elles aient atteint leur plus grand diamètre. On voit évidemment, à ce qu'il m'a semblé, que cela tient à un fluide coloré répandu dans des aréoles; maïs est-il en rapport avec celui qui circule dans les vaisseaux de l'animal? Cela n'est pas probable, puisque celui-ci n’est pas coloré en rouge. (R.)

(2) Voici ce qu'il dit: G. Oythoë, huit anténopes (tentacules ); les deux supérieurs ailés intérieurement, à suçoirs intérieurs pédonculés, réunis par l'aile latérale, aucune membrane à la base des anténopes.

O. tuberculata : ventre tuberculeux, dos lisse, anténopes de la longueur du corps, carénés extérieurement, à deux rangs de suçoirs, hwt suçoirs autour de ia bouche,

, etant

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étant déjà presque terminé, je crus reconnoitre que l'animal dont parle M. Rafinesque, formoit son genre Ocythoë, avoit beau- coup de rapports avec le Poulpe trouvé communément dans l’'Argonaute, et j'en conclus, comme on a pu le voir dans mon Mémoire, que puisque M. Rafinesque ne parloit en aucune ma- nière de coquille, il falloit que ce Poulpe, ou du moins une espèce fort voisine, n’en füùt pas toujours pourvu; ce qui me fournit un des argumens les plus forts que j'aie employés pour le soutien de mou opinion. Et comme en réponse à ma demande de renseignemens que m'avoit faite le D" Leach à ce sujet, je lui _exposai les raisons ‘qui me ramenoient à l'opinion que jai émise, et par conséquent la découverte d’un Poulpe nu à ten- tacules supérieurs palmés, faite par M. Rafinesque , el établie en un genre particulier, mon ami aura pu être induit en er- reur, et croire que c’étoit M. Rafinesque qui avoit eu le pre- mier l'idée de rapprocher son Ocythoë du Poulpe de l'Argonaute.

Mais passons à la description de cette nouvelle espèce de Poulpe ou d'Ocythoë, que M. Leach a dédiée à M. Cranch sous le nom d’Ocythoë de Cranch; elle est représentée dans la planche du mois de juin, fig. 2, À et B, au double de sa grandeur uaturelle. Son corps a en effet à peu près un pouce de long, et deux environ en mesurant de l'extrémité du sac jusqu'à celle des tentacules les plus longs. La forme générale est évi- demment celle du Poulpe ordinaire, avec cette différence prin- cipale, et qui paroit se trouver dans toutes les espèces d'Ocy- thoë, que le corps est proportionnellement plus long que dans les Poulpes véritables, chez lesquels en effet, les tentacules sont cinq ou six fois plus longs que lui, au lieu qu'ici ils le sont à peine deux fois. Le corps proprement dit est presque globuleux, comme gibbeux , très-oblus ou arrondi à son extré- milé postérieure, et enveloppé par un sac épais , très-musculeux évidemment parsemé en dessus de très-petites taches de couleur pourpre et changeante. Ce sac est parfaitement symétrique, ainsi que toutes les autres parties du corps, les membranes des ten- tacules supérieurs exceptées, largement ouvert latéralement et en dessous ; il n’est adhérent qu’à la partie supérieure du cou. De chaque côté et un peu en dedans, on voit, comme dans tous les autres Brachiocéphalés, une petite excavation qui recoit un tubercule correspondant des parties latérales du corps. La ca- vilé branchiale est extrémement grande comme dans tous les Poulpes, et les branchies sont comme dans ces animaux. Le tube excrémentitiel, ou canal commun communiquant avec la

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50 JOURNAL PHYSIQUE, DE CHIMIE

cavité respiraloire, est très-considérable et dépasse beaucoup les yeux, de manière à s'étendre jusqu’au-dessous de la bouche, ce qui existe à peu près de même dans le Poulpe de l'Argo- naule conservé au Jardin du Roi; il est entièrement adhérent au-dessous de la tête également comme dans celte espèce; mais une observation faite par*M. Leach, et que je n’ai pas eu l'oc- casion de vérifier, c’est que dans le fond de ce tube, sont quatre taches oblongues, deux inférieures et latérales, et deux supé- rieures plus grandes, assez semblables à des organes propres à une sécrétion de mucus. La tète moins distincte peut-être que dans les véritables Poulpes, est pourvue latéralement d’yeux extrè- mement grands. Les tentacules dont elle est armée antérieu- rement, sont lrès-épais, la paire supérieure un peu plus que les autres, qui diminuent un peu de É supérieure à l'inferieure ; ils sont eu général assez courts, encore plus que dans le Poulpe de lArgonaute du Jardin du Roi, puisqu'ils sont assez loin d'égaler deux fois la longueur du corps, et parfaitement séparés jus- qu'à leur origine; tous sont armés dans toute la longueur de leur face interne, qui est presque tout-à-fait plate, de suçoirs nom- breux, serrés , alternés, peut-être un peu pédonculés, mais évi- demment moins que dans l'espèce du Muséum; ils sont éga- lement serrés jusqu’à la circonférence de la bouche; mais peut-être dans l’état frais, le premier de chaque rangée est-il un peu séparé comme dans l'espèce que je viens de citer. Les teuta- cules supérieurs un peu plus longs et plus forts que les autres, comme il a été dit plus haut, sont retenus dans une sorte de flexion forcée au moyen d'une membrane évidemment chargée d'un très-crand nombre de très-petits plis à la face inférieure, ce qui la rend assez épaisse et comme spongieuse, el ce qui très-probablement est à la force de la liqueur conservatrice. Dans l'individu qui sert à ma description, la disposition de celte membrane n’est pas tout-à-fait semblable à droite et à gauche; en effet, à l’un des tentacules supérieurs, elle ne lui est adhé- rente que par sa parlie inférieure, comme l'a très-justement fait observer M. le D' Leach; il paroït même, d'apr s ce qu'il en dit, qu'elle est sujette à beaucoup de variations dans sa po- silion comme dans sa forme, el que souvent elle diffère même sur les deux côtés du même individu. Les ventouses qui ar- ment les deux tentacules ont absolument la même forme et la même disposilion que pour les autres, tandis que dans l’espèce dont j'ai donné la description dans mon Mémoire, ils m'ont semblé beaucoup moins nombreux et par conséquent plus espacés.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55

La couleur de cette petite espèce de Poulpe paroil avoir été assez vive, non-seulement sur le corps proprement dit, qui est orné d'un grand nombre de petites taches pourpres, mais en- core sur la tête, l’entonnoir, la face interne des tentacules , et même la membrane des supérieurs.

Quant à son organisalion intérieure, je n'ai pu, non plus que M. le Dr Leach, trouver de différences notables avec ce qui a lieu dans les Poulpes ordinaires. La différence des sexes est la même. De tous les individus observés, dit M. Leach, il ne s'en est trouvé qu'un seul mäle, tous les autres étoient fe- melles, et avoient un paquet d'œufs qui occupoit le fond de la coquille qu’elles habitoïent. L'une d'elles qui , d’après le même observateur, avoit déposé tous ses œufs, éloil entièrement re- tirée dans sa coquille, el son corps offroit d’un côté toutes les impressions de la surface interne de celle-ci, et les suçoirs de tous les tentacules étoient diminués de grandeur, comme si cela provenoit de cette pression. L'individu que j'ai observé, n'offroit certainement aucune trace d’avoir été contenu dans une coquille. Quant à celle-ci, je ne l'ai pas vue, mais il paroït que tous les individus ont été trouvés dans la même espèce, etque c’est celle que M. Denys de Monfort a nommée l’Argonaute évasé Argonaute patula; j'ignore au juste de quelle manière l'animal étoit disposé dans cette coquille; M. Leach n’en dit rien, et la figure qu'on en a donnée dans la relation de l'expédition à la recherche de la source du Congo, sont si peu claires, qu'il est presque impossible de s’en servir pour rien déterminer à ce sujet; c’eùt cependant été un point important à éclaircir, ainsi que de savoir au juste si celte position est constamment la même. C’est ce que les Ébéervateurs subséquens devront étudier en même temps que le mode de natation de ces animaux, ainsi contenus dans une coquille qui ne leur appartient certainement pas, et qui me paroit toujours assez difficile à concevoir.

Quant à la nature des œufs qu'il est assez singulier que l’on trouve dans un grand nombre de ces coquilles, contenant un Poulpe à tentaculessupérieurspalmés, nous avons vu que M. Denys de Monfort et quelques autres zoologistes, d’après lui, ont dit avoir reconnu que le petit animal qu'ils contenoient avoil déjà sa coquille, assertion que nous n’avons pu confirmer, et que l’analogie ne nous permettoit pas d'adopter. Tout doute à ce sujet nous paroît levé par les observations de sir Everard Home sur cette matière , publiées dans les Transactions Philosophiques Pour 1817, et qui sout faites sur des individus de la mème espèce

G 2

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de Poulpe, recueillis par Cranch. Ces œufs sont, dit-il, unis entre eux par des pédoncules, absolument comme ceux du Poulpe commun, Sepja octopus ,: Linn., et leur sont entière- ment semblables sous tous les rapports (1); ils diffèrent de ceux de la Janthine, Æelix Jantina, Linn., et des autres vers testacés qui vivent dans l’eau, parce qu'ils ne sont pas contenus dans des espèces de nids chambrés, et parce qu'ils ont au contraire un jaune considérable pour servir à la nourriture du jeune animal , lorsque l’œuf est éclos. Ainsi, suivant sir Everard Home, c'est encore un caractère qui sert à prouver que cet animal ne doit réellement pas avoir de coquille; et que si on le trouve dans celle de l’Argonaute, ce ne peut être qu’accidentellement; et, ajoute-t-il, si quelques personnes ignorantes en Anatomie com- parée, ont assuré avoir vu dans des œufs trouvés dans une co- quille d'Argonaute , une coquille semblable à celle-ci, elles auront pris le jaune de l’œuf pour une coquille. :

T

De la mesure de Peffort journalier d’un moteur animé; Par M. HACHETTE.

Euger a donné, dans les Mémoires de l'Académie de S'aint- Pétersbourg, années 1760 et 1761 (pag. 245), une formule pour exprimer l'effort de l’eau sur l’aile d'une roue à aubes. Nom- mant » et w les vitesses de l’eau et de l'aile, L la hauteur gé= nératrice de la vitesse », la surface de l'aile, et faisant pour abréger a*h— A, on suppose que l’effort A’ de l’eau contre l'aile

CE. 90 u\? . : est exprimée par ( !) . Comparant ces vitesses # et x à celles

d’un moteur animé qui marche librement, ou qui marche en faisant un effort capable de mettre une machine en mouvement, Euler considéra la quantité À comme l'effort maximum d’un mo-

QG) Sans entrer ici dans des détails nécessairement déplacés sur la structure vraiment remarquable des œufs des Sèches, je dois rapporter une observation que j'ai eu l’occasion de faire plusieurs fois sur des groupes de ces œufs nommés raisin de mer sur les côtes de la Normandie, et qui donne un nouvel exemple d'animaux exécutant toutes leurs fonctions au sortir de l’œuf, c'est que si l’on en ouvre un au moment de sa maturité et dans l’eau, la jeune Sèche en sort en jetant son encre et en cherchant à s’échapper en tous sens, ayec autant de vitesse et de facilité que les plus grands individus.

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teur animé, ou comme le plus grand effort de ce moteur dans l'état de repos, c’est-à-dire quand 4 0, auquel cas la formule

A'— A (: —*) donne A’— À. Elle donne encore A'— 0,

quand u = v; ainsi elle est vérifiée pour les deux limites o et de la vitesse u.

M. Schulze, dans un Mémoire de l'Académie de Berlin, année 1783, a fait voir que cette formule se vérifioit par rap- port à l'homme, pour des valeurs de 4 comprises entre les limites précédentes. J'ai recherché si elle se vérifieroit de même par rapport au cheval.

Les expériences faites avec le dynamomètre , ont appris que l'effort maximum d’un cheval attelé, est moyennement de 400 kilogrammes. Sa vitesse par seconde, lorsqu'il marche libre- ment au pas, est de 1,66 mètre par seconde, de 3",3 au trot, et 5,3 au galop.

Ainsi l’on a A— 400; v—1",66.

Ayant recueilli plusieurs observations sur la vitesse du cheval attelé à un manége, je choisirai de préférence celle que j'ai faite rue Mouffetard, 80, à la brasserie dite du bon Pasteur. Là, trois chevaux sont attelés au même manége, et font mou- voir des pompes qui élèvent 155 muids d’eau à la hauteur de 132 pieds. La durée du travail journalier est de 4 à 5 heures, selon que les pistons sont en bon ou mauvais état, Cette action des trois chevaux équivaut à 1784 grandes unités dynamiques (un mètre cube d'eau élevé à un mètre); ce qui donne pour chaque cheval 595 unités.

Le diamètre du manége est de 6 mètres, et ils font 13 lours en 5'; la vitesse par seconde est 0”,8.

Ainsi l’on a 4— 0",8, ou 8 décimètres. Substituant ces va- leurs de A, » et w dans la formule, on trouve

; A'— 100", ce qui est le lirage ordinaire des chevaux. Je ne l'ai pas me- suré directement ; mais connoissant la vitesse, le tirage et le temps du travail journalier, 4 heures, par exemple, il est facile de voir que l'effet dynamique journalier, est environ 1185 unilés, qui est réduit à l'effet utile de 595. Cette nouvelle application de la formule d'Euler, semble prouver qu’elle peut servir à cal- culer l'effort journalier d’un moteur animé, quel qu'il soit, et que le résultat se rapprochera davantage de l'expérience que pour le mouvement de l’eau qui vient frapper les ailes d’une

54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE rouc à aubes, quoique la formule ail été faite pour celle espèce de mouvement.

En effet, prenant A’ pour la pression de l’eau sur l'aile, l'effet dynamique seroit cette pression multipliée par la vitesse u,

* °’ ee "7 » x , 7 ou Au( 5) - Différenciant cette quantité et égalant à zéro ladif-

. . v Q Des

férentielle, on auroit u=— 3: Or, on sait par expérience , que la

vitesse correspondante au maximum d'effet a une valeur plus voi- . v FN ; 5 » .

sine de ; que de 35 C'estpourquoi Borda avoit supposé que lapres

sionsur l'aile de Jasurface 4°, étoit a?v(v—u); ce qui donne pour l'effet av (u9 w); égalant à zéro la différentielle de cette quantité,

y 0 . . On a u =. Suivant Smeaton, la vitesse du maximum d'effet est

à très-peu près les + de la vitesse de l’eau. Que cette vitesse soit la moitié ou les 2 de celle de l’eau, la vitesse que l’eau conserve après avoir frappé les ailes de la roue, est totalement perdue pour l'effet dynamique. 11 est donc bien important, si l’on veut écono- miser la force motrice, d’assimiler les roues à aubes aux roues à augets, par le procédé nouvellement introduit en France par M. Atkins. Ce procédé consiste à faire tourner les ailes dans une portion cylindrique d'un rayon très-peu différent de celui de la roue. Ce cylindre placé à la naissance du coursier, a pour arêtes, des droites parallèles à l'axe de la roue; il se termine au plan vertical passant par cet axe, et son arète supérieure est à la hau- teur du niveau de la source.

Cet exemple, joint à beaucoup d'autres que nous avons sous les yeux, fait voir que dans l’état actuel de la science des Ma- chines, l'étude et l'invention des formes qu'il convient de donner aux diverses parties d’une Machine, contribuent essentiellement aux progrès de cette science.

MEMOIRE Sur la propriété que le Fer acquiert dans certaines cir- constances, de colorer le verre en bleu et deremplacer ainsi le Cobalt; | Par M. C. PAJOT DESCHARMES ,

Jusqu’A présent on ne connoît que le Cobalt et ses diverses préparalions , comme propres à colorer en bleu sous diverses

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 55

nuances inaltérables , les verres, les émaux, les porcelaines, faïences, poteries et aussi les empois qui servent aux äppréts des batistes, linons ou autres liuges fins.

On n'’exploite pas en France des mines de Cobalt. M. le cointe de Beust, avant 1989, avoit commencé l'exploitation de ce métal, près Baguères de Luchon; mais différens motifs lui firent bientôt abandonner cette entreprise.

Tout le Cobalt qui se trouve dans commerce, soit en métal, soit en safre, smalt et azur, se lire de l'étranger, et principalement de la Suède, de l'Autriche, de la Saxe et aussi de la Hollande (x); ces diverses substances sont chères; il seroit infiniment utile à ceux de nos arts auxquels elles sont indis- pensables, que l’on püt se procurer une matière propre à les suppléer à un prix modéré.

Depuis long-temps c’est une chose connue, que le Fer est susceptible de recevoir la couleur bleue, et de la communiquer en outre à certaines substances ; mais les modifications que ce métal doit subir, influent beaucoup sur le résultat qui s'obtient par la voie sèche ou par celle humide. Je ne parlerai ici prin- cipalement que du premier moyen, comme Je seul qui im- porte et soit relatif à l’objet de mes recherches.

J’avois, en maintes occasions, été à même de remarquer par suile de mes travaux concernant l’art de la verrerie, que le Fer pouvoit procurer aux divers corps avec lesquels il se trouvoit allié, tantôt la couleur rouge sanguine et tantôt celle bleue qui m'intéresse. Je savois que celle-ci étoit plus fréquente qu'on ne pourroit d’abord le croire, mais il étoit difiicile de reconnoitre dans quelles circonstances particulières cette dernière couleur étoit produite. Je voyois des morceaux de picadil (2) sortir de la fosse des fours de verrerie, alimentés en bois ,avec une couleur bleue plus ou moins intense, les laitiers des fourneaux de forges (3) recevoir aussi la même teinte,

(1) La Hollande tire de la Saxe tout le smal£ qu'elle met dans le com- merce après lavoir raffiné; elle en prépare annuellement pour une valeur de plusieurs millions de francs.

(2) Dans les verreries alimentées avec le bois, on donne le nom depicadil à du verre tombé des pots, des cannes et des autres instrumens dans le four , il ne tarde pas à prendre une couleur plus ou moins olive ou noire à raison des cendres, des charbons et dufer des outils dont il se trouve entaché par suite de son mélange avec ces substances.

. (6) Le laitier des hauts-fournaux est une espèce de verre terreux composé d'argile et de chaux, et coloré par le fer de la mine et le charbon.

56 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

le verre des bouteilles à vin (1) se revêtir de la mème couleur, lorsqu'elles étloient exposées long-temps au feu; le même verre se colorer tantôt en rouge, tantôt en bleu, lorsque pour le convertir en porcelaine, dite de Réaumur, je V'enveloppois d’un cément particulier, c’est-à-dire de sulfate de chaux, quand je desirois obtenir la couleur bleue (2). J'observois que les glaces vues en pile, et du côté de leur tranche, présentoient des couleurs plus ou moins bleues ou d’un vert bleuätre; je trouvois parfois la surface de quelques-unes tachées tantôt de veines bleues , tantôt de veines vertes tirant sur le bleu. Je les voyois même entièrement teintes d’une nuance fortement azurée, lorsque dans certains essais je ne me servois pour fondant que de sulfate de soude (3); celles opales ayant pour fondant le sel de soude des îles Canaries, réfletoient aussi principalement la couleur bleue; les verres à vitre et ceux en table, lorsque le sel

EE A PO CE mere

(1) Le verre du fond des pots des verreries à bouteilles est aussi suscep- tible de se coloreren bleu, surtout quand les pots sont chambrés, c'est-à-dire quand la fente du pot par le verre s’écouloit, a été bouchée ayec une masse ou pelotte d’argile composée et fraiche que l'on a appliquée contre. C’est dans le fond des pots que se précipitent les parties du fer non incorporées suffisamment avec la masse vitreuse dans laquelle elle se trouve quelque temps * suspendue. En général, le verre du fond des pots des verreries est plus bleu que celui du dessus. Cette différence est remarquable, surtout dans les gla- ceries et les verreries à vitre.

(2) Le sable argileux ou l'argile seule, produit aussi les mêmes veines bleues qui, pour l'ordinaire , traversent toute l'épaisseur du vase, vis-à-vis le cément, lorsque ce verre n’a que quelques lignes d'épaisseur; ces accidens sont en outre subordonnés à l'intensité et à la durée de la chaleur.

(5) Une de ces glaces bleues a été soumise à l'exposition publique de l'an VI (1796) ; elle étoit accompagnée d’une autre glace de couleur olive. Ces deux glaces colorées diversement par le fer, ont été transformées en deux plateaux electriques d'environ trois pieds et demi de diamètre. J'en fis don dans le temps à M. Gautherot, qui s’est beaucoup occupé d'en comparer la vertu avec celle d’un plateau de même dimension en verre de glace ordinaire, c'est-à- dire de couleur blanche et aérienne. Ces deux plateaux furent, par la suite, soumis au four de M. Billaux, à l'effet d'ajouter encore à l'énergie de leur électricité; il seroit important de savoir dans quelles mains ils ont passé depuis le décès du physicien qui les a eues le premier en possession. Ilssont curieux , et par la différence de leur propriété électrique, et par leur composition ; celle bleue est le résultat du sulfate de soude employé comme principal fon dant, et celle couleur olive provient du muriate de soude gris, ou autrement sel de gabelle, employé commeprincipal flux.

La couleur opale obtenue dans les glaces ordinaires avec le sel de la soude des iles Canaries, tient à la méthode particulière usitée dans ces îles pour la préparation de cette marchandise.

de

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 5y

de soude formoit une des parties fondantes , retenoient une teinte bleue proportionnelle à la mixtion. Les lagres (1) qui servoient

our étendre ces sortes de verre, devenoient aussi d’un bleu

ien prononcé aux endroits couverts, soit par le muriate de fer brun et brillant dont il sera parlé plus bas, lorsque cette substance remplacoit le crocus ou safran doré d’antimoine , soit par celui-ci que l’on a coutume de saupoudrer dessus les mêmes lagres.

D'autre part, dans mes expériences de laboratoire, la soude d’Alicante prenoit la couleur bleue à l'endroit elle étoit touchée par l'acide sulfurique. Le sulfate de fer employé à la marbrure du savon présentoit cette même couleur (fugace toute- fois) par le contact de l'acide sulfureux, la même pâte en dis- solution produisoit une semblable teinte (mais plus tenace), par l'action de l'acide sulfurique (2). La potasse du nord et le scl de soude d’Alicante non purifiés, mais fortement calcinés, re- cevoient la même nuance (3). Les dernières portions des eaux- mères du sulfate de soude traitées dans des vases de fer, ac- quéroient la même couleur, le fer lui-même devenoit d’un gros bleu , étant traité à une température d’environ cinq degrés du py- romètre de Woodgood, couleur toutefois qu’une plus forte cha- leur lui enlevoit, tandis que celle qu’il obtient, comme on le verra plus bas, dans le four à décomposition, se communique au verre éprouvant une chaleur de 160 degrés du mème pyromètre, sans paroître en être altéré.

Tous ces indices me portoient à regarder l’oxigène comme jouant ici un rôle important, je le voyois dès-lors se développer dans les acides des muriates et sulfates de soude, considérés comme des agens intermédiaires propres àproduire cette couleurbleue, lorsque ces sels, dans certaines circonstances, se trouvoient en contact avec le fer, se présentant lui-mème dans une oxidation conve- nable; j'étois d'autant plus disposé à me pénétrer de cette idée, qe j'avois par devers moi la cerlitude que ce métal employé

ans son état naturel, même dans l’état qui le constitue prussiate

(1) Lagre est le nom que les verriers allemands souffleurs de verre à vitre façon d'Alsace et de Bohême, donnent à un manchon ordinairement plus épais et plus grand que ceux qu’il est destiné à recevoir pour être étendus dessus sa surface.

(2) Jayez mon Traité du Blanchîment des fils ettoiles, pag. 119.

(3) On sait que la plupart des potasses du nord contiennent plusieurs sels neutres, de même que toutes les masses salines extraites des cendres des vé- gétaux. Les soudes d'Espagne sont dans la même catégorie.

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de fer ou bleu de Prusse, soit en forte, soit en petite dose avec l’alcali et la silice seuls, sans mélange d'aucun des sels neutres ci-dessus indiqués, ne produisoit que du verre plus ou moins olive ou noirtre.

D'après ces diverses considérations, je me décidai à tenter des deux essais Isuivans : 1°. je saisis le. moment un pot du four de fusion de la manufacture des glaces de Saint-Gobain, que je dirigeois alors, avoit recu tous ses enfournemens de ma- tüière ordinaire, et les muriate et sulfate de soude, seuls sels neutres que Ja soude employée contenoit, étoient sur le point de cesser de s’évaporer (1) pour faire oxider un instant par la flamme et au-dessus de la surface du verre, un crochet servant à tirer des larmes d'essai; il le fut en effet à tel point, que la partie fortement chauffée tomba sur les flots du verre avec lequel, sans cel accident, je voulois seulement le mettre en contact. Ce cro- chet, comme on s'en doute bien, ne tarda pas à être dévoré ou dissous par les sels en ébullition. Ce fut l'affaire de quelques secondes. J’eus soin aussitôt de faire tréjeter (2) dans une des cuvelles placées au bas du pot, le verre qui venoit d’être gâté, afin de préserver le reste de la polée. On eut l'attention, en conséquence, d’enlever, autant que possible, le verre de la place étoit tombé le crochet. Lorsque l'instant de couler la cuvette fut arrivé, ce ne fut pas sans une agréable surprise que je vis la glace qui provenoit de cette coulée, sortir toute bariolée de bandes bleues bien prononcées, mais sous diverses nuances. Deux morceaux de 24 pouces sur 17 de cette glace unique dans sôn . genre , infiniment précieux sous le rapport de l’art nouveau qu'ils laissent pressentir, et dont un jour elles pourront attester

(1) Il paroît que dans le moment de l'apparition des fumées des matières, les muriates et sulfates de soude sont en partie décomposés , si l'on en juge par lesdiverses couleurs bleues, rouges, et autres nuances que prend alors la flanme qui sort du four , et aussi par l'odeur particulière à l'acide marin qui, dans ce moment , se faitremarquer, eten outre par la rouille dont se couvrent de suite tous les outils en fer et en ‘cuivre, le plus à portée des ouvreaux. Ces der- niers effets sont plus sensibles dans les temps bas et pluvieux ; d’un autre côté, les ardoises dont sont couvertes les halles des fours de fusion, sont aussi promp- tement dégradées, et en quelque sorte dissoutes par les fumées des sels qui s'é— chappent des pots, lors de la fonte des matières.

(2) C'est ainsi qu'est nommée l’action de puiser trois fois de suite avec la même cuillier de cuivre rouge le verre d'un pot pour le verser dans les cuvettes qui l’approchent. On a l'expérience que si cet instrument faisoit plus de trois fois de suite ce service, sans être rafraichi, il courroit risque de rougir, de fondre et de donner au verre une couleur plus oumoins pourpre.

ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 59

l'origine , sont déposés, l'un au Conservatoire des Arts et Métiers, et l’autre dans l’une des salles de la Société d'Encou- ragement. re

2°, Le succès d'une épreuve aussi directe me conduisoit na- turellement à essayer des compositions propres à produire une masse vitreuse toute colorée en bleu, et dans une nuance égale plus ou moins vive à volonté. Voici comment je suis parvenu à atteindre cet objet de mes desirs: A un mélange de carbouate de soude, sous forme conerète et de silice, j'ai joint une quantité de sulfate de soude moindre que celle de carbonate ; de plus, une quaulilé de muriate de soude beaucoup moindre que celle du sulfate. Enfin, j'ai ajouté une quantité infiniment petite de muriale de fer sous couleur jaune mat (1). Au bout d'une heure d'exposition du creuset sur l’ouvreau du milieu du four, expo- sition faite après la cessation totale des dernières fumées des ma- üères vitrifiables enfournées dans les pots, j'ai obtenu pour re- sultat une masse de verre totalement bleue, mais vergelée de diverses teintes (2). J'ai répété plusieurs fois cette experience, et à chacune j'ai recueilli un verre semblable et entaché des mêmes accidens de couleurs, accidens que j'attribue au peu de mouvement que la matière subit dans-un vase qui ne contient

ue quelques onces (3), et qui d'ailleurs , pourla fonte, n'éloit pas placé le plus avantageusement possible. Pour éloigner toute incertitude sur une opération de cette importance, il auroit fallu lui consacrer un pot tout entier, ou au moins une cuvette, mais je ne pouvois ainsi compromettre le cours d'une fabrication ré- gulière , beaucoup plus intéressante pour les propriétaires et ad+ ministrateurs d'un établissement dont les travaux m'étoient con: fiés, sans auparavant avoir recu leur consentemeñt à une expérience de ce genre.

C’est en l'an VI (1796)(4), que j'ai commencé, à la glacerie

(1) C'est la couleur que prend le fer du sulfate, de 0e nom, lorsque par J'intermède de ce derñier on décompose le muriate de soude à froid, et'par la voie humide.

(2) J'en ai remis dans le temps un échantillon à plusieurs personnes, entre autres à M. Guyton de Morveau et à M. Darcet Gls.

G) Ces creusets qui résistoient parfaitement à l’alternative du passage: brusque du chaud au froid, sans les y disposer à l'avance, étoient composés de parties égales de terre de fossé près Forges, bien épluchée, et de ciment ou de cette même terre cuite à grand feu. Ils pouvoient servir plusieurs fois même succes sivement à une quantité quelconque d'expériences semblables.

(4) Dans le mois de septembre de l’année suivante, ayant reçu la visite de

EH 2

60 JOURNAL DE PHYSIQUE, CHIMIE

de Tour-la-Ville, près Cherbourg, dont je dirigeoiïs alors les lravaux, mes expériences sur cette couleur bleue obtenue du fer; Je me suis livré à leur continuation à Saint-Gobain en 1805, d'une manière en quelque sorte concluante, d'après ce que je Viens de rapporter. Depuis, j'ai eu la satisfacuon de voir se confirmer très-favorablement l'emploi des moyens que j'avois mis en œuvre pour colorer le verre en bleu par le muriate de fer, J'avois établi à Soissons en 1808, une fabrique de soude arüficielle; parmi les différens procédés que je pratiquois pour la décomposition du sel marin, je comptois ceux par le sulfate de fer et les pyrites, l'une et l'autre substances traitées à ma manière; je ferai observer ici, 1°. que les dernières portions de sulfate, mélées d’un peu de muriate desséché dans des chau- dières de fonte appropriée à la réduction des eaux sulfatées , prenoïent sur la fin de chaque cuite, une couleur bleue très- foncée; 2°. que le muriate de fer que j’obtenois après la décom- posilion du muriate de soude, étoit sous la forme d’une espèce de fécule d'un brun foncé et à facettes extrêmement brillantes ; 3. que mon four de décomposition étoit construit en briques et pavé de même; cependant le pavé étoit recouvert de plu sicurs rangées de briques l’une sur l’autre pour en couper les Joints; chaque fois qu’il falloit renouveler celui-ci, ainsi que le pourtour du bas de la voûte, je trouvois surtout sous ce der- nier des masses plus ou moins fortes de muriate de fer (1) at- laché aux briques, mais teintes, ainsi que celles-ci, en belles nuances bleues, avec la différence que couleur du muriate étoit infiniment brillante, à raison du poli naturel de ses paillettes semblables à celles du mica, mais infiniment plus petites, dont noûs avons déjà dit que se composoit cet oxide particulier sous sa couleur brune-noirâtre (2). En ee der-

M. Vauquelin, qu'accompagnoit M. Descotils père, j’eus le plaisir de montrer à ces messieurs tous les résultats des diverses expériences dont je m'occupois: alors, et qui font en partie l'objet de ce Mémoire.

(1) Il m'a semblé que je pouvois conserver le nom de muriate de fer à cet oxide bleu, attendu qu’en recevant cette couleur, il a non-seulement conservé la forme extérieure sous le rapport de ses facettes, mais aussi le poli vif et brillant qui les distingue au sortir du four de décomposition du muriate de soude.

(2) Lorsque le muriate prend cette couleur, il contient en ce moment très-peu d'acide, et sa décomposition tire à sa fin; c’est alors que cet oxide ap- paroït comme une espèce de fécule plns ou moins agglomérée , et à face en quelque sorte micacée, extrêmement brillante. Sous cette forme, le fer mélé aux matières salines indiquées, ne m'a donné que du verre olive ou noirâtre plus ou moins foncé.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 6:

nier etat, il est susceptible de recevoir plusieurs applications utiles et agréables. Je me propose de faire connoître plus tard toutes celles dont je me suis occupé; pour l'instant, je ne ferai mention que de l’oxide qui nous occupe sous le rapport de sa propriété colorante,

Satisfait, comme on peut le croire, de trouver un oxide de celte couleur parfaitement égale et équivalente pour la nuance à celle du bleu de ciel, je n’eus rien de plus pressé que de vé- rifier si elle pouvoit se communiquer à une masse vitrifiable, composée seulement d’alcali minéral et de silice; mes desirs à cet égard furent réalisés, et j'eus le plaisir de sortir du creuset un tube de verre totalement et également coloré, dans une nuance toutefois un peu foible et proportionnée à la quantité d'oxide employé. J'ai remis depuis à des émailleurs des échan- tillons de ce tube (1), dont je conserve encore quelques restes. J'avois à cœur qu'ils en éprouvassent l’inaltérabilité au feu; cette Fra précieuse est très-recherchée dans l'emploi de ces sortes

e verres pour émaux; mes émailleurs n’ont point eu du tout à se plaindre des échantillons que je leur ai remis.

Ces diverses expériences que je viens de transcrire, semble- roient, ainsi qu’on peut en juger par leur résultat, mettre sur la voie de donner au verre la couleur bleue, pour ainsi dire à volonté, par le moyen du fer oxidé à un certain degré, et par conséquent sans faire usage du cobalt ni de ses prépara- tions. Tout donne même lieu de croire que si l’on se trouvoit à même de continuer des essais avec les facilités desirables pour leur exécution en grand, on ne tarderoit pas à voir réa- liser une fabrication qui intéresse essentiellement les arts qui en réclament des produits estimés, année commune, d’après les tableaux d'importation, à une valeur numéraire de douze à quinze cents mille francs , dont la France est tributaire de l’étran- ger. Si j'ai un regret, c'est de n’être pas à portée de mettre à ce travail la dernière main. Je terminerai par l’observation sui- vante : si l’on combine, soit séparément, soit conjointement les deux expériences par l’oxide jaune et par l'oxide bleu, il n’est pas douteux qu'on obtiendra un résultat qui contribuera beau- coup au perfectionnement de la méthode propre à donner au

(1) Je crus devoir donner à ce verre la forme d’un tube, jpréférablement à toute autre, parce qu’en cet état il étoit plus susceptible d’être divise sans perte sensible, et qu'il se prêtoit en outre plus aisément à l’action de la flamme de la lampe d’émailleur.

G2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

bleu produit par le fer, l'intensité nécessaire: pour remplacer le cobalt : dans le cas du succès, il ne s’agiroit plus alors que de trouver les moyens d'obtenir l’un et l’autre oxide à volonté, et au prix le plus bas possible. Je compte les faire connoitre dans un Mémoire particulier.

EEE

OBSERVATIONS SUR LES CARACTÈRES DU GENRE ATRIPLEX ; Par M DUPONT.

LE genre Æiriplex, qui fait partie de la famille naturelle des Chénopodées, a été placé par Linné dans la Polygamie mo- nœcie, formant le premier ordre de la 25° classe de son Sys- tème sexuel des Plantes. Ce grand botaniste attribue aux espèces de ce genre, des fleurs de deux sortes, réunies sur le même individu ; les unes hermaphrodites, pentandres, à calice 5-phylle, à fruit déprimé ; les autres femelles, à calice 2-phylle, à fruit comprimé.

Tous les auteurs qui sont venus depuis Linné;.ont reproduit le caractère essentiel de ce genre, tel qu'il l’avoit établi. Il paroît que ce caractère a été adopté et répété de confiance. En eflet, le plus léger examen auroit pu faire reconnoitre qu'il est évi- demment erroné dans la plupart des espèces qui constituent ce genre; et un examen plus altentif auroit pu ensuite faire Couvrir qu'il n’est pas non plus applicable aux autres espèces, en plus petit nombre, auxquelles il semble convenir au premier coup-d'œil. Nous croyons pouvoir rectifier ce caractère, d’après les observations souvent répétées que nous avons faites sur plu= sieurs espèces , en les examinant avec soin aux diverses époques successives de leur fructification.

Si, lorsqu'une des espèces d’Atriplex qui croissent spontané ment dans nos champs, telle que l'A. hastata, l'A. angustifo= lia, etc., est en pleine floraison, on examine les différentes fleurs dont les grappes ou épis sont composés, on en trouve de deux sortes, entre-mélées ensemble en petits fascicules. Les unes présentent un périgone 5—parti, avec cinq étamines in- serées à sa base et opposées à ses divisions, el un rudiment imparfait de pistil au centre du réceptacle; les autres offrent un périgone 2—parti, à divisions connivenles, sans étamines,

ET D'HISTOIRE NÂTURELLE. 63

avec un ovaire libre, surmonté de deux styles ou de deux stig- males subulés. Quelque temps après , et lorsque la fécondation est opérée, les fleurs de la première sorte, qui n’ont pas recu d’accroissement sensible depuis leur épanouissement, se flétrissent et lombent ou restent desséchées sur la plante. Les secondes, au contraire, prennent un grand développement; leur périgone s'étend dans tous les sens; il renferme, entre ses deux divisions rhomboïdales ou sub-triangulaires étroilement conniventes, l’o- vaire accru et transformé en un fruit orbiculaire comprimé, ver- ticalement attaché au fond du réceptacle par un point de sa circonférence. Ce fruit (Cariopse Rich., Carcerule Mirb.) est formé d’un péricarpe membraneux très-mince, indéhiscent , ren- fermant une seule graine , attachée à un cordon ombilical linéaire qui nait du fond du récepiacle , et va s’insérer, en passant obli- quement entre la membrane péricarpienne et l’une des faces de la graine , à un ombilic situé latéralement sur la circonférence de celle-ci. La graine est recouverte d’un tégument propre testacé ou rarement membraneux; elle contient un embryon dicoty- lédoné , cylindracé-filiforme, correspondant à sa circonférence, courbé en anneau autour d'un périsperme farineux, et aboulis- sant à l'ombilic par ses deux extrémités.

Il résulte de cette description, que les espèces auxquelles elle s'applique ont des fleurs mäles et des fleurs femelles sur le même pied, c’est-à-dire qu’elles sont monoïques, au lieu d’être poly- games, comme-on l'a dit jusqu'à présent. Celles sur lesquelles j'ai eu occasion de constater ces caractères, sont les Ætripleæ hastata, patula, littoralis, portulacoïdes , rosea, Lion., angus- üfolia, Smith, et multifida, Cat. H. Par.

Si maintenant on suit la floraison et la fructification de l4. hortensis, on remarque d’abord des fleurs de deux sortes, res- pectivement semblables à celles des espèces précédentes. L’ac- croissement des fleurs femelles a lieu de la même manière que dans celles-ci, et elles présentent la même organisation dans toutes leurs parties ; seulement la forme du périgone fructifere est ovale au heu d’être rhomboïdale ou triangulaire. Mais bientôt après, parmi ces fleurs qui se sont rapidement accrues, on en voit paroitre d’autres aussi fruclifères, d’une forme différente et beaucoup plus petites; celles-ci sont composées d'un péri- gone 5—parti qui recouvre en partie un carlopse PP cpl déprimé, situé horizontalement, dont la graine est d’ailleurs en- üérement organisée comme dans les premières, sauf que son tégument propre est lestacé et bien distinct, tandis qu'il est

64 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

membraneux dans les autres et très-adhérent à la membrane pé- ricarpienne , avec laquelle il semble se confondre.

Comme à l’époque de la floraison on a observé des fleurs à étamines dont le périgone éloit également à cinq divisions, il paroit naturel d'attribuer à celles-ci les fruits de la seconde sorte qu'on voit se développer plus tard. Mais en y regardant de plus prés, on voit qu'il en est autrement. Les premieres fleurs sta- minifères qui paroissent sont toutes mäles: elles se montrent en même temps que les fleurs femelles à périgone 2—parti, et après l'émission du pollen elles se flétrissent ou tombent , comme nous l'avons vu pour les espèces précédentes. Alors commencent a se montrer d’autres fleurs, auparavant imperceptibles, à pé- rigone semblable à celui des fleurs mâles, munies d’un pistil bien conformé, composé d’un ovaire surmonté de deux stigmates styliformes , et dépourvues d'’étamines. Ce sont ces dernières fleurs femelles qui produisent les fruits de la seconde sorte, et non pas celles qui portent des étamines. A défaut d’un exa- men attentif, on a confondu ces deux espèces de fleurs, et de leur réunion on a composé des fleurs hermaphrodites. Il étoit facile, à la vérité, de s'y tromper. Ces fleurs ne se développent pas en même temps, et les femelles ne paroïissent qu’apres les mäles; leur périgone étant tout-à-fait semblable , et les dernières étant munies d’un rudiment de pistil, on a pu prendre suc- cessivement les unes et les autres pour des fleurs hermaphro- dites, dont l'ovaire n’étoit pas encore fécondé dans celles-ci, et dont les étamines étoient tombées dans celles-la après la fé- condation. C’est-là, sans doute, ce qui aura induit en erreur Lioné et les observateurs qui l'ont suivi. Ce grand botaniste aura ensuite établi son caractère du genre Atriplex sur cette observation inexacte del. Aortensis, étendue par analogie aux autres espèces; car sil eùt observé directement celles - ci, il auroit vu qu’elles sont évidemment monoïques. C’est en exa- minant moi-même une de ces dernières espèces, que j'ai d’abord reconnu cette seconde erreur, fondée sur une fausse analogie. Cette découverte, bien facile à faire, m'a porté à observer avee attention l'espèce qui avoit servi de type pour le caractère du genre; et je me suis assuré de la véritable nature de son sys- tème de fructification , tel que je viens de l’exposer; l’4. Aor- tensis L., V4. microsperma et V'A. nitens Willd., sont les trois seules espèces qui m’aient présenté cette disposition.

D’après les observations qui précèdent, le caractère du genre Atriplex doit être rectifié de la manière suivante.

ATRIPLEX.

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 65

Arrrprex. Monoïque. F1. males. Périgone 5—parti; 5 étamines insérées à la base du périgone et opposées à ses divisions; rudiment de pistil au centre. F1. femelles; uniformes ou de deux sortes. Dans les unes (conimunes à toutes les espèces): périgone 2—parii, prenant un accroissement considérable après la fecondation; ovaire libre, surmonté de deux stigmates sty- liformes; cariopse vertical comprimé, renferme entre Îles deux divisions conniventes du périgone. Dans les autres (propres à quelques espèces seulement) : périgone 5—parli; ovaire comme dans les précédentes; cariopse horizontal déprimé, en partie recouvert par le périgone persistant.

Peut-être la réunion sur une même plante de deux sortes si différentes de fleurs d’un même sexe, réunion dont la Botanique n'offre pas, je crois, d'autre exemple aussi caractérisé, pourroit- elle sufire pour former un genre particulier des espèces d’Ætri- plex qui en sont pourvues; c'est aux botanistes à juger du plus ou moins de convenance et d'utilité de cette séparation. Quoi qu’il en soit, le caractère ainsi rectifié de l’Atriplex, en même temps qu’il fait mieux connoitre ce genre, peut encore servir à le distinguer davantage du genre Chenopodium, dont toutes les espèces que j'ai eu occasion d'examiner, au nombre d'une vingtaine , m'ont offert constamment , avec des fleurs hermaphro- dites, des fleurs femelles entre-mêlées, ordinairement plus petites et souvent 3-4—partites; ce qui tendoit à confondre ces deux genres, lorsqu'on attribuoit des fleurs polygames à l'Ætriplex, au lieu des fleurs monoïques qui le caractérisent.

Tome LXXXVII, JUILLET an 1818, fl

OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES FAITES

A compter du janvier 1818, les hauteurs du Baromètre

_ | THERMOMÈTRE EXTÉRIEUR : 1 = = AN CD BAROMÈTRE MÉTRIQUE. |>5 = EE 5 - : ETS : £ “à MINIMUM. MAXIMUM. A MIDI. MAXIMUM. MINIMUM. A MIDI.| % = heures« heures heures* mille heures mill= mills 1[à3s +oo5o!à 4m. + 740] 18,50) àg,;s....757,63| a 6... 756,69] 757,21! 17°4 2 | à3s. —<+oo,go| à4m. —<+12,25| +22,2b] à 9 m....758,50| à 5s..... 757,40| 758,50] 18,8 8 | à5s +o/95l à 4m. 14,25] +2,50] a gs... 729,38] à 4 m....758,68| 759,07| 19,4 4 |a5s. —o4,95] à4m. “+1,00 +923,90| à 105....761,04| à 4 m....759,85! 760,75] 20,6 5 là4s. —+ob,6o| à 4m. “+15,25| +-25,00! à 9 m....769,5b| à 4 s.....761,o1| 761,q1| o1,1 6 |[à3s. <+95,6o| à 4m. —+15,00| +24,50| à 71m. ...762,30| àg s..... 760,14| 761,55] 21,6 7 là3s. —ob,7b] à 4m. +14,75] +0,19] à ga... ,759,96| à, 5 s.....758,50| 759,21) 01,7 8 |[à3s. +o4bol à 4m. +H16,00! +24,00! à 9 m..,.760,72| à 6 s...1.. 759:27| 761,50! 22,0 9 |à3s. +940 à 4m. <+H15,25| +H05,65| à 9 m....760,86| a 51s....759,67!. 760,42| 22,1 10 | à5s. o5,{o] à 4m +15,00| +925,50| à 7 m....761,17f à bs..... 759,31| 760,67] 29,1 11 là5s. 97,95) à fm. H16,25| +#+96,95| à 7 m....759,56| à 9%s....756,63| 758,25] 25,0 19 ais. Hog,4ol à 4m +H16,25|,+928,65| à 9 m....756,65) à 4s..... 755,40! 756,56] 23,8 15 à2is. —og75| à fm. +H17,50|,+928,1c) à 10 + m..705,85| à 4 Es... .794,08| 750,65] 24,0 14 | as. +o45cl à 4m. <H16,75| H22,5c] à 10 Às...758,84| à 4m. ...75h,95|707,50| 23,6 15 | amidi. 24,60! à 4m. +#16,00| +24,6c| à 9 m....729,41|.à 4 Es, ..708,16| 750,10] 23,5 16 labs. 260! à 4m. 14,10] +2,82) à 9 m. ...758,60| à g s..... 726,67| 758,28| 22,5 17 l'ämidi. +oyac| à 4m. +16,00| +o7,1c| à 4m. ...765,59l à 65... 751,59] 753,93] 25,6 18 las. +o2,85| à 4nx +H16,75|:+#o1,6c| à 4m. .:.761,70l1à 851: 4 749,81| 751,25] 23,0 19 Jamidi. +ooucl à 4m. +14,50|. +2,10] à midi. ..755,88| à 4m... ..758,18| 755,88] 22,9 20 | à midi. Hoc,bol àgs. “<+14,25] 20,50) à gs... 795,56]. à 4 m....752,oc| 759,65] 22,0 91 | à5s. —Hoi,95| à fm. <+ 9,9c| +20,oc| à.95......759,63| à 4 m....7b7,39| 750,58] 21,8 22 | à midi. 01,50] à4m “<+18,00| Æa1,50| à 7 m....759,77| à 9s..... 755,10] 756,08| 21,4 25 | à5s. +eojoo! à 4m. H10,75| H19,00|! à gs..... 758,40] à 4 m....755,89| 758,25] 20,7 24 V'à midi. +09,75| à 4m. 14-16,00| -+22,76| à g Ls:...761,48| à #m....7b5,76| 757,66! 21,9

25 | à3s. “+Ho9,10| à 4m. +13,25| 00,60] à 10! m..763,58| àg1s....761,84| 763,14] 21,1 26 | à midi. 923,65] à 4 m. +14,50| +95,65| à g m....761,81| à 10 s....759,08| 761,59l 22,0 27 | à3s. —og,25| à 4m. <14,00| +08,65| à 4 m....758,45) à 105... .7D1,73| 755,70] 23,2 28 | à midi. +2,95] à 4m. +16,b0| +2,25] à gs... 760,24] à 4 m....753,20| 757,01| 22,7 29 | àmidi. 04,25] à 4m. <+12,75| 04,25] à 9 1s....765,81| à 4m. ...761,08| 769,62] 22,6 30 | à2s. +95,00| à 4m. +12,40| +24,95] à 7 m....764,81| à gts. ...762,32| 763,69| 22,6

Moyennes. 24,19 +14,59| 423,45 759,45 796,70] 758,62| 22,0 RÉCAPITULATION. | Millim. ‘Plus grande élévation du mercure..... 764°31 le 30 | Moindre élévation du mercure........ 749,81 le 18 | Plus grand degré de chaleur.......... —29°75 le 13 Moindre degré de chaleur........... + 7,40 le 3 Nombre de jours beaux........ 27 de couverts, ...... TS Rise todos En 7 Ga Mers asenonestee 30 degelée....13..2..12, ‘ao de tonnerre. ......... 2 de brouillard....... 36, LE derneires-ree "the o defrréle reset ccce o

A L'OBSERVATOIRE ROYAL DE PARIS.

sont réduites à la température de zéro du T'hermomitre.

JUIN 1818.

S |Hyc. 5 VENTS.

à midi.

1 54 [N.-E.

2 53 Idem. SAINS AIN

4 56 Idem. 5 58 IN.E.

6! 65 “à .N.-E. Gi 56

8 | 47 FN pp 9 60 Idem. 10 54 Idem: 11 52 Idem. 12 55 Idem. 13 | 64 |S.-O. 14 | 65 |[O:

15 64 Idem. 16 65 IN.-O. 17 | 56.(S.-S.-O.! 18 75 S.-0. 19 57 | Idem. 20 | 56 Idem. 21 57 N.-0. 22 74 S.-S.-O. 23 61 |O. 24 | 73|, Idem. 25 65 Idem. 26 63 Idem. 27 5q S.-E. 28 | 55 [O. 29 | 56 IN.-O. 80 | 55 |N.-E.

Moyen 59

Eau de pluie tombée $

POINTS

LUNAIRES.

N.L.àrrhass Lane apogce.

P.Q:ïrrho’s.

P.L.à3h3s.

Lune périgée.

D.Q.à10h55m

Jours dont le vent a soufflé du

Thermomètre des caves

VARIATIONS DE L'ATMOSPHÉRCE.

Lips ie LE MATIN. A MIDI. LE SOIR. Légers nuages , brouil.INüageux. Très-nuageux. T'rès-nuageux. | dem: Beau ciel. Couvert, brouillard. Idem. Nuazeux Nuageux. Idem. Beau ciel

Idem. Quelques nuages. Idem.

Beau ciel Idem. Nuages à l'horizon. Nuageux Beau ciel. Beau ciel Beau ciel Ideni. Idèm |

Idem. Quelqués nuages. Tdém

Idem. Beau ciel. Idem

Idem. Idem. Idem

Idem. Nuageux. Très-nuageux.

Ciel trouble et nuag. Idem. Idem. Très-nnageux, pluie. |# Idem. Idem. Très-nuageux. Idem. uageux.

Couvert. Couvert. Idem.

Quelques éclaircis: [Nuageux. Forte av., tonn. à oh. Couvert. Plure fine. Fortsav. par intervall. Nuageux. {Très-nuageux. Nuageux

Pluie. Idem. Idem.

Légers nuages. Iderr. Idem Très-nuageux Couvert, Pluie:

Idem. Nuageux, TFrès-nuageux. Petite pluie Très-nuageux, Pluie par intervalles. Très-nuageux Couvyert. Nuageux.

Nuageux. [Nuageux. Beau ciel. Légères vapeurs. Beau ciel. Légères vapeurs. Pluie , tonnerres. Très-nuageux. Couvert. Nuageux. Iderr. Beau ciel Beau ciel, Nuageux. Idem RÉCAPITULATION. Net Loue DIN TE DE SEAT LEUSÉ rando eagttde CET HOUOO TUE SL. FIRE 1 S.-0...,. use 614 OR NEO Eee le 1°°, 12°,071 centigrades. le 16, 12°,085 dans la cour....... 2328 56 0 p. 10 lig. £. sur l’Observatoire.. 46"",00 0 =:

AN PE

68 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

NOTE Sur le Stylephus Stylephorus chordatus de Shaw; Par H. ne BLAINVILLE.

Parmi le grand nombre d'espèces de poissons que nous con- noissons singulières par quelques parties de leur organisation in- térieure, ou par quelques formes plus ou moins bisarres, la plus extraordinaire, la plus anomale, seroit certainement celle de l'animal que le D' Shaw a décrit et figuré dans les Transactions Linnéennes de Londres pour l'année 1788, et par suite dans ses Miscellany, sous le nom de Stylephorus chordatus, s’il étoit bien confirmé qu'il eùt des yeux pédiculés, et que le museau relevé en dessus, pût, à la volonté de l'animal, aller frapper la pointe de sa tête proprement dite ; en un mot, s'il ressembloit à la figure vraiment extraordinaire que ce zoologiste superficiel en a donnée, et qui aensuite été copiée par tousles icthyologistes. Mais fort heu- reusement pour les principes de science, il est bien loin d'en être ainsi; et comme j'ai pu observer à peu près aussi com- plètement qu'il m'a été nécessaire , l'individu unique décrit par Shaw, et que possède le Collége de Chirurgie de Londres, je me suis assuré que fortement altéré, ou mieux, les différentes parties de la tête sorties hors de leurs rapports naturels, ce na- turaliste peu habitué à considérer les animaux autrement que d’une manière extrèmement artificielle, n’ayant point reconnu la disposition naturelle de la tête de l'animal qu'il décrivoit, n’avoit pu en donner qu’une description très-erronée, ainsi qu’une figure encore plus monstrueuse.

C’est à ces deux causes , et surtout à cette dernière d’une figure extrémementincomplète, qu’on doit attribuer qu'aucun auteur jus- qu’à présent, ne s'est permis aucun doute sur une conformation aussi anomale. Ainsi Bloch dans son Système icthyologique, M. de Lacépède dans sa grande Histoire des Poissons, ont admis ce genre d'après Shaw, sans faire aucune réflexion critique. M. Du- méril, dans ses cours, a souvent émis quelques doutes, qu'il eût été difficile de confirmer sans avoir vu lanimal, et si M. Cuvier ne se trouve pas tout-à-fait dans le même cas, c’est qu'a mon relour d'Angleterre, je lui fis part des résullats principaux de

mon examen.

ET D'HISTOIRE NATURELLE, 69

J'ai déjà dit que l’on n’a de cette espèce de poisson, que l'in- dividu unique que possède le Collége royal de Chirurgie de Londres, et qui a été pris dans la mer du Mexique. Je me suis attaché surtout à en faire une figure exacte, et je suis persuadé que sa simple inspection suffira pour mettre l'opinion que j'ai avancée plus haut hors de doute, du moins pour ceux ui ônt quelques teintes de l'ostéologie de la tète des poissons. m verra que d'abord toute la iète a été fléchie à angle droit et en dessus, au point de sa jonction avec le tronc, de manière à ce que le bord postérieur de l’opercule füt porté en bas, et son extrémité antérieure en haut; d’où il a nécessairement ré- sulter que la plus grande partie de la cavité branchiale a été mise à découvert, et mème une parlie du cœur saillant dans son péricarde; on a pu aussi apercevoir l’extrémité postérieure des lames branchiales qui, du reste, ont conservé leur position. C’est ce qu'on peut voir dans la figure IL, y représente la paroi intérieure de la cavité branchiale, 4 le cœur, f les branchies. Outre cela, le crane proprement dit. avec l'orbite et l’opercule , s'est séparé de l'appareil masticaloire, de manière à ce que son extrémilé ce qui devroil être antérieure , est devenue supérieure, et alors a laissé a découvert un grand espace mem- raneux marqué a, compris entre la pointe À de l'os intermaxil- laire, et l’'apophyse à qui est probablement l'os maxillaire lui- même. Ce grand espace est effectivement comme l’indiquent la figure et la description de Shaw; il est formé par une mem- brane qui semble soutenue par .un rayon. Je présume que ce n’est autre chose que le vomer en très-grande partie membra- neux. C’est ce que M. Shaw a décrit en disant que: la partie étroite de la tête qui est terminée par la bouche, est réunie avec sa partie supérieure par.une duplicature flexible de la peau , la- quelle permet à l'un et l'autre d’être étendus de telle sorte, que la bouche peut se montrer directement.en haut, ou.se renverser pour être reçue dans, une sorte de fourreau. Ainsi M. Shaw a: cru que cette disposition éloit volontaire. Quant aux mâthoires., il faut encore observer qu’elles ne sont, pas à leur! place ; mais qu’elles sont encore fléchies en dessus paf une sorte de frac- ture en p: Ainsi par une première courbure en /, la tèle èn totalité s’est relevée en dessus par une seconde.en »: , le crâne s'est séparé des mâchoires, et enfin par une troisième en p, celles-ci ont été portées en haut. Quant à l4 singulière dispo- sion des yeux, que Shaw décrit et figure comme pédiculés , il faut avouer qu'ils ont encore été plus ;altérés- que le: reste!

70 JOURNAL D PHYSIQUE, DE CHIMIE

Ce qu'on appelle l'œil proprement dit avec Shaw, n’est autre chose que Je crystallin (s), qu'on a fait sortir hors de l'ouverture la pupille, et ce qu'on nommele pédicule n'est autre chose que la sclérotique (0) qui est même encore couverte de l’enduit ar- genté que l’on trouve dans beaucoup de poissons; il est vrai, comme on le pense bien, et comme Shzw le fait observer, qué la sclérotique n'offre aucune trace de réseau. On peut, pour s’as- surer de da vérité de ce que j'avance, considérer ma figure et la comparer. avec celle de ce naturaliste, et l'on verra jusqu’à quel point il'a forcé la nature de cadrer avec description.

J’at cru devoir commencer par montrer quelle avoit été l’erreur de Shaw; maintenant je vais donner la description de ce poisson la, plus complète que pourrai,’ sans connoître cependant rien de son organisation intérieure , afin de démontrer à quel genre et à quelle famille il doit appartenir.

Le gorps est fort alongé , peu comprimé; le dos carré , entiè- rement lisse; la peau paroît avoir été entièrement nacrée.

La tête alongée, étroite, élargie en arrière, terminée anté- rieurement par un museau fort long; la bouche très-petite étant a son:extrémité comme dans les Syngnathes.

Les yeux sont latéraux, fort grands.

L'opercule est fort pétit.

Le nombre des raÿons branchiostiques est de 5 à 6, très-grèles.

Le tronc plus épais supérieurement qu'inférieurement, est comme lrapézoidal; de chaque côté de la face ventrale est une ligne latérale profonde , étendue de la tête à la queue. wi

L’anus est à peu près à la moitié du tronc. AE

Les nageoires pectorales fort petites sont placées immeédia- tement derrière Fopercule. :

- Je n’aipu apercevoir aucune trace de nageoire pelvienne, et je pense qu'il n’en a jamais existé.

Dans toute la longueur du dos, il règne une seule et unique nageoire dorsale assez base, un peu plus én avant et en arriere qu'au milieu: Les raÿons' qui li composent sont au nombre de 56; ils:sont-simples, et leur pointe dépasse la membrane qui les réunit. | ‘1 1: 4 Heath

“Enfin lei corps est! terminé’par une nageoiïre caudale parois- sant dorsale; elle‘est composée de 6 rayons réunis par une peau épaisse , et dont l'inférieur, qui est dans la continuation du corps est, ainsi que lé‘ sixième; de nature cornée et beaucoup plus long que-le corps lui-même; ce rayon est un peu comprimé, et: um peu éxcavé latéralement: Les bords sont arrondis et

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7

renflés; le milieu est:corné, transparent, et les bords épais æt noirâtres.. +. ul i U

D'après cette description, il est évident que ce genre. est fort rapproché da genre Trichiures, dont il diffère cependant par la forme de la bouche, l'absence de dents, l'existence d'une vé- rilable uageoire caudale dont le rayon inférieur est beaucoup plus prolongé que les autres.

NOTICE

Sur un Cétacé, du genre Dauphin échoué près Saint-Pol de-Liéon ;

Pan M. »e FREMINVILLE.

LE 2 janvier 1818 , à la suite d’un assez violent coup de vent de nord-est, quatre mammifères de Ja classe des Cétacés furent jetés à la côte; et. vinrent échouer dans une plage appelée la Grève de Mans près Saint-Pol-de-Liéon, département du Finistère. Des paysans qui, au point du jour, se rendoient sur cette grève pour y travailler du varec, apercurent les premiers ces Gétacés qui poussoient des gémissemens dont le bruit, à ce qu'ils ont dit, éloit analogue au grognement de plusieurs cochons:

Informé de. cet évènement, je me rendis de suite: à Saint Pol-de-[.éon pour y observer moi-mème ces animaux, qui font partie d’une des classes les plus importantes elles moins connues de l'Histoire naturelle, et qui, d’après ce qu'on m'en avoit dit, devoit constituer une espèce absolument nouvelle.

Cependant, comme les renseignemens qu'on me transmeltoit avoient été recueillis par des personnes quime sont pas nalu- ralistes, je ne donnoïs pas une entière confiänte à rleur asser- üon , ct avaut de l'adopter, je- voulois voir par:moï-mème. Je pensois même que les Cétacés en question m'eétoient'äutre chose que des analogues de ceux qui échouèrent , au mombre de 70, dans la baie de Saint-Pol, le 7 janvier 18r2,1et qui ont'été décrits par M. Lemaout avec juste raison, comme uneespèce nowlle à laquelle M; Cuvier a donné le :nom'de Delphinus globiceps; arrivé :sur, les/lieux , je vis cependant que ma con- jecture étoit! fausse. Ces :Célacés, quoiqu'apparterant véritable- ment au genre Dauphin, section des Marsoüinë ,' diférorent es-

72 JOURNAL DE PIYSIQUE, DE CHIMIE

sentiellement du Globiceps. Voici la description du plus grand des quatre individus échoués; j'y joins une figure dessinée d’après nature , et sur l’exactitude de laquelle on peut compter.

Sa longueur totale est de 21 pieds depuis le bout du mu- seau jusqu'a la bifurcation de la queue. Sa plus grande circon- férence, qui se trouve précisément au milieu du corps, est de 10 pieds. Sa forme générale le distingue de toutes les autres espèces du même genre; elle est ovale, mais beaucoup moins alongée et beaucoup moins amincie vers les extrémités, ce qui lui donne un aspect massif et lourd qui contraste avec le corps lancé des autres Dauphins, Sa partie postérieure, au lieu d'aller en diminuant insensiblement jusqu’à la queue qui la termine, s'atténue brusquement près de la nageoire, et présente dans cet endroit comme une espèce d'étranglement.

La tête est ronde, tres-obtuse, et décline en pointe uniforme, mais rapide, depuis l’évent situé au sommet jusqu’au museau ; celui-ci n’est pas prolongé en un long bec comme dans presque toutes les espèces du même genre; n'est pas non plus comme dans le Globiceps surmontée d’une masse charnue et proémi- mente; il est obtus et présente le long de la mâchoire supérieure un renflement en forme de lèvre, dont la saillie est d'environ 4 pouces.

Il y a quarante dents à la mâchoire supérieure , trente deux à l'inférieure; l'œil, d’une petitesse extraordinaire, est placé sur la mème ligne et tout contre l'angle des mâchoires.

La nageoire supérieure est placée presqu'au milieu du dos; elle est arquée antérieurement, échancrée postérieurement.

La couleur de ce Dauphin est d'un brun foncé, presque noir sur le dos, plus pâle sur les flancs; le ventre est blanchätre. Sa peau est assez mince el est séparée des muscles par une couche de lard de 6 pouces d'épaisseur. Son poids total a été évalué à quatre milliers; il a fallu les forces réunies de vingt- huit hommes et de quatre chevaux pour le häler sur la grève.

Après l'avoir observé et dessiné, mon premier soin à mon retour à Brest, a été de le comparer avec les espèces déja connues du même genre, et je n’ai pas trouvé qu'aucune des descriptions données jusqu'ici s’y rapportàt d'une manière sa- tisfaisante.

L'espèce qui paroitroit s’en rapprocher le plus, est l'Orque ou Epaulard (D. orca); cependant il y a des traits de différence remarquables ; l'Orque figuré dans les planches de l'Encyclopédie méthodique, à le front er moins vertical que le nôtre; son

corps

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75

corps est plus alongé, ses nageoires latérales sont plus larges. Selon Bonnatère, le caractère principal de cette espèce consiste däns la configuration de la nageoïire du dos, qui est de forme conique , droite et pointue au sommet ; ceci n’a pas lieu dans notre Dauphin, qui a cette même-nageoire lrès-arquée en arrière. Le nombre des dents n’est pas mon plus le même, Bonnatère ne donnant à l'Orque que vingt‘à trente dents à chaque mâchoire. Cependant j'avouerai que je ne sais pas trop si dans les Cétacés ce nombre des dents doit entrer pour quelque chose dans l’éta- blissement des caractères spécifiques ; il varie selon l’âge, et on n'est jamais sûr de celui des individus que le hasard met à portée d'observer. À

On trouve encore dans la Cétalogie de Bonnatère, la des- cription d'un Dauphin qu'il nomme Dauphin ferès (D. Jferes); celte espèce a aussi quelques rapports avec la nôtre, particulie- rement dans la conformation de la tête. « La hauteur de la tête, » dit Bonnatère, égale à peu près sa longueur ; elle est très- » renflée sur le sommet (ceci se rapporteroit assez à notre Dau- » phin); mais, continue-t-il, elle s’amincit tout à coup vers sa » partie antérieure et se termine par un museau court et ar- » rondi comme celui d'un veau. » Ce dernier caractère ne se retrouve plus dans l'espèce qui nous occupe; le reste de la description du Ferès est si vague, qu’on n’en peut tirer aucune induction ; elle a été envoyée à l’auteur par un religieux de Fréjus, qui y avoit joint une figure, laquelle n’a point été publiée.

Malgré les différences que je viens de faire remarquer entre le Dauphin dernièrement échoué près de Saint-Pol-de-Léon, et ceux de ses congénères qui s'en rapprochent ie plus (les Dauphins Orque, Globiceps et Fères), je n'oserai conclure que ce soit une espèce nouvelle. Les Cétacés que nous connoissons ont en général été peu observés par des personnes versées dans l'Histoire naturelle, ét les'savans auteurs qui seuls auroient pu les décrire avec précision, .n’élant presque jamais à portée de voir par eux-mêmes;: ont été-obligés, la plupart du temps, de baser leurs travaux sur les descriptions mal faites et les dessins inexacts ou incomplets de. ces observateurs superficiels ; il en résulle que leurs ouvrages, qui seroient d’un si grand in- térêt, s'ils étoient établis sur des données certaines, ont été sujets à une foule d'erreurs et présentent souvent beaucoup de confusion. Ainsi il est possible que le Dauphin que nous venons de décrire soit véritablement l'Orque, et que la figure donnée dans l'Encyclopédie (sur laquelle ont été copiées toutes les autres),

Tome LXXXVII, JUILLET an 1818. K

JOURNAL DE,PHYSIQUE,IDE CHIMIE

7 ue, celte figure, dis-je, soit inexacte. Bonnaterre l'avoit reçue see ainsi que la description qu'il en donne, et qui fut, faite sur un animal de cette espèce, pris à l'emboucliure de Ja Tamise en 1750. Si cette conjecture se trouve confirmée par les savans qui m'ont fait l'honneur de m'associer à leurs trayaux, j'aurai du moins la satisfaction de leur avoir procuré des :rénseignemens plus exacts sup un Cétacé jusqu'a présent mal: connu. ;

: C'est dans cette intention que je joins à cette Notice, une seconde figure représentant le Dauphin Globiceps ; la So- ciété Philomathique en a fait graver une figure au simple trait dans le Bulletin des Sciences ; elle a été gravée d’après une es-

_quisse envoyée par M. de la Fruglaye, et communiquée par M. Gillet Laumont; ce dessin est trop superficiel pour donner une idée juste de l'animal qu’il représente; j'ai pensé qu'on en verroit avec plaisir un autre plus fini et plus détaillé ; je l'ai fait d'après nalure sur un des/{reize individus de cette espèce, qui viennent d’échouer le 30 janvier dernier dans la baie de Paimpol, précisément au même lieu se jetèrent les: soixante- dix qui furent pris en 18r2;:cet individu avoit 22 pieds de long.

Dans un rapport que MM. Desmaret et de Blainville ont fait à la Sociélé Philomathique sur cette note de M. de Fréminville,

ils ont, montré que l'espèce de Dauphin qui en fait le sujet, a été figurée dans Duhamel , Tratté des Péches , tome HE, pl. IV, qu’elle ne peu être rapprochée que du Globiceps, peut-être du

Griseus, en un mot de loutes celles qui ont la lèvre formant une sorte de bourrélet on deomusean extrémemenit court, de manière qu'on-pourra en faire une petite section ‘dans le grand genre Dauphin; la première, ou les Marsouins ; n'ayant aucune trace de museau ; Ja seconde ; qui est celle à laquelle appartient le Dauphin de Fréminville, D. Freminvillianus, avec un rudi- ment de museau ; la troisième, les-Dauphins qui ont un museau plus alonge ; et enfin la quatrième, les Delphinorhynques , dont le musean extrêmement longebgréle, ressemble un peu à celui du Gavial, Dans un de nos Cahiers prochains , nôus publierons: le trayail de M.ide Blainville sur la famille:des Dauphins, dont M. Desmaret. a déjà donnéun extrait dans le Nouveau Dictionnaire

d'Histoire naturelle de: M. Détenville. (R.)

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 75 So

NOUVELLES SCIENTIFIQUES. PHYSIQUE:

Sur la Pesanteur ‘spécifique ‘des: cristaux ; par M. Danier.

Uns nouvelle preuve que dans les sciences d'observation , la marche à priort conduit à des faits aussi curieux que celle à poste- riori, peut être tirée des résultats remarquables auxquels M. Daniell vient d'arriver.en cherchant une nouvelle théorie de la pesanteur spécifique des cristaux , d'après l’ingénieuse hypothèse de M. Wol- Jaston , que les atomes qui les composent sont de forme sphé- rique. En réfléchissant que dans les cristaux qui, pour la division mecanique, peuvent être divisés en tétraèdre. ou en octaèdre; ces deux figures sont circonscrites par des surfaces triangulaires, quatre pour le tétraèdre et huit pour l’octaèdre , et en consi- dérant maintenant les bases de ces triangles comme composées du même nombre de particules, comme l’un de ces solides est limité par quatre et l’autre par huit, il est évident, suivant l’auteur, que la superficie entière du dernier est exactement double de celle du premier. D'où il fut conduit à penser que des solides ainsi construits, devroient différer de pesanteur spé- cifique, à moins que le nombre de particules élémentaires de l'octaèdre ne soit pas exactement le double de celles du tétraèdre, ou, ce qui revient au même, à moins que le nombre des atomes dans un espace donné, ne soit égal dans l’une et l’autre struc- ture. Il est cependant très-facile de reconnoître que si l'on am- moncèle un certain nombre de boules sous la forme d’un té- traëdre et d’un octaëdre , le nombre de boules, dans le premier cas, n’atteindra pas la moitié de celui du second; ainsi, sup- posons , par exemple, que la base de chaque triangle soit formée de quatre boules, le tétraèdre n’en contiendroit que 20 et l'oc- taèdre 44; d'où l'on voit que ce dernier contient plus du double de particules sous une superficie double. La conclusion que tire M. Daniell de ce fait, et qui en effet a été l’origine de ses expériences, est que la pesanteur spécifique de l’octaèdre doit être plus grande que celle du tétraèdre. Le spath-fluor lui a fourni un moyen de. soumettre cette hypothèse à l'expérience. En effet, comme il est possible de réduire à volonté ce minéral

K 2

76 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

à la forme d’un tétraèdre ou d'un octaèdre, on pouvoit voir si la différence dans le nombre des molécules composantes, en- traine une différence dans la pesanteur spécifique , comme la théorie le vouloit. L'expérience faite avec toutes les précautions possibles, pour éviter toute cause d’erreur, en employant une balance extrémement délicate, a donné pour résultat, que la pesanteur spécifique d’une masse de spath-fluor divisée sous la forme d’octaèdre , est plus grande que celle de ce même mi- néral ayant la forme etats. En effet, ayant obtenu par la division mécanique d’une masse de spath-fluor vert, transparent et parfaitement libre d'adhésion à des corps étrangers , un té- traèdre , un rhomboïde , un octaèdre et un octaèdre alongé ou cunéiforme, M. Daniell a trouvé que la pesanteur spécifique de l'octaèdre cunéiforme étoit de 3,100, celle de l’octaèdre, 3,07; du tétraèdre, 2,909, et enfin celle du rhomboïde, 2,904. Dans le but de confirmer ce résullat extrêmement curieux, il prit un cube de spath-fluor décoloré, tailla quatre de ses angles solides et les réunit en un octaèdre régulier; en prenant la pesanteur spécifique de chacun de ces solides, il a trouvé 3,180 pour celle du cube, 3,242 pour les angles taillés, 3,261 pour l’oc- taèdre , 3,115 pour l’un des angles taillés, 5,111 pour le second, el 3,125 pour le troisième. D'où l’on voit que la pesanteur spé- cifique de ces différens solides , quoique pris dans un morceau identique et de composition parfaitement homogène, a varié suivant les lois déterminées par la théorie, résultat qu’on auroit été bien loin d'attendre, si les calculs n’avoient fait imaginer celte expérience pour prouver la fausselé ou la vérité de l’hy- pothèse.

Les conséquences vérilablement aussi extraordinaires qu’in- téressantes, que M. Daniell tire de ses expériences répétées un grand nombre de fois sur le spath-fluor, et qui s'accordent pour démontrer qu'il augmente de pesanteur spécifique suivant que par la division mécanique on approche davantage de la forme parfaite de l'octaèdre, et vice versä, sont les suivantes : 1°. la pesanteur spécifique d’un corps varie suivant la variation de sa forme extérieure; 2°. les différentes parties d’une substance ho- mogène peuvent avoir une pesanteur spécifique différente; 3°. la gravité spécifique des cristaux peut varier par la seule super- position de l’un sur l’autre; ce qui, suivant M. J. L., qui a in- séré des observations critiques sur celte nouvelle théorie, dans les Annales de Physique de Thomson pour le mois de février, renverse les idée généralement admises jusqu'ici par les plus

ET D'HISTOIRE NATURELLE. 97 célèbres physiciens, sur la pesanteur spécifique des corps, et tend à faire admettre que la même substance peut changer de pesanteur spécifique presqu’à la volonté de l'opérateur.

CHIMIE.

Sur la condition nécessaire pour l'inflammation des gaz; par

M. Tu. de GrorTuuss.

Dans un Mémoire très-intéressant sur cette malière déjà si enrichie par les belles recherches de sir H. Davy, mais dont M. de Grothuss s’étoit déjà occupé antérieurement, ce chimiste regarde les conclusions suivantes comme pouvant être déduites de ses différens travaux, ainsi que de celles de son antagoniste.

1°. La chaleur opère de deux manières bien distinctes, sur l'inflammabilité d'un mélange de deux espèces de gaz, c’est-à-dire en vertu de la libre expansion qu’elle produit elle-même (si cepen- dant celle-ci a lieu dans des gaz réchauffés, l’inflammabilité diminue), et en vertu d’une certaine action particulière, ou ac- tion d'accroître sa propre inflammabilité; ce qui peut arriver par expansion ou compression , ou par l'électricité excitée, ou par la réunion de toutes ces forces.

2°. La progression de deux forces, quand les gaz sont com- primés par l'atmosphère , suit des lois bien différentes, l’une pré- sentant une proporlion arithmétique , et l’autre une géométrique, de telle sorte que l’accroissement ou la diminution de la chaleur doit avoir des momens pendant lesquels une force l'emporte sur l’autre.

3°. L'inflammabilité du gaz s'accroît tant que des obstacles s'opposent à la dilatation en vertu de la chaleur, et vice versä.

4. L’inflammation du gaz ne pourroit arriver par la force toujours croissante de la chaleur , s’il n’y avoit pas d'obstacles (la résistance de l’atmosphère) qui s’opposassent à la parfaite et libre dilatation.

5°, L'inflammation des gaz, abstraction faite de l’aflinité chi- mique, doit être considérée comme le résultat de Ja somme de deux forces positives et d’une négative ; c’est-à-dire la force particulière de la chaleur pour produire l'inflammation, plus celle de la résistance, qui s'oppose à Ja dilatation, moins la dilatation elle-même.

6°. Le mélange gazeux raréfié, qui ne peut plus s’enflammer par une chaleur rouge, ne pourroit vraisemblablement pas non plus être allumé par des étincelles électriques, parce que leur force est instantanée , et que toutes les particules gazeuses n’ont pas le temps de se dilater.

78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

7°. Si le poids de l'atmosphère s’accroissoit peu à peu jus- qu'a l'infini, tous les gaz combustibles brüleroient l’un après l'autre au-dessous du degré de leur combustibilité la même température). Mais en estimant aussi les températures, nonobstant un poids atmosphérique excessif donné , ils pourront encore subsister comme gaz combustibles.

8. L'inflammabilité des gaz, toutes choses égales , ne dépend pas seulement de la grandeur de l’espace (diminution de den- site) dans lequel ils sont répandus, mais encore de la nature particulière de cet espace. Ainsi, par exemple, un espace rempli de gaz acide carbonique, peut être plus petit qu’un espace vide, ou qu’un plein de gaz hydrogène, quand une portion inflam- mable d’un 6az par sa diffusion dans un tel espace doit perdre son inflammabilité. (Ænn. de Phys. de Gilbert, Cahier, 1818.)

Acide purpurique.

Un Mémoire du D' Prout sur un nouveau principe acide, fut lu à la Société royale de Londres, le 11 juin 1818.

La belle substance pourpre, produite par l’action de l'acide nitrique et de la chaleur sur l'acide lithique, a été connue des chimistes depuis long-temps. Le Dr Prout a montré que cette substance étoit un composé d’un acide particulier et d'ammo- niique.

Ce principe acide qui peut résulter aussi de l'acide lithique par le chlore et par l'iode, possède la propriété remarquable de former de beaux composés pourpres avec les alcalis et avec les terres alcalines; de la le nom d’acide purpurique adopté par le D' Prout, et qui lui fut suggéré par le D' Woilaston.

L’acide purpurique peut, au moyen de l'acide sulfurique , ou au moyen de l'acide muriatique, être séparé du purpure d’am- moniaque, mentionné ci-dessus. Il existe ordinairement sous la forme d'une pourpre légèrement jaune ou couleur de crème, il est excessivement insoluble dans l’eau , et en conséquence il n’a point de saveur, et il n’agit point sur le papier de litmus, pus décompose promptement les carbonates alcalins, à l'aide de la chaleur. Il est soluble dans les acides minéraux qui sont forts et dans les solutions alcalines , mais non en général dans les acides affoiblis; dans l'alcool, il est insoluble. Exposé à l'air, il prend une couleur pourpre, probablement par l’action de l’'ammo- niaque. Soumis à la chaleur, il se décompose et il donne du carbonate d’ammoniaque, de l'acide prussique et un peu d’un liquide d'apparence huileuse. Calciné avec l’oxide de cuivre, on trouva qu'il contenoit:

ET D'HISTOIRE NATURELLE, #0

FIN OBENC. ADS. 0e eee que di dénié CAPOTE. EEE Cle ie 27 27 OFIBERC LU MR eee, sf + sure RO AO AZOTE TEEN MEL Ue. 2 ect an 1 CAEN

Les purpurates alcalins, comme on l'a déjà observe ; forment tous des dissolutions d’une belle couleur pourpre. Ils sont sus- ceptbles de cristalliser, et leurs cristaux possèdent quelques propriétés remarquables. Le purpurate d'ammoniaque cristallise en prismes quadrangulaires, qui, vus par la lumière transmise, paroissent d’un rouge intense de grenat; mais s'ils sont vus par la lumière réfléchie, deux des faces opposées présentent un beau vert, tandis que les deux autres faces opposces conservent leur couleur naturelle. Les autres purpurates alcalins semblent posséder celle curieuse propriété. Les. purpurates métalliques sont en général remarquables par leur solubilité et la beauté de leurs couleurs. Le purpurate de zinc est d'un beau jaune, le purpurate d’étain d’un blanc de perle; les autres purpurates sont plus onu moins d'une couleur rouge.

Le Dr Prout pense quil est probable que cet acide forme la base de plusieurs couleurs animales et végétales. La couleur du sédiment de l'urine dans la fièvre, semble être au pur- purate d'ammoniaque. Le D' Prout pense aussi que quelques- uns de ses sels peuvent être employés dans la peinture et dans la teinture , parce qu'ils paroissent posséder de fortes aflinités, spécialement pour les substances animales. (Ænnals of Philosophy, juillet, 1818.)

Sur la combinaison de l'Oxigène avec quelques Acides; par

«+ M. Tusnarn.

M. Thenard a communiqué à l’Académie des Sciences, dans sa séance du 24 juillet, des observations extrémement intéres- santes sur la combinaison de l'Oxigène avec quelques acides. Il obtient ces sortes de combinaisons à l'aide du deutoxide de barium que l’on fait en chauflant de la baryte ou protoxide de barium avec de l'Oxigène, et qui contient, à peu de chose près, deux fois autant d'Oxigène que le protoxide. Ainsi, par exemple, pour obtenir lacide nitrique oxigéné, celui dont il paroît s’être le plus occupé jusqu'ici, il faut prendre du deu- toxide de barium, le deliter en y versant un peu d'eau, ce'qui a lieu/sans dégagement de chaleur ;! le délayer ensuite avec cinq ou six fois son poids du même liquide, y verser de l'acide nitrique foible goutte à goutte; la matière se dissout ; en agitant un peu, on obtient un sel neutre sans dégagement d'Oxigène. Si l'on verse

80 JOURNAL DEF PHYSIQUE, DE CHIMIE, @lC.

ensuile dans la liqueur une quantité convenable d'acide sulfu- rique, alors il se produit un précipité de sulfate de baryte, sans qu'il se dégage non plus d'Oxigène , et il reste un acide nitrique oxigéné que l'on concentre en le plaçant dans une cap- sule sous le récipient de la machine pneumatique, mettant de la chaux dans une autre capsule et faisant le vide.

Les propriétés principales de cet acide nitrique oxigéné sont les suivantes : il a tout-à-fait l'aspect de l'acide nitrique ordi- naire; il rougit très-fortement la teinture de tournesol. Mis en contact avec le cuivre, l'argent, le zinc il les attaque de suite sans effervescence ; cependant lorsque l'acide est trop concentré, il y a un peu d'Oxigène dégagé, parce que le liquide s’échaufle. Il se combine avec toutes les bases salifiables, et sa capacité de saturation semble assez peu différer de celle de l'acide nitrique or- dinaire. Mais si l’on vient à chauffer ces combinaisons, l'Oxigène se dégage et l’on obtient des nitrates ordinaires. La quantité d'Oxigène contenue dans cet acide déduite de celle contenue dans la baryte, peut être évaluée à trois volumes pour un d'azote. ê

M. Thenard a aussi obtenu des acides phosphorique, borique et même acélique oxigénés; mais le plus singulier est celui que forme l'acide hydro-chlorique : en le traitant par le deutoxide de barium, il ne se dégage pas de chlore, et en y meltant de l'acide sulfurique on obtient de l'acide hydro-chlorique ox1- géné. Il a quelques propriétés de l'acide nitrique oxigéné ; il est fort acide; quand on le met avec des bases salifiables, il s’y unit et l'Oxigène ne s’en dégage que par la chaleur; avec les métaux, il se forme des hydro-chlorates sans dégagement d'Oxigène ; avec l'oxide d'argent il y a une effervescence considérable , il se fait un chlorure d'argent, et il y a de l'Oxigène dégagé; il paroît qu'il dissout l'or, mais seulement au bout de quelques jours, ou du moins la liqueur se colore en jaune. ;

On obtient les acides fluorique et sulfurique oxigénés en pre- nant de l'acide hydro-chlorique oxigéné, et en y mettant du fluate ou du sulfate d'argent. À

M. Thenard pense qu'il est probable que la plupart des acides minéraux, et même végétaux, sont susceptibles de se combiner avec l’oxigène. d Ft

On ne peut obtenir les combinaisons de ces acides oxigénés avec les bases salifiables à l’état solide, parce qu’il paroît qu’elles diminuent beaucoup l'affinité de ces acides pour l'Oxigène, et qu'au moment la cristallisation se fait, l'Oxigène se dégage, et l’on n’a que des sels ordinaires.

De l'Imprimerie de M=* Ve COURCIER, rue du Jardinet,

dournel de Phisique, Fa ss Fig. Z:

Fy.4.

JOURNAL

DE PHYSIQUE, DE CHIMIE

ET D'HISTOIRE NATURELLE.

AOÛT an 1818.

FIN DE L'EXAMEN CRITIQUE

Des Hypothèses imaginées pour expliquer l'apparence connue sous le nom de gueue ou chevelure des Comètes ;

Par H. FLAUGERGUES. 10°. Hypothèse de Jacques Bernoulli.

Nora. Les citations sont renvoyées à la fin du Mémoire.

Le grand géomètre Jacques Bernoulli, dans son Æssai d'un nouveau Système des Comètes, qui fut le premier ouvrage qu'il publia, et dans lequel il suppose que les comètes sont les sa- tellites d’une grosse planète si éloignée au-delà de Saturne, qu’on ne peut l’apercevoir de la terre, et dont les satellites ne de- viennent apparens que dans la partie inférieure de leur orbite, a essayé d'expliquer la formation de la queue des comèles ; sui- vant lui, le Soleil est placé au centre de son tourbillon, comme du feu dans un immense foyer; à la chaleur qui s’en exhale, les planètes se cuisent continuellement ; et « comme d'une mar- » muite pleine de viandes qui est suspendue sur un feu de cui- » sine, il s’exhale continuellement, ainsi que des buches em- » brasées qui sont au-dessous , de la fumée qui s’altache au tuyau » de la cheminée et aux soliveaux du plancher, et y forme de » Ja suie (1), » de même, les planètes en se cuisant au feu du

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soleil, exhalent de la fumée et des vapeurs que la force cen- trifuge du tourbillon solaire pousse aux confins de ce tour- billon ; arrivées à ces confins, elles ne peuvent pas aller plus avant, parce qu’elles y sont retenues par la résistance des tour- billons voisins ; ces exhalaisons et ces fumées restent donc fixées à ces limiles comme sur une vote ; lorsqu'une comète descend vers son périhélie, elle rencontre ces .exhalaisons, les entraîne avec elle, et elles forment bientôt un large disque autour de ce noyau; à ce disque se joignent sans cesse de nouvelles exha- laisons récemment formées, et beaucoup plus rares que les pré- cédentes, c'est ce qui fait que le bord du disque d’une comète est si confus. Ce disque est retenu par légale pression des glo- bules célestes, dans un certain état d'équilibre qui fait qu'il tourne toujours une de ses faces planes au soleil, et qu’il n’y a que cette face qui soit éclairée, lorsque ce disque est vu oblique- ment de la terre; la partie qui est au-delà du noyau de la co- mète par rapport à nous, est cachée, ce qui fait qu'on ne voit qu'une portion de ce disque en forme de queue du côté opposé au soleil, etc., êtc. a

Qu’objecterons-nous à une pareille explication? Qu'il n’existe point de tourbillons ; que les planètes ne sont pas cuites par le soleil, comme des viandes dans une marmite; qu’elles ne fument pas; qu'il n’y a pas de voûte pour retenir la suie que les co- mètes doivent ensuite ramener. Qu'un disque vu obliquement paroït ovale, et que dans le cas le corps de la comète auroit cette figure et seroit vu de la terre obliquement, la partie éclairée par le soleil représenteroit l'apparence de deux queues, l’une au-dessus et l’autre au-dessous du noyau de la comète.... En faut-il davantage? je crois que j'en ai déjà beaucoup trop dit sur un système depuis long-temps justement voué à l’oubli, et qu'on me reprochera peut-être d'en avoir liré pour quelques instans.

11°. Âypothèse de M. de Mairan.

M. Dortous de Mairan, dans son 7raité physique et histo= rique sur l'Aurore boréale, ouvrage, beaucoup plus recommen- dable par la multitude de faits et d'observations curieuses qu'il y a insérés, que par les idées systémaliques qu'il s’éloit formées sur l’origine de ce phénomène, prétend que la matière de la queue et de la chevelure des comètes , n’est autre chose que celle de l'atmosphère du soleil ou de la lumière zodiacale, que la*co- mèle s'approprie en passant proche de cet astre, par l'effet de

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son attraction (2), et pour expliquer la direction de la queue l'opposite du soleil, il suppose que « cette matière (la lumière » zodiacale) est poussée ou chassée des couches supérieures de » l'atmosphère apparente des comètes , soil par l'impulsion des » rayons solaires, comme le croyoit Képler de l'atmosphère » propre de la comète, et comme le seroit une vraie chevelure » exposée au vent, soit par voie d’ascension, comme M. Newton » l’explique des fumées et des vapeurs qu'il fait élever de Ja » comète à l'approche du soleil , soit par toute autre cause que ce » soil (3). »

On voit par cet exposé, que le système de M. de Mairan, sur la formation des queues des cometes, est un système mixte,

areil à celui de Grégory, et composé de même, de la réunion de explications de Képler et de Newton ; il est donc sujet aux mêmes diflicultés que le système de Grégory, c’est-à-dire à toutes celles qu’on peut objecter, et que nous avons vues contre les hypothèses sur la formation de la queue des comètes de Képler et de Newton. De plus, l'hypothèse de M. de Mairan sur la formation de l'atmosphère des comètes, présente des diffi- cultés qui lui sont propres , et qui doivent la faire rejeter; car, premièrement, il est de fait, et M. de Mairan en convient (4), que les planètes Mercure et Vénus, toujours plongées dans la lumière zodiacale, doivent se charger continuellement de cette matière, et par conséquent ces deux planètes, beaucoup plus proches du soleil que la plupart des comètes, devroient avoir constamment une atmosphère beaucoup plus grande que celle qu'on voil autour des comètes , et une queue à l’opposite du soleil, qui seroit particulièrement très-apparente lorsque ces planètes sont en quadrature. Or, on ne voit et on n'a jamais vu aucune de ces apparences. Secondement , il est pareïllement de fait que les comètes paroissent environnées de cette nébu- losité que M. de Mairan croit être un amas de matière de la lumière zodiacale, long-temps avant qu'elles aient atteint cette lumière zodiacale, qui n’occupe, comme on sait, qu’une très- petite partie du système solaire (5). Et plusieurs cometes même, ont paru avec cette nébulosité, avec des queues méme fort longues et fort larges, quoique à raison de la position de leurs orbites et de leur éloignement du soleil dans leur périhélie, elles n'aient jamais, pu atteindre l’atmosphère du soleil ou la lumière zodia- cale; telles sont, entre autres, les comètes mémorables des

années 1664 et 1811; ce qui détruit totalement l’explication de M. de Mairan.

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L'idée de M. de Mairan n'est pas absolument neuve; long= temps auparavant, le père Scheiner avoit dit dans son grand ouvrage sur les taches du soleil (6), que la queue et la che- velure des comètes éloient produites par les rayons du soleil qui se joignoient (conflatur) à la comète.

12°. Hypothèse du D' Gowin Knigt et de M. André Oliver.

La comète de 1769 présenta un phénomène remarquable dans la longueur prodigieuse de sa queue, qui me paroît avoir été plus grande que dans aucune autre comète connue ; cette ap- parence si frappante attira l'attention des physiciens surle problème de trouver la cause de la queue des comètes, oublié depuis quelque: temps. Le D' Gowin Knigt, membre de la Société royale de Londres, qui travailloit alors à un Traité (7), dans lequel il tächoit d'expliquer tous les phénomènes de la nature par l’at- traction et la répulsion, imagina que la matière qui forme la queue des comètes étoit repoussée en arrière de leur noyau relativement au soleil, par l'effet d’un fluide répercursif, éga- lement distribué dans toute l'immensité de l’espace ; je ne puis m'élendre davantage sur ce système, n'ayant pas le livre du Dr Knigt; mais peu de temps après (en 1772), M. André Oliver publia à Salem, dans la Nouvelle-Angleterre, un petit ouvrage dans lequel il emploie pour l’explication de la queue des co- mètes, le même principe que le Dr Knigt; seulement il a tâché, dit-il, de l'appuyer sur des raisonnemens plus philosophiques, et de démontrer plus au long, l'accord de cette explication: de la queue des comèles tirée de ce principe, avec les phéno- mènes que présente celte queue ; ce pelit ouvrage a été traduit en francois par M. Jean Allamand, professeur de Physique à Leyde, et publié en 1777 sous le titre d'Æssai sur les Cometes (8). C’est d'après ce livre que je vais examiner et tàcher d'apprécier les: opinions de MM. Knigt et Oliver.

La première supposition que fait M. Oliver, est celle que tous les corps célestes, le soleil, les planètes, les comètes, etc., sont chacun environnés d’une atmosphère proportionnée à leur volume (9); cette supposition ne paroit pas pouvoir être re— fusée ; l'existence de l'atmosphère autour de la terre est évidente. L'immense atmosphère du soleil est attestée par la lumière z0o— diacale. On a des grandes probabilités, ou plutôt la certitude , de l'existence d’une atmosphère autour de la planète Mars (10). On a également de fortes probabilités sur l’existence d’une at- mosphère autour des autres planètes. La nébulosité des comètes:

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ne peut être que de vastes atmosphères qui entourent leurs : noyaux; il est donc très-probable que tous les corps célestes sont chacun entourés d’une atmosphère, ainsi que le suppose M. Oliver.

La seconde supposition, est celle que ces atmosphères du soleil, des planètes et des comètes sont absolument semblables à l'atmosphère terrestre , c'est-à-dire composées d'air (11) ou d'un fluide élastique, dont les particules pèsent sur la comète ou la planète, en même temps qu’elles font effort pour se di- later et s’écarter les unes des autres, en vertu de leur ressort, en sorte que le fluide atmosphérique devient toujours plus rare, ä mesure qu'il s'éloigne du corps céleste auquel il est attaché, et que sa densité est toujours proportionnelle au poids dont il est chargé, comme l'expérience démontre que cela a lieu; en: effet, dans l'air de notre atmosphère (12), cette supposition est Bien naturelle , et peut pareïllement être admise sans difficulté.

L'auteur admet encore l'hypothèse de Newton sur la nature: des fluides élastiques (13), que ce grand homme considère comme: composés de molécules qui se repoussent mutuellement en tous sens; celte définition est, à la vérité ,‘bien hypothétique ; mais toutes celles qu’on peut imaginer sur la cause de l'élasticité ou du ressort, ont également le même défaut, et celle de Newton: a du moins l’avantage de rendre parfaitement raison de la loi de raréfaction que suivent les: fluides élastiques à mesure qu'ils: sont plus éloignés des corps sur lesquels ils’ pèsent.

Appuyé sar ces supposilions, M. Oliver prétend que lorsqu'une comète descend dans l’atmosphère du soleil, l'atmosphère celte comète sera repoussée par l'atmosphère solaire; de manière

ue celte atmosphère cométaire perdra sa figure sphérique, pour

revéur celle d’un sphéroïde oblong, dont le grand axe sera le diamètre qui passe par le soleil; en sorte que le noyau de la comète ne sera plus au centre de son atmosphère, mais beau- coup plus près du soleil que ce centre; la partie la plus éloignée du soleil étant devenue plus libre, les particules dont elle est composée s’éloigneront les unes des autres par leur répulsion mutuelle, Ce qui éloignera encore du noyau, l'extrémité du sphéroïde opposée au soleil; de plus, ces particules s’éloigneront les unes des autres par leur répulsion mutuelle: en sorte que de loutes ces répulsions, il en résultera, suivant M. Oliver, l'apparence d’une queue longue et diversente, semblable enfin à celle qu'on observe aux comètes (14).

Voilà une explication bien simple; mais est-elle bien fondée?

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on a bien des raisons d'en douter. Premièrement, M. Oliver suppose, sans en donner aucune preuve, que l’atmosphère d’une comèle en pénétrant l'atmosphère du soleil, ne se mélera pas avec cette dernière atmosphère, et que quoique l'atmosphère de la comète, ainsi que celle du soleil, soit composée de par- ticules fort éloignées les unes des autres, et qui laiséent entre elles de grands intervalles vides, cependant ils se comportent ensemble comme deux corps pleins et résistans, ce qui est une contradiction manifeste. On conçoit bien que deux fluides con- tinus, comme l’eau et l'huile, qui n’ont point d’aflinité entre eux, peuvent se trouver ensemble et se traverser sans se méler, mais on ne voit pas des gaz rester séparés les uns des autres, pour peu qu'ils soient agités ensemble ; ils se mélent et ne se. Séparent plus. Les particules de l'atmosphère de la comète , en entrant dans l'atmosphère du soleil, et partiellement les par- ticules de l'atmosphère du soleil, doivent s’insinuer , les premières dans les interstices que laissent entre elles les particules de l'atmosphère du soleil, les secondes doivent s'insinuer dans les interstices que laissent entre elles les particules de l'atmosphère de la comète, et dans cet état, les répulsions mutuelles de ces particules ainsi mêlées, doivent parvenir par leur combinaison, avec leur pesanteur vers la comète et vers le soleil, à l’état d’équi- libre, en sorte que finalement l'atmosphère doit conserver ou reprendre au bout d'un temps très-court, la figure à peu près sphérique qu’elle avoit avant que d’entrer dans l'atmosphère du soleil, ce qui détruit par le fondement l'explication hasardée par M. Oliver.

2°. Quand même nous supposerions que l'atmosphère de la comète ne se mêle pas avec l'atmosphère du soleil, mais qu'il forme toujours un corps séparé, comme si cette atmosphère étoit renfermée dans une enveloppe parfaitement flexible; on trouvera, à la vérité, que dans cette hypothèse, cette atmo- sphère s'alongeroit un peu en entrant et en parcourant l’atmo- sphère du soleil, et cet alongement auroit lieu suivant la ligne qui joint les centres du soleil et de la comète; mais cet alon- Er ne pourroit être que très-peu de chose, car puisque,

après l'hypothèse de M. Oliver, la répulsion des particules de l’atmosphère solaire s'exercent en toutes sortes de seus , il est clair que si les particules qui sont entre le soleil et l'atmo- sphère de la comète, repaussent les particules de l'atmosphère de celte comète, de manière à les éloigner du soleil, les par- ticules de l'atmosphère du soleil qui se trouvent au-delà de l’at-

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mosphère, par rapport au soleil, repoussent les particules de Vatmosphère cométaire , maniere à les porter vers cet aslre, tandis que les répulsions des particules latérales de l'atmosphère solaire, empêchent les particules de l'atmosphère cométaire de s'écarler par côté, en sorle que lorsque toutes ces répulsions ou pressions seront parvenues à se contrebalancer mutuellement et à se faire équilibre, il n’en résultera d'autre différence dans la figure sphérique primilive de l'atmosphère cométaire , seule- ment que celle atmosphère sera un peu alongée dans la partie la plus éloignée du soleil, à raison de ce que la densité de l'at- mosphère du soleil étant un peu moindre dans celle partie, comme élant un peu plus éloignée du soleil que dans le lieu contigu la partie de l'atmosphère de la comète la plus proche du soleil, la pression qui tend à pousser les particules de l’at- mosphère cométaire vers le soleil, est un peu moindre que la pression qui tend à les éloigner; mais cette différence ne peut être que bien légère, et il est impossible que par l'effet de cette différence de pressions , l'atmosphère de la comète puisse prendre la forme alongée et divergente que prend presque toujours la queue des comètes.

5°. M. Oliver n’assigne pas la loi suivant laquelle la répul- sion doit décroitre relativement à l'augmentation de la distance ; il permet de choisir entre la raison simple, la doublée, la tri- plee, eic.; mais quelle que soit cette loi, il est au moins très-sùr que la répulsion de l'atmosphère du soleil est la même, à égales distances de cet astre, et par conséquent la même à des in- tervalles de temps égaux, avant et après le passage de la co- mèle au périhélie. Donc si la queue des comètes éloil un effet de la répulsion des particules de l'atmosphère du soleil, cette queue, au bout d'un temps déterminé, après le passage au pé- rihélie, devroit avoir la même longueur qu’elle avoit à un in- tervalle de temps égal avant le passage au périhélie ; cependant il est certain que les queues des comètes mesurées à des inter- valles de temps égaux , avant et après le passage au périhélie, sont toujours plus courtes dans le premier cas que dans le second.

&. Si la répulsion de l'atmosphère du soleil sur l'atmosphère d'une comète pouvoit y produire une queue, cette répulsion devroit de même alonger en queue à l'opposite du soleil, l’at- mosphère des planètes qui, d'après M. Oliver , sont aussi plongées dans celle atmosphère solaire. Cependant on ne voit point de queues aux planètes, pas même à Mercure et à Vénus , qui sont néan- moius beaucoup plus proches du soleil qu'un grand nombre de

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comètes dans leur périhélie. M. Oliver ne s’est pas dissimulé celle objection, il convient même que dans son hypothèse les pla nèles ont une queue; mais, selon lui, celle queue est trop pelile pour être aperçue; on ne conçoit pas cependant, com- ment la queue de la terre, si elle en avoit une, pourroit se dérober à nos regards, surlout avant le lever du soleil, et après son coucher, lorsqu'elle seroit éclairée des rayons du soleil, et le reste de l'atmosphère dans l'ombre. Pour prouver cepen- dant son assertion, M. Oliver, d’après la supposition que la lon- gueur des queues doit être proportionnelle au volume de l'at- mosphère, fait un calcul duquel il résulte que la répulsion de l'atmosphère du soleil. sur l'atmosphère d’une planète de la gros- seur de la terre, et environnée d’une atmosphère semblable, y produiroit une queue qui , vue à la distance de la terre au soleil, ne paroitroil que sous un angle de 8” 18/”, « angle qu'il n’est pas » possible (dit-il) d'apercevoir même avec les meilleurs instru- » mens (15).» On pense bien que les données que M. Oliver a choisies pour ce calcul, sont celles qui sont les plus favo- rables à son opinion, et qui tendent à donner le moins d’étendue à la queue de la planète; mais pour ne pas chicaner la dessus, admelions sa supposition, quoique tout-à-fait gratuite, de la proportionnalité de la longueur de la queue au volume de l'at- mosphère et tout son calcul, et supposons qu’effectivement la répulsion de l'atmosphère du soleil alonge, par exemple, l’at- mosphère de Vénus [ planète qui est à peu près égale à la terre, et qui est environnée d’une grande atmosphère (16)] en une queue dont la longueur, vue de la terre lorsque Vénus est en quadrature , soutend un angle de 8” 18". Si on observoit cette pla- nèle avec une lunette achromatique ordinaire , qui grossit 120 fois le diamètre apparent des objets, cette queue paroitroit sous un angle de 16' 36”, et observée avec les télescopes de 22 pieds de MM. Herschel et Schroëter, dont le grossissement ordinaire est de mille fois, la longueur de cette queue paroïtroit dans ces instrumens soutendre un angle de 15/ 20". Cette queue seroit donc bien sensible avec la lunette, et beaucoup plus avec les télescopes, contre l’assertion contraire de M. Oliver. Donc puisqu'on n’a jamais vu celte queue de Vénus, quoique cette planète ait été souvent observée par les astronomes les plus at- tentifs, et avec les meilleurs instrumens, non plus que dans les autres planètes, on doit conclure que cette queue n'existe pas, et par conséquent que si la répulsion prétendue de l'atmosphère solaire, ne peut alonger en queue l’atmosphère de Vénus, ni

l'atmosphère

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l'atmosphère d'aucune autre planète; cette répulsion ne peut non plus produire la queue des comètes.

5°. Cette queue ou l'alongement du côté opposé au soleil des atmosphères de Vénus, de la terre et des autres planètes, qui doit nécessairement avoir lieu dans l'hypothèse de M. Oliver, et qu'il prétend être de nulle considération, attendu que cette queue, vue à la distance de la terre au soleil, ne soutend qu’un angle de 8" 18”, auroit cependant, dans cette supposition, 1390 lieues de longueur, puisque le demi-diamètre de la terre, qui est de 1452 lieues, ne soutend à la même distauce qu’un angle de 8",55 (égal à la parallaxe horizontale du soleil); d’après cela, l'at- mosphère de la terre, que l’on croit communément avoir 15 lieues de hauteur, auroit 1405 lieues de hauteur dans la partie opposée au soleil, et beaucoup moins de 15 lieues dans la parlie éclairée par les rayons de cet astre. Or, quelque raréfiée qu'on suppose que soit la matière qui formeroit la queue de J'atmosphèere terrestre, une si prodigieuse différence de longueur, doit en apporter dans les pressions des colonnes d'air atmosphé- rique, et celles qui ont 1405 lieues de hauteur doivent être nécessairement plus pesantes que celles qui ont moins de quinze lieues; par conséquent, si cette queue existoit, le baromètre devroit se tenir beaucoup plus élevé dans les lieux du globe terrestre opposés au soleil, que dans ceux qui se trouvent du côté de cet astre; et dans un même lieu, le baromètre devroit être constamment plus élevé à minuit qu'à midi. Cependant la hauteur moyenne du baromètre, à ces deux heures opposées , est sensiblement la même, et il n'y a de différence, que celle qui résulte des causes variables qui ont lieu également à ces deux époques du jour civil. Cette queue est donc une chimère, el puisque son existence est une conséquence nécessaire de l'hy- pothèse de M. Oliver, on doit en conclure que celte hypothèse n’a de même aucune réalité.

15. Hypothèse de M. Bénédict Prévot.

M. Bénédict Prévot , professeur de Physique à la Faculté de Montauban, a imaginé qu'une cométe pourroit bien être une masse globuleuse fluide ou solide, environnée d’une atmosphère sphérique immense, d’uu diamètre au moins double de la lon- gueur de la queue; cette atmosphère est, selon lui, composée d'un air progressivement raréfié, eu allant de la comète ou du centre à la circonférence.

« Maintenant, dit-il, que l'air de la comète tienne comme

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le nôtre, de l’eau en dissolution, c’est-à-dire une certaine quantité d’eau dissoute ou suspendue, qu'il en soit saluré, sil est également échauffé de toutes parts, et si la chaleur est suflisante pour que la dissolution soit parfaite, il n’y aura encore rien de visible; mais si, par une cause quelconque, cerlaine région de ce globe fluide vient à se refroidir, il s’y formera aussitôt des nuages. .,, Dans un globe de plusieurs millions de lieues de diamètre, quelque perméabilité qu’on lui suppose, les parties les plus éloignées du soleil ne seront pas pénétrées d'une aussi grande quantité de lumière, ni, conséquemment, à en juger par ce qui se passe sur la terre, aussi échauffées que les plus voisines du bord ; d’abord à cause de l'éloignement même, et parce que plus la lumière aura de fluide à traverser pour arriver des parties antérieures aux postérieures, moins il en demeurera pour ces dernières. La partie postérieure du globe, la partie opposée au soleil, est donc celle il doit se former le plus de vapeurs visibles ou de nuages. Ces nuages réfléchissant pendant l'obscurité d'une belle nuit, quelques-uns des rayons qu'ils reçoivent du soleil, nous paroissent lumineux ou phosphorescens. » ....-. J'appelle axe, la ligne droite qui joint le centre du soleil et celui du globe d'air; la plupart des rayons lui par- venant à peu près parallèlement à cet axe, il est clair que le long de celte ligne et aux environs, la lamière inter- ceplée par les parties antérieures, n'arrive au côté opposé qu'après avoir subi une diminution d'autant plus grande, que l'épaisseur qu'elle eût à parcourir est plus considérable, et qu’elle doit avoir rencontré vers le centre un air plus con- densé; il n’en est pas de même de la lumière qui traverse le globe dans le voisinage de son équateur. Son trajet est d’au- tant plus court, qu'elle passe plus près de la circonférence de cet équateur; 1l y a par conséquent dans ces régions, moins de lumière interceptée en avant; toute l'épaisseur y est réchauflée de part et d'autre, et il ne s'y forme pas de nuages; car de quelque manière qu'on explique la génération de la chaleur par la lumière, c’est (toutes choses égales d’ail- leurs) dans l'air il arrive le plus de lumiere, qu'il y a le plus de chaleur produite, et c’est dans la partie la moins chaude d’un aïr saturé d'humidité, qu'il se forme le plus de nuages visibles; ce sera donc en général le Jong de l'axe postérieurement, qu'il y en aura davantage; la masse de ces vapeurs ou la queue de la comète aura donc une forme alon-

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gée. Une autre cause qui se joint à celle dont nous venons » d'apprécier les effets, c’est l'attraction du soleil ou les marées de cette atmosphère (cométaire), qui doivent être propor- tionnées en quelque sorte à son immense profondeur ; elle doit donc prendre une forme alongée dans le sens de la

» vus (17). » ;

oilà le système de M. Bénédict Prévot, sur la cause qui produit la queue des comètes; il ne paroît pas qu'il ait eu beau- coup de sectateurs , el il ne peut guère en avoir parmi les pby- siciens. Supposer des globes de 40, 60, 100 millions de lieues de diamètre pour former la queue d'une comète, qui ne peut occuper qu'une bien petite portion de ces globes, c’est prendre l'opposé de la nature, qui n’emploie que de petits moyens pour faire de grandes choses. Il ya plus; des globes aussi immenses $ ils exisloient, auroient souvent, lorsque les comètes descendent dans la région du soleil, envelopper Mercure, Vénus et même la terre; ombre de ces planètes auroit nécessairementrefroidir la partie de ces globes comélaires qui se trouvoient derriere elles par rapport au soleil ; et suivant l'hypothèse de M. Prevot, il a se former dans ces parties, ainsi refroidies , les mêmes